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Confessions d'un acteur déchu est un livre passionnant qui accroche le lecteur dès les premières pages. On poursuit sa lecture avec le même intérêt du début à la fin. La jeunesse d'Osman se déroule en banlieue parisienne. le jeune homme a un jour la possibilité de participer à un casting et il sera retenu pour le 1er rôle masculin de "L'esquive" d'A Kechiche. Mais ce n'est pas un livre sur le cinéma. le tournage, la sortie du film, tout cela prend quelques chapitres mais on découvre que la vie d'Osman est bien la même avant et après le tournage. le sujet principal du livre, c'est la difficulté de s'en sortir pour un jeune qui a perdu son père et sa mère. La force de caractère d'Osman lui fait refuser les situations où il risque d'être redevable des parents des autres, des amis ou même des femmes: il recherche et accepte par exemple les coups de pouce pour se loger, mais refuse de "profiter" des situations, se remet toujours en question, ne renonce jamais à trouver une vie qui lui corresponde. Dans ce contexte, l'épisode cinématographique sonne comme une expérience dans laquelle deux mondes ne se rencontrent pas. D'un côté, le jeune homme qui, on l'a dit, refuse les compromissions. de l'autre, un monde artistique marqué par la superficialité. Seule l'oeuvre compte (le film), aux dépens des humains dont elle a besoin pour exister. On voit très clairement comment Kechiche, qui avait connaissance de la situation du jeune homme quand il est pris pour le film, ne fera absolument rien pour lui ensuite. Osman choisi pour le rôle de Krimo, c'est avant tout un visage. Un visage émouvant, aux traits réguliers, à l'expression profonde. le réalisateur a choisi ce visage pour son personnage principal et pour lui ça veut dire beaucoup: par le film, ce visage devient un visage de cinéma, éternel, immortel. Mais la personne qui est derrière, avec son histoire, ne compte finalement pas. le réalisateur est persuadé d'avoir offert à l'acteur débutant une grande chance. Il est entré dans le cinéma. Mais dans ce monde bizarre au fond il sera tout seul. Au moment de la promo du film, on le voit traverser les plateaux télé, les cocktails, sans qu'aucune communication réelle ait vraiment lieu. Jeune de banlieue tu es né, jeune de banlieue tu resteras. Quand Osman a l'idée d'écrire un scénario de film à partir de son histoire, une fois encore on retrouve ces discours mensongers: il ne faut jamais se décourager, si on veut on peut, etc. En réalité personne n'a de temps pour les autres. Décourager les autres est tabou, leur servir à quelque chose est secondaire. Dans le rêve éveillé du chacun pour soi, les nuits d'hiver paraissent sombres et glaciales. le livre se termine sur une prière et en effet, magré toutes ses expériences, les choses les plus fortes que possède Osman c'est sa foi et son coeur: des choses que ni le cinéma, ni la télé, ni le monde de l'édition ne lui auront jamais données. Il s'est fait tout seul et c'est là sa fierté.