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EAN : 9782246789413
496 pages
Grasset (07/11/2012)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Comment Vidia Surajprasad Naipaul était-il à 17 ans ? On découvrira ce Vidia juvénile, pas encore le Nobel Sir Vidia, dans ce livre émouvant. Au début de cette correspondance inédite, Vidia surnommé Vido a 17 ans : fils d'un journaliste au quotidien The Trinidad Guardian, l'adolescent a déjà, et c'est incroyable, le regard critique qu'il conservera toute sa vie. Ne dit-il pas à sa sœur en 1949 à propos de l'Inde : « Un pays lamentable, plein d'une pompeuse médiocrit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Entre père et fils est un recueil des lettres que V.S Naipaul a échangées avec son père et sa soeur aînée entre 1950 et 1953. Naipaul est né au sein d'une famille pauvre hindoue à Trinité-et-Tobago, son père, journaliste d'un quotidien local, avait déjà publié un recueil de nouvelles.
L'année 1950 est pour Naipaul celle du départ de Trinidad et Tobago pour l'université d'Oxford, où il a obtenu une bourse, afin d'y étudier la langue anglaise. L'année 1953 est quant à elle celle de la mort du père de V.S Naipaul.
L'ouvrage est divisé en dix parties dont la dernière est un choix de lettres illustrant la progression de l'auteur et sa première édition par une maison britannique.
Tout au long de l'ouvrage, père et fils s'entraident dans leurs travaux respectifs d'écrivain et de journaliste, faisant fi de la différence de génération et des kilomètres qui les séparent. On y observe aussi la vie quotidienne d'un étudiant étranger boursier aux prises avec la faune intellectuelle d'Oxford, ses aventures sentimentales empreintes de misogynie, sa découverte de la neige à Londres. Tout un système d'entraide financière est mis en place entre la famille restée à Trinidad, sa soeur aînée poursuivant ses études à Bénarès, en Inde, et V.S. Naipaul.
Le futur prix Nobel est pour le moins cynique, imbu de lui-même, mais aussi marqué par la pauvreté, la différence, le perfectionnisme.
C'est un ouvrage très intéressant qui apporte un éclairage différent sur cet auteur controversé. Il reste d'actualité concernant la politique d'intégration des étudiants étrangers et la lutte contre la précarité.
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“ Entre père et fils ” est un recueil de nombreuses lettres échangées entre 1949 et 1954 entre ce jeune homme de dix-sept ans et sa famille restée à Trinidad alors que lui-même poursuit ses études au Collège universitaire d'Oxford. Ce jeune homme, c'est Vidiar, qui signe ses lettres Vido, Vidiar Srajprasad Naipaul, écrivain renommé, anobli par la reine d'Angleterre et récompensé par un prix Nobel de littérature en 2001.

Il est éminemment touchant de lire ces lettres, soigneusement conservées depuis toutes ces années, lettres qui s'adressent aussi bien à son père (“ Pa ”), l'écrivain Seepersad Naipaul, qu'à sa mère (“ Ma ”) ou à sa soeur aînée, Kamla, qui fait ses études à Bénarès. Ce qui aurait pu n'être qu'une somme de courriers relatant des faits ou exprimant des sentiments très personnels et par là même peu intéressants pour le lecteur, prend une dimension d'une grande humanité et suscite l'attention et l'émotion de qui lit ces courriers vieux de soixante ans. En effet, s'y expriment à la fois des émotions tendres et douces entre parents et enfants, mais aussi une grande franchise de rapports et une vraie complicité en frère et soeur, notamment pour ce qui concerne la grande soeur, Kamla. On voit aussi le “ grand frère ” Vido s'inquiéter de ses jeunes soeurs, (auraient-elles la tentation d'imiter leurs dévergondées de cousines, qui s ‘amourachent d'un Noir ou d'un Arabe? Les propos sont datés mais révélateurs...), se soucier des problèmes d'argent récurrents dans la famille (une machine à écrire ou une voiture à réparer, c'est tout un budget à rééquilibrer), de la santé des uns et des autres. Il y a là un ensemble de liens affectueux mais aussi très fondés sur la réalité de la vie quotidienne qui s'expriment avec beaucoup de naturel. On n'hésite pas, à distance, à gronder, à stimuler, à encourager, les relations entre les parents et les deux “ grands ” expatriés semblent se faire sur un quasi plan d'égalité.

L'évocation de la vie d'un étudiant indien pauvre à Oxford est intéressante mais c'est surtout la réflexion menée entre père et fils sur l'acte d'écrire qui retient l'attention. L'un encourage l'autre à se mettre à la tâche, le père donne des conseils d'écriture, notamment celui de “ maintenir son axe ”, il est important quand on écrit de s'astreindre à une discipline, de trouver ce qui fait l'essence même de son inspiration et de s'y tenir. Lui-même n' a publié qu'un seul roman mais il a rédigé de multiples nouvelles et écrit pour la presse locale. Ces conseils entre père et fils sont émouvants, tout comme le sont les menues recommandations d'une mère à son fils (bien se nourrir, se méfier des mauvais amis et des dépenses inconsidérées, ne pas s'engager dans des aventures féminines trop nombreuses, ne pas se marier trop vite et surtout pas avec une Blanche! etc...).
L'évocation, en arrière-plan, de la société indienne, particulièrement de la famille installée à Trinidad, ne manque pas d'intérêt non plus. On y découvre le tissu complexe des relations entre les branches maternelle et paternelle, entre les générations ainsi que des évocations sommaires de rites et traditions de l'Inde.
Pour conclure, un ensemble de lettres attachantes, instructives, au caractère intemporel.

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Comme la plupart des recueils de correspondance de jeunesse d'un écrivain, ce volume de lettres entre V. S. Naipaul, alors étudiant boursier à Oxford, et sa famille restée à Trinidad dresse un portrait révélateur de l'artiste en tant que jeune homme. En même temps, le livre fournit une carte fascinante des fondements autobiographiques de ce qui est sans doute le meilleur roman de M. Naipaul, Une maison pour M. Biswas (1961), qui a créé un portrait fictif doux-amer de son père, un journaliste trinidadien en difficulté, essayant de subvenir aux besoins de sa grande famille tout en s'accrochant à ses propres rêves.
Ce roman s'est terminé avec le héros vieillissant et malade s'inquiétant de son fils en Angleterre. ''Les lettres d'Anand, d'abord rares, sont devenues de plus en plus fréquentes'', écrit M. Naipaul dans Mr. Biswas. ''Elles étaient sombres, s'apitoyant sur elles-mêmes ; puis elles se sont teintées d'une hystérie que M. Biswas a tout de suite comprise. Il a écrit Anand de longues lettres humoristiques; il a écrit sur le jardin; il a donné des conseils religieux; à grands frais, il envoya par avion un livre écrit par deux psychologues américaines. Les lettres d'Anand redevinrent rares. M. Biswas ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre.'' le monde s'était ouvert pour son fils, réalise-t-il, alors que pour lui maintenant, ''il n'y avait plus rien à attendre. Sauf les enfants.''
Comme le révèle ce volume de lettres, ce passage de ''M. Biswas'' capture parfaitement la relation qui existait entre M. Naipaul et son père au début des années 1950 : le père, de plus en plus accablé par des difficultés financières et une santé défaillante, transférant ses propres rêves de réussite littéraire sur son fils talentueux ; le fils, déchiré entre l'égocentrisme et les préoccupations familiales, écrivant à la maison par devoir, besoin et affection.
Même si l'on voit des spasmes de doute de la part du jeune Naipaul, il manifeste déjà, dans ces lettres, bon nombre des traits qui le rendront plus tard si controversé en tant qu'écrivain : un élitisme impatient (« les gens du dehors sont peut-être même plus stupides que les gens d'Oxford, et incroyablement plus grossiers'') et un dédain moralisateur : Emma d'Austen est considéré comme ''un simple commérage'', Lord Jim de Conrad comme ''terne'', et Anna Karénine de Tolstoï comme ''ennuyeux.'' ''Un ami m'a dit l'autre jour que les gens ne m'aiment pas,'' écrit-il à sa soeur aînée Kamla, ''parce que je leur ai fait sentir que je savais c'étaient des imbéciles.''
Dans les premières lettres, datant de l'arrivée de Naipaul en 1950 à Oxford, c'est plutôt son père qui prodigue des conseils : il avertit son fils de ne pas céder à la dépression et l'exhorte à être sincère dans ses écrits. '' Selon vous, à quoi se résume la littérature? '' demande-t-il. ''Pour écrire du ventre plutôt que de la joue. La plupart des gens écrivent sur la joue. Si le criminel semi-illettré écrivait ordinairement une longue lettre à sa bien-aimée, ce serait ce que sont généralement la plupart des lettres de ces personnes. Si le criminel écrivait cette lettre en juste avant son exécution, ce serait de la littérature ; ce serait de la poésie.'
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ne te soucie de satisfaire nul autre que toi. Assure-toi seulement que tu as réussi à dire exactement ce que tu voulais exprimer- sans faire le malin; avec une sincérité totale et courageuse- et tu auras du style parce que tu auras été toi-même. (p. 64)
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Quel est selon toi le fin mot de la littérature ? Ecrire à partir de ses tripes et non de son museau. (p.65)
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« Le bonheur est insaisissable. Il est là sans qu'on le sache. C'est seulement quand quelque chose de cataclysmique nous tombe dessus, quelque chose qui détruit la placidité de notre ennuyeuse routine, que nous prenons conscience de ce que nous avions et de ce que nous avons perdu. » (p.267)
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Video de V. S. Naipaul (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de V. S. Naipaul
Discours de V. S. Naipaul à l'occassion de l'obtention du prix Nobel de littérature en 2001.
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