Un livre qui dénote dans la masse des parutions classées m/m, une romance plutôt ancrée dans le réel nous faisant ressentir la vie d'hommes normaux avec leurs problèmes, la gestion du deuil de son mari pour Milt, l'alcoolisme pour Billy.
Avec quelques retours en arrière qui explicitent la personnalité des personnages assez introspectifs, le roman avance lentement de manière assez réaliste nous narrant l'évolution des sentiments d'un homme de vingt cinq ans amoureux d'un quadra dans une ambiance gay assumée aux Ètats Unis de l'Ohio au désert Californien.
L'écriture est fluide, un roman pour ceux qui veulent ressentir le milieu gay aux U.SA.
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Dehors, un jeune homme se tenait debout, trempé de la tête aux pieds, dans un short de bain rose fluo et… eh bien, rien d’autre. Peut-être qu’il a des tongs. Milt était incapable de voir ses pieds. Sa mâchoire se décrocha alors qu’il s’empressait d’ouvrir la porte. Malgré tout ce qui se passait – l’orage, l’inondation, le risque que son logement soit détruit –, il ne pouvait s’empêcher d’avoir des pensées, des envies qu’il considérait comme morte depuis longtemps.
Je regarde un ange ; c’est tout ce qu’on peut en dire. Il va m’emporter dans ses bras musclés, me soulever jusqu’au ciel et me déposer doucement à côté de mon Corky.
Milt secoua la tête. Un bref éclat de rire lui échappa, presque comme si quelqu’un d’autre riait dans son salon avec lui.
Le gars était beau, un apollon bronzé et athlétique. Corky l’aurait aimé, autrefois, il aurait dit que ressembler à ce garçon devrait être illégal, ou du moins immoral. Milt sourit.
Pourquoi s’exposer à nouveau à être vulnérable ? Pourquoi prendre le risque d’une perte dans sa vie ? Avec Ruby et une vie simple, il pouvait rester seul et en sécurité.
Pas vrai ?
Penser à Billy provoquait un sentiment de culpabilité en lui. Milt savait que le gars avait le béguin pour lui, bien qu’il ne comprenne pas pourquoi. Milt avait quinze ans de plus et, à dire vrai, Billy était un gars sexy.
Il pourrait trouver beaucoup mieux que Milt. Du moins pour ce qui était de l’apparence.
En tout cas, c’est ce que Milt se disait quand il surprenait le regard plein d’étoiles de Billy posé sur lui. Ou quand le jeune homme laissait sa main s’attarder un peu trop longtemps sur sa jambe au cinéma. Ou quand ils s’embrassaient pour se dire bonjour ou au revoir et que Billy faisait clairement comprendre qu’il aimerait que l’embrassade traîne plus longtemps qu’elle le devrait entre amis.
Il entra dans la cuisine, regarda d’abord la cafetière à piston, puis les deux tasses qu’il avait préparées.
Deux tasses.
Il recula de quelques pas et se laissa tomber sur l’un des tabourets de bar de la cuisine. Il couvrit son visage de ses mains et pleura. En un clin d’œil, il était passé de serein, calme et heureux à sanglotant si fort que ses yeux le brûlaient et que son nez coulait comme un gamin ayant un mauvais rhume.
Il ne s’autorisa à se laisser aller à la douleur que pendant quelques minutes. Puis il secoua la tête et se leva. Un rouleau d’essuie-tout était suspendu au-dessus de l’évier de la cuisine. Il en retira une feuille et se moucha en se moquant de lui-même.
— Tu dérailles, mon pote.