«
de mon sous-sol » est un poème-sabre, la forme absolue de celui qui est l'esprit, le sabre et le corps en un.
Le temps à peut-être raison de la chair mais je crois que dans ce poème il n'a en rien altéré la trace de celui qui s'écrie et qui sort de lui pour conjurer son reflet.
Celui qui écrit, crie et danse avec son coeur en le déchirant.
Grégory Rateau est sorti de lui et de son discours. Il a choisi l'exil de soi, de sa « force brute », la vie en chute libre, hors des mystifications et des bassesses du passé. Terminé donc de perdre du temps à ressasser ses anciennes vies ou à prêter le flanc aux disants, aux « sachants ». Dans ce texte vif, la mémoire est à l'oeuvre, et l'oubli ramène le poète aux sens, le sens de la déchirure, de la liberté et de la quête.
« La seule révolte possible se passe sur le papier ici n'est pas le lieu de la pensée positive ni de l'extrême négativité la page n'a aucu
ne moralité elle n'a pas vocation au militantisme aucun slogan pour apaiser la bonne conscience des uns et la haine des autres « coup pour coup oeil pour oeil »
Il se dégage de sa dernière mue, sa dernière peau de frappe. Il s'en extrait comme lors de ses différentes mues de croissances, il s'est dégagé du club familial, des paumés, puis des sectateurs littéreux, ou des poéticiens. « La poésie fera ci, la poésie fera ça ! » … /… elle ne fera rien elle se consumera et vos piètres certitudes avec elle si vous n'êtes pas prêts à l'attendre refermez ce carnet et allez donc vous faire enluminer »
Pour
Grégory Rateau, le verbe est d'un sang toujours neuf et vivant. Même « à l'aube de mes quarante ans » écrit-il, c'est parmi la communauté éclatée de mes « Phrères » que les corps continueront de s'offrir au poème pour « racheter tout ce temps perdu ».
L'ultime métamorphose s'est accomplie. Sur les écailles de son exuvie, le passé inexorablement se nécrose. La nouvelle peau du poète est prête au combat. le temps n'existe plus. L'homme peut avancer avec et dans le verbe accomplissant les choses.
« Dans ton combat entre toi et le monde, seconde le monde » écrivit Kafka dans son journal intime en 1917.
Il me plait de croire que
Grégory Rateau aura lui aussi fait ce choix : écrire, écrire et être pour se donner corps et âme à la poésie, et réinventer le monde.
«
de mon sous-sol » est un texte court, ça se lit d'une seule traite, et c'est superbe !
Régis Nivelle, Lithoral
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