AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782351041383
348 pages
Atelier de Creation Libertaire (30/01/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
Dans les années soixante-dix, les jeunes anarchistes italiens, en fin de réunion, lors des fêtes et des manifestations commémoratives, chantaient tout le répertoire traditionnel des chansons anarchistes. Parmi elles « Quand l'anarchie arrivera ».Je me souviens de ces moments où, autour d'un verre de vin rouge, notre choeur s'envolait plus haut que le plafond, près des étoiles qui guidaient nos coeurs vers la Révolution. Pourtant, personne d'entre nous ne connaissait... >Voir plus
Que lire après Folgorite: Parcours de Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poèteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Biographies d'anarchistes/ Exilé, poète, typographe, rebelle : Folgorite
critique, recension de Giorgio Sacchetti, publiée dans A-Rivista Anarchica, n°444, juin 2020.
« Je suis anarchiste parce que je veux préserver mon individualité » (Folgorite, 1922)
Il faut vraiment partir des récits biographiques des militants individuels, de ceux des familles des persécutés et de leurs vicissitudes sur la scène européenne et transnationale du XXe siècle; revenir à ces histoires de vie faites d'émigrations aventureuses, de souffrances indicibles et d'angoisses existentielles, mais aussi de beaucoup d'esprit créatif ... C'est de là qu'il faut partir pour comprendre le sens d'un mouvement libertaire, rebelle et collectif de si longue durée.
Publié en France, sous une belle couverture, une édition précise et agréable, une structure agile et une construction scientifique, un livre comme celui-ci (Pascal Dupuy, Folgorite. Parcours de Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poète (1874-1939), Atelier de création libertaire, Lyon, 2020, préface d'Isabelle Felici, p. 348 + ill., 18,00 €), vaut plus que tout autre recueil consacré, peut-être, à la simple dimension politique et organisationnelle de l'anarchisme.
Parce qu'il réussit à mettre en jeu, avec la vie et l'oeuvre du protagoniste - Sante Ferrini dit "Folgorite", subversif italien, poète, artiste et écrivain prolifique - mille acteurs, lieux et contextes, depuis l'auteur qui raconte une histoire de famille, la préfacière et même l'éditeur.
Commençons par ce dernier point. Mimmo Pucciarelli, animateur de l'Atelier, pose son souvenir en couverture arrière. Dans les années 1970, les anarchistes italiens avaient l'habitude d'entonner ensemble leurs chansons traditionnelles de lutte, d'amour et de révolutions à la fin de leurs réunions, entre un verre de vin rouge et un autre. Parmi celles-ci, il y en avait une intitulée, "Quand l'anarchie viendra...", belle et évocatrice et d'un auteur inconnu. Eh bien, maintenant nous le connaissons, il s'agissait de Sante Ferrini "romain de Rome", typographe de métier, très actif dans le mouvement en Italie qui, après avoir erré en Europe, s'est installé en France et y a vécu, entre autres à Lyon, dans ce même quartier où l'éditeur de ce volume
s'est maintenant établi.
L'auteur, Pascal Dupuy - ingénieur de profession - a reconstitué, avec précision et minutie, cette incroyable histoire de vie, la ressentant comme la sienne car le protagoniste était le grand-père de sa compagne Dominique. Il est frappant de constater la très grande diversité des sources utilisées, privées comme archivistiques, et le lien continu avec la mémoire familiale, insistant et plein de pathos. Pour les enfants et les petits-enfants, il y a une dédicace : "Vous êtes la
preuve vivante que l'immigration produit ce qu'il y a de meilleur. Soyez fiers de vos racines et réjouissez-vous de leur diversité".
Isabelle Felici, dans sa préface, reconnaît le grand mérite de l'auteur non seulement pour avoir transformé un simple nom sur un certificat de naissance en une histoire articulée et convaincante, recomposant ainsi l'histoire de sa famille, mais aussi pour avoir ajouté une pièce importante pour la connaissance des événements complexes de l'anarchisme italien en exil.
Le parcours et les choix existentiels de Ferrini ont en effet d'innombrables points communs avec la vie d'autres compatriotes libertaires, soumis à la surveillance de la police et contraints comme lui à l'expatriation. La succession des lieux traversés par le protagoniste en Europe est intéressante et originale, et l'histoire proposée par Dupuy, qui nous fait découvrir le réseau d'amis et de contacts de cet univers subversif étendu entre Rome, Marseille, Londres, Saint-Étienne, Lyon, Nice, et ce dans un laps de temps très étendu, du tournant du XIXe siècle,
jusqu'aux années 1930 du siècle suivant. Ensuite, Ferrini fait preuve d'une activité
journalistique fébrile, exercée dans la presse anarchiste italophone, d'abord chez nous - en Italie - puis en France, sous son pseudonyme unique de "Folgorite". Des centaines d'articles sont publiés dans des dizaines de magazines de mouvement (dont : Il Libertario de la Spezia, L'Adunata dei refrattari de New York, La Scuola Moderna di Clivio). Son activité d'écrivain est elle aussi intense avec sa collaboration à de prestigieuses revues littéraires. Il travaille comme typographe et possède une remarquable veine poétique et humoristique, tout comme sa production artistique en tant que dessinateur qui reste copieuse et talentueuse (un exemple est
visible sur la couverture du livre). Sa parodie de la célèbre chanson colonialiste italienne Tripoli ! qui devient "Terre de douleur" où "saigne le tricolore" est mémorable… Les principaux thèmes et axes d'intervention que l'on retrouve dans son travail concernent l'éducation, l'anticléricalisme et l'oppression du
peuple par l'État et le système capitaliste. le volume, enrichi d'un bon nombre de dessins et de photographies, est structuré en quatre grands chapitres. le premier raconte la jeunesse de Ferrini à Rome, un court séjour de quelques mois en France et la genèse de son nom de plume Folgorite. le second est consacré aux années
passées à Londres puis à Rome, de 1901 à 1907. Dans le troisième, il est confronté à l'exil définitif français : une première période de clandestinité, puis l'expérience de professeur à l'École Typographique Lyonnaise et les difficultés, l'amertume de la dernière partie de sa vie. le dernier chapitre présente une analyse sur l'ensemble de l'oeuvre de l'auteur, très utile pour comprendre sa façon de penser et ses horizons culturels. L'annexe documentaire, qui contient des outils de référence très utiles, ainsi que certaines de ses compositions poétiques, est d'une grande valeur.
“Sono innocente! / Perché son qua in prigion? Che feci mai? / Non ti bastò l'avermi già
esiliato, / infame società! Forse rubai? / Forse ho ammazzato? […] Sei mesi a pane e acqua!
Forse credi / di farmi a te piegar con la minaccia? / Infame società, prima ch'io cedi / ti sputo
in faccia!” (pp. 252-253, da Ergastolissimo).
Commenter  J’apprécie          00
Bonjour ! Je viens de terminer la lecture du livre de Pascal Dupuy : Folgorite – Parcours de Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poète (1874-1939).

Je dois d'abord vous avouez ma totale ignorance concernant l'anarchisme en Italie au XIXe et XXe siècle. C'est donc avec un peu d'appréhension que je me suis lancé dans la lecture de Folgorite. J'ai eu au début un peu de mal à m'accrocher au récit, mais très vite je me suis laissée porter sur le chemin de Sante Ferrini et son destin hors du commun. J'ai découvert un homme discret, passionné qui a consacré sa vie à revendiquer son idéal et cela au prix de réguliers séjours en prison, de déportation et de surveillance permanente. Écrivain, poète, dessinateur et typographe, Sante déploie une énergie infatigable à la propagande anarchiste sans pour autant tomber dans la violence. Et si le contenu de ses oeuvres reste révolutionnaire, il traduit également une grande sensibilité. L'esprit de Ferrini fut occupé par l'éducation, l'anticléricalisme et l'oppression du peuple par l'État et le système capitaliste et son point de vue personnel est toujours d'actualité.

Les convictions, les idées, les peines et les amours de cet anarchiste dans l'âme nous font réfléchir et peut-être accepter l'idéologie libertaire, non pas comme un mouvement philosophique et politique hostile à toute hiérarchie et autorité, mais comme un cri pour la justice, l'égalité et le bonheur pour tous.

Je tiens à saluer le talent de l'auteur et la qualité et la précision de l'écriture. Je suis admirative des recherches approfondies qui ont abouti à une sorte de « bible » sur ce personnage énigmatique qui pris comme nom de guerre Folgorite. Pascal Dupuy retrace la vie de Ferrini appuyé par une documentation méticuleuse dans un livre fort bien construit. Une biographie certes, mais pas que. le texte est accompagné par de nombreux extraits en italien et leur traduction en français, poèmes et articles publiés dans des journaux anarchistes ce qui rend la lecture parfois moins fluide mais qui démontre les capacités littéraires de Sante Ferrini. L'Italien tentera, pendant trente années, d'obtenir la nationalité française sans jamais réussir. Pourtant c'est en France qu'il fit sa vie et c'est en France qu'il mourut. Hélas, les recherches de Pascal Dupuy pour localiser la sépulture de Ferrini sont restées vaines, si non, je serais tentée d'y aller un jour pour déposer un coquelicot sur sa tombe. Car, comment ne pas être sensible à ceux qui se battent contre l'injustice et prennent la défense des plus démunis… ?

Folgorite – Parcours de Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poète (1874-1939) par Pascal Dupuy. Atelier de création libertaire.


Commenter  J’apprécie          10


Video de Pascal Dupuy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascal Dupuy
Storia Voce - 6 février 2020 La Révolution française du côté de la Rose anglaise.
En 1989, l’Europe entière célèbre le bicentenaire de la Révolution française. En France, contre-révolutionnaires et adeptes de 1789 s’affrontent à nouveau dans les champs culturels, politiques, historiques. Rien de nouveau. Si ce n’est que le débat semble opposer violemment et diviser profondément deux France. La portée de cette révolution qui se voulait universelle a débordé des frontières. A l’étranger aussi, et surtout en 1989, on parle de Robespierre et de Marie-Antoinette, du sans culotte et du vendéen, des Droits de l’homme et des droits de Dieu. A Londres, le British Museum commémore l’évènement par une exposition au titre pour le moins explicite quant à la teneur idéologique de ladite exposition : L’ombre de la guillotine. L’influence de la Révolution outre-Manche ne s’est pourtant pas arrêtée aux polémiques ou à la contemplation. Sur tout le territoire du royaume, mais surtout en Écosse et en Irlande, les événements de France ont déclenché des réactions profondes, menant parfois les opposants à la couronne d’Angleterre au bord de l’insurrection, voire de la sécession. En réalité, 1789 a bouleversé l’ensemble de la société britannique, l’obligeant à se positionner, de manière radicale et identitaire, vis-à-vis d’un voisin qu’elle avait appris, depuis un siècle, à admirer autant qu’à redouter. Pascal Dupuy est interrogé par Mari-Gwenn Carichon.
Les auteurs : Pascal Dupuy est professeur à l’université de Rouen spécialiste de l'histoire des représentations, et de la Révolution française. Il vient de co-écrire avec Harry T.Dickinson : Le Temps des cannibales, la Révolution française vue des îles britanniques (Vendémiaire, 2019, 25 €). Harry T Dickinson est spécialiste de l’histoire de l’Angleterre et professeur émérite à l’université d’Edimbourg.
+ Lire la suite
autres livres classés : histoire contemporaineVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3184 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}