Quand j'étais en fac de lettres modernes, j'étais systématiquement installé aux côtés des deux mêmes amis, Daniel et Loïc, qui se reconnaîtront immanquablement si par hasard ils tombent un jour sur cette chronique.
Si certains cours demandaient un effort de concentration nous obligeant à demeurer studieux, d'autres paraissaient interminables et n'étaient pas fort palpitants non plus.
Alors comment est née cette idée ? Lequel de nous trois en a eu l'initiative ? Je ne saurais le dire.
Mais nous avons alors commencé à écrire des nouvelles à six mains.
L'un de nous commençait une histoire, le second continuait, et la feuille passait ainsi progressivement de l'un à l'autre jusqu'à bâtir un semblant d'histoire.
Ca pouvait aussi bien durer deux minutes que deux heures. On prenait le temps de construire les personnages, un début d'intrigue, on cherchait à piéger son voisin bien sûr en le mettant en mauvaise posture pour pouvoir imaginer une suite.
C'était toujours un peu bancal mais on essayait d'accorder nos imaginaires, d'anticiper des rebondissements.
Mais systématiquement, il fallait qu'à un moment donné ça parte en vrille.
Parce qu'on commençait à se lasser, parce que le scénario enchevêtré n'offrait plus vraiment de suite possible, on finissait par abdiquer et démolir le travail commun. C'était presque devenu à qui craquerait le premier.
Avec Loïc, c'était les extra-terrestres qui débarquaient, avec Daniel ça se terminait en gigantesque partouze, et avec moi ça basculait généralement dans un bain d'hémoglobine.
Ca faisait bien longtemps que je n'avais plus songé à ce loisir qui nous avait pourtant longuement accaparés durant nos interminables heures de linguistique, de littérature comparée ou de vieux français. Mais Dans ton camp a fait remonter tous ces souvenirs pour une raison évidente :
Il s'agit d'un texte à trois voix et à mi-parcours ... ça part complétement en couille.
Emilie Ansciaux, Geoffrey Claustriaux et Sonia William ne sont pas seulement trois auteurs publiés chez Livr's éditions, ce sont également trois amis. Et même si leurs style de prédilection diffère, ce livre était une occasion de collaborer, d'écrire ensemble, et à mon avis de bien s'éclater en réimaginant leur première rencontre, chacun y allant avec son propre imaginaire sans jamais le brider.
Geoffrey Claustriaux incarne parfaitement cette nouvelle génération d'auteurs de romans et de nouvelles horrifiques, SA William est son exacte opposée puisqu'elle écrit des romances ( Trouble, trouble-moi ) tandis qu'Emilie Ansciaux est plus éclectique : Outre des livres jeunesse, des romans fantastiques, elle est aussi l'auteure de la mélodie, un récit très sombre qui justement était dédié à Sylvie Ginestet et à ses deux compères.
"A Geoffrey Claustriaux qui, petit à petit, m'emmène du côté obscur de l'écriture.
A SA William, mon gentil Bisounours, qui ne lira jamais cette histoire."
Dans ton camp est une farce. Rien de bien littéraire, rien qui ne vole très au-dessus des pâquerettes, mais une farce qui fonctionne et qu'on lit le sourire aux lèvres pendant de nombreux chapitres. A la fois une histoire totalement barrée que les trois amis ont du prendre un réel plaisir à écrire, tant leur connivence et leur complémentarité paraît évidente, et une façon sans doute de se présenter aux lecteurs sans artifices, avec même un aspect plus que caricatural de leurs caractères respectifs.
Les trois narrateurs, de retour en enfance, prennent ainsi la parole à tour de rôle pour nour raconter cette aventure unique avec leur propre point de vue, se moquant gentiment de leurs amis ( "Râler, c'est bon pour la santé. Voilà sans doute pourquoi Emilie pète toujours la forme, d'ailleurs ! " ) mais surtout d'eux-mêmes au final.
Nous assistons ainsi à la façon dont ils ont fait connaissance dans cet univers parallèle, alors âgés d'environ seize ans, et ils ont choisi pour ce faire de se mettre dans la peau d'adolescents en partance pour des colonies de vacances en Corse.
"Qu'est-ce que j'allais foutre en Corse ? Apprendre à fabriquer des bombes ?"
On retrouve donc nos trois futurs écrivains dans une version aussi grossière que tous les autres enfants du bus : Les trois bimbos qui hypnotisent la libido très affichée ( mais très peu active ) de Geoffrey autant qu'elles irritent par leurs manières les deux héroïnes, la timide dessinatrice binoclarde, et le pestilentiel beau gosse qui vient d'ailleurs compléter le trio par souci de parité.
Et ça commence vraiment bien.
Avec beaucoup d'autodérision, Sonia assume son côté romantique et bisounours à l'excès, Emilie, plus complexe, a beau s'afficher sans la moindre honte avec une peluche de licorne, elle est un personnage plus calculateur, plus sournois, prête à tout pour arriver à ses fins. Geoffrey, outre son obsession pour les charmes féminins qu'il aimerait tant découvrir ( "Et puis, avec un peu de chance, elle me nommerait en tant qu'esclave sexuel personnel." ) annonce déjà son goût pour l'horreur, genre dans lequel il excellera quelques années plus tard. Je ne sais pas si une revue sur les plus belles décapitations au cinéma a déjà vu le jour mais c'est en tout cas ce qu'il feuillette dans le bus, attirant l'attention sur ses goûts si particuliers.
Et quelques anecdotes, croustillants dialogues et petites intrigues humoristiques viennent bien sûr agrémenter le trajet jusqu'à l'île de beauté de nos trois aventuriers en herbe, représentés sur la couverture par Georgette la licorne, un coeur percé et un pénis.
A vous de réattribuer ces attributs respectifs aux trois auteurs.
"Entre l'Italien puant, le bisounours béat, la collectionneuse de licornes et la dessinatrice schizophrène, j'avais mon compte."
Et puis pour enfoncer le clou de leur propre parodie, un premier élément fantastique intervient à mi-livre et Dans ton camp se transforme en grand n'importe quoi.
L'humour et l'horreur peuvent parfois faire bon ménage mais pas cette fois, du moins ça n'a pas du tout fonctionné pour moi.
D'ailleurs, quand je dis "horreur", on ne dépasse guère le niveau de la collection chair de poule.
Ce virage a quand même le mérite de soumettre des idées de situations totalement inédites en littérature, à la fois originales et dingues, comme pour aller jusqu'au bout de leur délire mutuel, quitte à laisser le lecteur sur le côté.
"Avec nos totems, nous ressemblions à un clan de super héros, prêts à sauver le monde !"
Nos amis triompheront-ils du Sombrevore et du Cryptodémon ?
Au prix de quels sacrifices ?
Vous l'aurez compris, ce tournant ne m'a pas emballé, d'autant que l'humour des premiers chapitres devient parfois un peu répétitif, et si j'ai encore souri quelques fois face à des répliques bien pensées ou des situations absurdes, je n'ai plus tourné les pages avec la même avidité.
Pour conclure, j'aimerais encore une fois saluer l'audace de cette maison d'édition qui persiste à prendre des riques ou à proposer des livres qui sortent des sentiers battus. Ce qui aurait pu être une perle en termes d'autodérision n'a pas tenu ses promesses jusqu'au bout, pour autant il fallait oser publier cet exercice de style aussi original que son contenu, qui fleure bon l'amitié sincère reliant les trois auteurs.
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Encore une autre de mes découverte aux Aventuriales.
En passant devant leur stand, la couverture de ce roman m'a directement attirée, elle est drôle, mignonne et rappel l'adolescence ! Et c'est exactement le concept de ce roman. Les 3 auteurs sont présents dans le livre, dans leur versions "caricaturés", "exagérées", et c'est drôle !
Nous voici donc avec 4 ados, oui 4, car ils ont un ami qui fait parti de leur joyeuse troupe durant le roman.
Ils se rencontrent lors d'un voyage pour partir en colonie de vacances pendant 3 semaines en Corse.
Durant le LONG trajet qui vas les emmenés à destination, ils vont se lier les uns aux autres.
Ils ont chacun leur personnalité bien à eux:
Sonia, la douce, la fleur bleue, qui aime les histoires qui finissent bien, mais qui a quand même son caractère.
Émilie, la fine au fort caractère, adepte de l'humour noir, tête brûlée, qui adore sa licorne Georgette (un conseil, ne pas la toucher).
Geoffrey, petit pervers, ne parle pas beaucoup (mais n'en pense pas moins), mais pleins de surprises.
Pour arriver jusqu'en Corse, il y a d'abord le voyage en bus, où les 3 bimbos de la colo soulent tout le monde a jacasser comme ees bécasses.
Ensuite, le Ferry, ou la pauvre Georgette vas en voir ees dures...Ils y font la connaissance de Grima, une talentueuse dessinatrice de la colo.
Mais l'arrivée sur la terre Corse ne se passe pas tout à fait comme prévu...une des bimbos se casse violemment la cheville en descendant les marches , et en ayant bien vu la scène, Solia s'aperçoit que ce n'est pas un accident...Grima l'aurait poussée...Commence alors toute une série de drame bizarre, inexpliqués...Grima serait possédée par un puissant mage, et il se servirait d'elle comme d'une marionnette...
Bienvenue dans un univers déluré de la vue d'ados de 16 ans très sympa ! Mais aussi dans un univers magique auquel ils ne s'attendaient absolument pas.
J'ai beaucoup aimé, c'est drôle, plein de Peps, un gros kiff pour Georgette lol. Ça me donne envie de lire d'autres de leur romans respectifs.
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"Les joliiiiiies colonies de vacances, merci papa, merci maman.....", une belle chanson qui résume bien la chose.
Les sentiments avant, pendant, ou après avoir participé à une colonie sont très nombreux, et parfois, aussi pour ... la même personne.
Et bien Emilie, Geoffrey et Sonia (les protagonistes de cette aventure, ne nous trompons pas...) n'échappent pas à la règle.
Les sentiments d'avant se construisent dès le réveil, le trajet en voiture pour rejoindre le point de départ, et que dire de l'arrivée sur le parking quand on se rend compte de la faune qu'on va devoir se taper pour les ... quoi ? 3 prochaines semaines !!!, et en Corse en plus ?? Pitiééééééé !!!
Les sentiments du pendant viennent déjà de commencer, en fait ils sont toujours là, mais sur ce parking, ils atteignent des sommets, avant de se voir complètement chamboulés.
Finalement, après une analyse rapide des forces en présence, il y a 2-3 moldus avec qui ça pourrait le faire, et même être cool par moments, mais attention, comme prévu, il y a des bimbos, des cafards, des ... mais c'est quoi en fait ces gens ??...
Les sentiments d'après auront encore bien le temps de se manifester pour prendre l'une ou l'autre forme, plus ou moins définitive, on dira que c'est la zone "Work in Progress".
Emilie, Geoffrey et Sonia (les auteurs cette fois) nous proposent ici un livre que j'ai beaucoup apprécié.
Il y a de l'humour, des intrigues, des relations humaines très proches de la réalité (je pense avoir reconnu presque toutes les personnes du livre), un virage fantastique qui n'a pas été sans me rappeler le clip "Take on me" du groupe A-Ha ;-) , bref, je vous le conseille vivement !!
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Un court roman avec un humour décapant ! J'ai tellement rigolé pendant cette lecture et ça fait un bien fou. L'histoire commence relativement normalement puis part totalement en un récit wtf, j'ai adoré.
Emilie, Sonia et Geoffrey (les prénoms des auteurs, oui oui) sont de jeunes ados prêts à partir en colonie de vacances. Mais rien ne va se passer comme prévu et tout va très vite déraper. Les vacances vont tourner au cauchemar à cause de... dessins !
C'est donc un petit roman fantastique original avec lequel j'ai passé un très bon moment de rigolade.
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