La censure est donc une composante importante du régime de Napoléon III. Rétablie dès juillet 1850 pour le théâtre, elle doit, selon une circulaire de 1852, conduire à « écarter complètement des théâtres toutes les scènes empreintes d’un esprit révolutionnaire, ainsi que toute espèce de lutte entre les partis », le théâtre devant « être
un lieu de repos et de distraction, et non pas une arène ouverte aux passions politiques ». Face aux écrivains, l’Empire utilise la loi du 17 mai 1819 sur « l’outrage à la morale publique et religieuse, ou aux bonnes moeurs ». Les Mystères du peuple d’Eugène Sue, exilé en
Savoie, est condamné à la destruction en 1857, car le livre est jugé immoral et séditieux. La même année, les procès de Madame Bovary et des Fleurs du mal, en janvier et août, symbolisent les excès dans lesquels peut verser l’Empire autoritaire. Ayant tous les deux face à
eux le procureur Pinard, Flaubert et Baudelaire connaissent toutefois des sorts différents : le premier est acquitté alors que le second est condamné et doit supprimer six pièces de son recueil.
"Les dessous de la fête impériale", Jean-Claude Yon