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EAN : 978B00178JQRW
(30/11/-1)
3.75/5   4 notes
Résumé :
« Venu du Havre, il arrive à Paris durant l'occupation. Vivant autour de Saint-Germain-des-Prés, il renonce à toute situation pour écrire, ainsi il connaîtra l'isolement et la misère. Ne trouvant pas d'éditeur il doit publier à ses propres frais trois recueils de poèmes : Poèmes mortels, Poèmes pour toute mémoire, De colère et de haine. »
Si l’on me cherche…
On me trouvera dans l’inutile
Dans un mot qui n’a pas de sens
Un mot qui n’a pas ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Parmi toutes les formes de littérature, la poésie a toujours été le mode d'expression des damnés. C'était vrai au XIXème siècle, même si le lectorat et les cercles permettait aux plus talentueux de garder la tête hors de l'eau et de survivre de leur art, et encore plus vrai dans les années 1950. Ne parlons même pas d'aujourd'hui où la masse vulgaire, cramponnée à une télécommande de téléviseur ou à une manette de jeux vidéo ne sait même plus écrire correctement son prénom et ignore totalement l'usage d'un point-virgule.
Jacques Prevel a navigué entre deux eaux et, son recueil de poème la plus connu des trois dont il fut l'auteur, "De Colère et de haine", n'est pas son travail ayant marqué le plus les esprits. En effet, plus qu'écrivain, Jacques Prevel a surtout été connu pour avoir été l'ami proche d'Antonin Artaud. Et c'est d'ailleurs le journal qu'il a tenu de cette période de sa vie, qui est devenu un livre, "En compagnie d'Antonin Artaud", qui marquera les mémoires et le feront entrer dans la postérité. Mais, il faut bien l'admettre, cet ouvrage a surtout valeur de pièce biographique d'Antonin Artaud que de réel travail littéraire.
On peut dire aujourd'hui qu'en matière littéraire, l'élève est resté piégé dans l'ombre de son maître.
L'histoire, en elle-même, est assez sombre dans ses dessous. Lorsqu'Antonin Artaud est sorti de l'asile d'aliéné de Rodez, grâce au concours d'une communauté d'écrivains et d'artistes, Prevel demande à Marthe Robert de le présenter. En effet, Prevel avait entretenu une correspondance avec Artaud alors que ce dernier était encore sous contrainte médicale et lui avait envoyé quelques-uns de ses poèmes, et il espérait que l'une des lettres élogieuse du grand poète maudit puisse servir de préface à l'un de ses recueils. Cela ne se fit jamais. Mais en revanche, les deux hommes devinrent amis et, d'une certaine manière, complices. Artaud se servait de Prevel pour que ce dernier lui procure du Laudanum, une teinture alcoolique d'opium dont il était fortement dépendant. A défaut, il parvenait à le fournir en élixir parégorique qui parvenait à pallier, mais à plus forte dose, le poison de prédilection du poète.
Marthe Robert et Adamov, ayant remarqué le manège, tentèrent d'interdire Prevel d'entrer en contact avec Artaud. Mais malgré ça, les deux hommes sont toujours restés en contact, leur relation tournant toujours autour de la poésie et des opiacés, et pas forcément dans cet ordre. Naviguant entre chez sa femme et chez sa maîtresse, toujours flanqué d'Artaud, Jacques Prevel passait des heures à retranscrire des improvisations poétique de son maître, pouvant survenir n'importe quand et n'importe où, obligeant même parfois Prevel à mettre sur papier après coup, de mémoire, certains des plus beaux mots du poète.
Mort à 36 ans, d'épuisement moral et de la tuberculose, peu de temps après le décès d'Artaud, Prevel a quitté ce monde cinq ans jour pour jour après sa rencontre avec celui qui aura été son mentor et pour qui il aura joué le rôle de scribe dans les dernières années de sa vie.

Ghislain GILBERTI
"Le Cabaret du Néant"
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Monde ennemi construit avec des pierres
J’ai usé ma vie profonde dans tes remparts
Monde ennemi et sans conscience
Il n’ y a que le vide
Et le silence et l’horreur sans nom du silence
Dans tes débris squelettes à jour
Sur le ciel qui n’est plus le ciel
Et qu’ai-je à faire dans tes remparts
Je n’ai rencontré partout que des troncs sans tête
Partout des troncs partout des bras partout des
jambes
Mais la tête avait roulé dans quelque ornière sur la
route
Et je sentais que j’étais frappé
Que j’étais moi-même frappé
Par le vertige et par l’horreur
À jamais dessiné par l’horreur
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Ce qui retentira

Ce qui retentira
Ce qui restera de notre amour désarmé
Je voudrais l’imaginer et que ma vie s’éclaire
Sur l’absolu désarmé
J’écris comme un homme qui n’a pas rêvé
J’écris comme un homme dont le rêve peut-être
Fut aussi réel que ton visage
Tu es née dans une ville aussi vaste et noire que mon être
Petite fille dont la fragilité me confond
Et tu as vécu ton enfance au bord de la mer des brouillards
Un vertigineux soleil
Fut que mes pas dans tes pas j’ai remonté ta vie frémissante
Pour te la rendre frémissante
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Enfant je me suis étonné
De me retrouver en moi-même
D'être quelqu'un parmi les autres
Et de n'être que moi pourtant
Plus tard, je me suis rencontré
Je me suis rencontré comme quelqu'un qu'on croyait mort
Et qui revient un jour vous raconter sa vie.
Et ce mort en moi-même m'a légué son passé
Je suis devenu un inconnu pour moi
Vivant à travers lui
Chargé de son message irréel et pesant.
Et la peur est venue de mon exil et de ce vide autour de moi.
Du son de mes paroles qui n'atteignait personne
Et de mon amitié incomprise et laissée.
J'ai compté ceux qui sont venus
J'ai compté ceux qui sont partis
Ceux qui sont restés partiront.
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Je suis un homme à même un monde…
  
  
  
  
Je suis un homme à même un monde que je rejette comme
   il m'a rejeté
Et ma vie est une basculade dans un égorgement de larves
Mais leur sang m'est resté sur les mains
Un sang noir et acide dont je me suis gorgé jusqu'à
   l'étouffement
Un sang qui me ronge et qui m'obscurcit la vision
Mais j'ai dépassé la vision
Je suis un homme à même l'infinité
Je suis un homme qui a surgi du crime perpétué sur la face
Je suis un homme dans une basculade de rochers et de
   matière inerte
Mais j'ai subjugué la matière amorphe
Et j'ai fait reculer l'infinité.
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Ce que je peux dire
C'est que j'ai vécu sans rien comprendre
C'est que j'ai vécu sans rien chercher
Et ce qui m'a poussé jusqu'à l'extrême mesure
Jusqu'à l'extrême dénuement
C'est en moi je ne sais quelle force
Comme un rire qui transparaîtrait dans un visage tourmenté
Quand on a vu toutes les choses se perdre et mourir
Et quand on est mort comme elles de les avoir aimées
Le vent les feuilles la pluie le froid et l'amour qui leur donnait une mémoire
Je ne pourrai plus jamais sans doute me souvenir
Car je suis passé par toute la misère
Mon espoir fut criblé par toute la misère
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