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Crossed 100 tome 3 sur 2
EAN : 9782809457230
144 pages
Panini France (09/11/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
On retrouve Future Taylor cinq ans après les événements du tome précédent, les infectés ont désormais leur propre société. Cest alors que Taylor découvre un bébé infecté et décide de le garder.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à CROSSED +100 T02 (épisodes 7 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome Crossed 100, tome 1 (épisodes 1 à 6) car il s'agit d'un récit complet en 3 tomes. Il contient les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2016, écrits par Simon Spurrier, à partir d'une intrigue conçue par Alan Moore. Les épisodes 1 & 2 ont été dessinés et encrés par Rafael Ortiz. Les épisodes 3 à 6 ont été dessinés et encrés par Martin Tunica. La mise en couleurs est réalisée par le studio Digikore.

5 ans ont passé depuis la fin du tome précédent. Future Taylor fait partie d'une expédition menée par le capitaine Bailey vers Kins-Tenn, une ville avoisinante. Il s'agit d'en libérer la population qui a été réduite en esclavage par les Crossed. Taylor et son assistant Ufoq s'en tiennent à leur fonction d'archiviste : observer, noter, et récupérer les livres et documents écrits présents. Future Taylor découvre un lieu de prière avec une toile portant le portrait de Beauregard Leander Salt, les habitants de la ville lui vouant un culte. Son apprenti lui tend un livre qu'il a récupéré dans un fouillis par terre : le testament de Salt, dicté par ses soins. Future l'ouvre et découvre qu'une partie est cryptée. Au milieu de cette ville fortifiée se trouve une cage dans laquelle est emprisonné un jeune Corssed de quelques années.

De retour (par le train) dans la ville de Murfreesboro, Future Taylor se rend dans la salle de communication dotée d'un radio-émetteur. Elle y salue l'imam. Elle s'enquiert de savoir si Mustaqba (son ancien compagnon) a donné signe de vie. de nuit, à l'extérieur de la ville, elle retrouve ses 2 amis Farid et Jameela. Il est également question du sort du bébé Crossed que Future Taylor avait découvert aux portes de la ville dans le tome précédent. Enfin la population reste vigilante à toute infestation sournoise telle qu'il y en avait eu une dans le tome précédent.

Le lecteur laisse échapper un soupir de satisfaction en ouvrant ce tome, car il dispose de la fin du récit initié par Alan Moore dans le premier tome, et structuré par ses soins pour les 12 épisodes suivants. C'est également un soulagement de voir que Simon Spurrier a pu mener à bien cette histoire. Par contre du point de vue graphique, Gabriel Andrade avait laissé la place à Fernando Heinz (épisodes 7 à 9), puis à Rafa Ortiz (épisodes 10 à 12). le lecteur constate que Rafa Ortiz réalise 2 épisodes (13 & 14), puis laisse la place à un quatrième artiste. Les compétences d'Ortiz sont mises à l'épreuve car l'histoire comprend de nombreux éléments spécifiques. le lecteur constate que cet artiste profite des 2 grosses séquences d'affrontement physique (1 par épisode) pour s'affranchir de dessiner les arrière-plans en noyant la scène dans de la poussière le temps de 3 pages à chaque fois. Par ailleurs il reste très investi pour donner à voir l'histoire. Il utilise un trait assez fin pour délimiter les contours de forme, ainsi que des petits traits irréguliers et des petits aplats de noir aux contours irréguliers pour inclure du relief dans chaque surface. Cela donne une apparence un peu âpre et griffée aux dessins, en cohérence avec ce monde post apocalyptique.

Durant ces 2 épisodes, Rafa Ortiz dessine des individus aux morphologies normales, avec des visages marqués, aux expressions pas toujours très nuancées, aux postures parfois un peu empruntées. Sa narration s'avère lisible et claire. Il s'investit pour créer des tenues vestimentaires simples, avec un peu de variété, en cohérence avec un monde dans lequel la société se relève très progressivement d'un retour en arrière avec un niveau technologique diminué. Il conçoit des lieux où le lecteur peut voir que les habitations ont été bâties avec des matériaux de récupération. Il montre la variété des installations : murs fortifiés de grande hauteur, véhicule équipé d'un bélier, bâtiment industriel réaménagé, tour de guet, abattoir pour les autruches, station d'émetteur radio. Il sait rendre crédible les scènes délicates comme la tentative d'éducation d'un enfant Crossed (très drôle et touchante), ou encore l'apparition d'un renne blessé par une flèche (inquiétant et horrible).

Les dessins de Martin Tunica apparaissent dans un premier temps moins denses que ceux de Rafa Ortiz. Il intègre moins de textures qu'Ortiz, et les décors sont un peu simplifié. Pour autant le lecteur n'éprouve pas l'impression d'une description superficielle. Une partie du relief reste prise en charge par la mise en couleurs des studios Digikore. Les points de vue varient régulièrement permettant de découvrir plusieurs endroits d'un même environnement. L'artiste respecte et reproduit ce que ses prédécesseurs ont établi comme particularités de cette série. Il sait rendre compte du mouvement, des situations, des émotions (même si elles sont un peu plus exagérées encore que sous les crayons d'Ortiz). Il décrit avec application les quelques exactions horrifiques commises par les Crossed, sans hypocrisie visuelle. Il est quand même surprenant qu'il leur donne des corps en bon état alors que la série a établi qu'il s'agit de créatures jouissant de leur propre souffrance (en plus de celle des autres), allant jusqu'à se charcuter pour éprouver ce plaisir, sans parler leur détérioration naturelle en tant que cadavres ambulants.

Les 2 premiers tomes avaient établi que la population des Crossed avait diminué, et que l'infestation avait dépassé le stade du maximum d'individus dans la population des Crossed. Aussi il est logique d'en voir moins, et cohérent que le récit comprenne moins de scènes dans lesquelles ils éviscèrent les humains et fourrent tous les trous à leur portée, quitte à en créer de nouveaux comme des blessures. Malgré tout la menace des Crossed reste bien présente, et Simon Spurrier développe les différentes idées d'Alan Moore avec efficacité. Par exemple, le lecteur peut voir que les différentes communautés humaines se sont adaptées pour pouvoir juguler une attaque de Crossed en un temps record. D'un autre côté il est visible qu'il y en a moins parce que les humains circulent plus librement autour des villes. La lecture du journal de Beauregard Leander Salt par Future Taylor explique comment Salt a analysé le mécanisme de limitation de la population des Crossed : des zombies obscènes défonçant tous les humains sur leur chemin et se mutilant entre eux pour le plaisir du sadisme ne peuvent que rapidement voir leur source de nourriture et de jeu diminuer, ce qui induit la diminution de leur nombre.

Le scénariste intègre également à son récit la crainte développée par les humains (en tout cas cette communauté) que d'autres Crossed aient assez évolué pour voir se faire passer pour des humains et s'infiltrer dans un centre de population. Cela ne se manifeste pas par une paranoïa aigüe, mais par une défiance automatique de tout individu avançant masqué. Il montre bien sûr l'influence de Salt sur les Crossed. Il n'y a que la dimension religieuse qu'il n'arrive pas à étoffer, peut-être par manque de place. Alors que dans le tome 2, le lecteur pouvait voir que Salt était devenu l'objet d'un culte clandestin, ici il ne peut pas ajouter foi à la crainte, formulée à 2 reprises, de son retour d'entre les morts, comme une sorte de révélation de sa véritable nature.

Le lecteur replonge dans cette série, avec une petite appréhension, celle liée au vocabulaire si particulier. Dans le premier tome, Alan Moore avait créé des mots de toute pièce, et en avait détourné le sens d'autres pour attester des décennies écoulées, et aussi de l'évolution du langage par des individus traumatisés par l'effondrement de la civilisation et l'apparition de créatures si dénuées d'empathie. En fait, Simon Spurrier reprend le vocabulaire déjà présent dans les 2 tomes précédents, sans en développer de nouveau. Ainsi le lecteur ayant surmonté par 2 fois cette épreuve n'éprouve pas de réelle difficulté à se réhabituer à des termes comme marron en lieu et place du mot de Cambronne, ou opsy pour le verbe voir. Il apprécie même à plusieurs reprises les rapprochements sémantiques qu'occasionnent ces détournements de mot, et la dimension poétique qu'ils peuvent engendrer. L'auteur raconte la suite de la vie de Future Taylor et des personnes qui lui sont chères, jusqu'à une forme de résolution satisfaisante (même si encore ouverte). Il dévoile le reste du plan de Beauregard Leander Salt, avec la force de ce plan pensé sur plusieurs décennies, à une échelle dépassant tout ce que peuvent imaginer les Crossed de base (uniquement préoccupés par la gratification immédiate) et tous les humains, trop préoccupés à survivre dans un premier temps, puis à reconstruire à moyen terme dans un deuxième temps.

À un deuxième niveau de lecture, le lecteur voit apparaître une réflexion sur la cohabitation de 2 cultures antinomiques. Les Crossed se nourrissent des humains, ce qui en fait des ennemis à abattre, sans négociations. Les humains ne peuvent pas imaginer une cohabitation avec de tels prédateurs dont les valeurs (tous les pires penchants de l'humanité) sont à l'opposé des valeurs de toute société, une véritable antithèse de la vie en société et de même de la survie. Ceci n'empêche pas Alan Moore de pousser la situation dans ses derniers retranchements. En tant que responsable visionnaire autoproclamé des Crossed, Salt a conçu un plan à long terme pour assurer la survivance de sa race. Conscient des pulsions destructrices des individus de sa race, il a dû en imaginer l'évolution et mettre en oeuvre des actions pour qu'elle se produise. Il y a donc une forme d'eugénisme à l'oeuvre, par des méthodes basiques. Il a même envisagé une forme de cohabitation contre nature avec les humains, qui ne soit pas uniquement basée sur la dévoration. Finalement, Alan Moore et Simon Spurrier se livrent à une réflexion sur les mécanismes permettant à deux populations ennemies d'envisager un avenir commun qui ne passe pas par l'extermination de l'une par l'autre, une question essentielle et d'actualité.

Alan Moore se révèle à nouveau comme un expert pour utiliser un récit de (sous-sous-sous) genre en en embrassant les conventions les plus absurdes et les plus codifiées pour raconter une histoire prenante, porteuse de réflexion sur des thèmes complexes. Dans ce dernier tome, Simon Spurrier arrive à mener à bien la vision d'Alan Moore, sans la diluer ou la diminuer, ce qui n'est pas à la portée du premier scénariste venu. Les dessins pêchent un peu par quelques défauts de jeunesse, mais ils racontent l'histoire avec clarté, y compris dans ses aspects les plus conventionnels et les plus répugnants.
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