Le commissaire divisionnaire Francis Malone le dépassait de la tête et des épaules. Il devait atteindre le mètre quatre-vingt-quinze. Bâti tout en puissance, mais paraissant presque mince, son corps aux muscles longs avait la densité granitique de ses terres celtiques d'origine, la Bretagne et l'Irlande. Et il y avait quelque chose de cette dureté primitive dans ce visage ovale aux traits réguliers et séduisants, faits d'intelligence cultivée et de déraison instinctive, de générosité innée et de défiance acquise, dureté corrigée, à l'inverse de Laborne (le directeur de la police), par la mélancolie des yeux clairs reflétant le bleu tempéré des eaux et des ciels du Nord. Ses mains étaient immenses, à la fois fortes et harmonieuses à cause de doigts très longs, curieux mélange de colosse et de pianiste. Au-dessus d'un front haut, une chevelure châtain, drue, assez longue et indisciplinée, était coiffée en arrière de part et d'autre d'une raie sur le côté un peu floue. Il devait être dans les bonnes années de la quarantaine, mais son profil pur, aristocratique, faisait plus jeune. Ses vêtements indiquaient un goût sûr et sobre, et il les portait avec une négligence élégante.
Michel Rio : Leçon d'abîme
Depuis le
café parisien "Le Rostand"
Olivier BARROT présente le livre "Leçon d'abîme" en compagnie de l'auteur
Michel RIO édité chez du Seuil. Gros plan sur la couverture du livre.