AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Sarah Tardy (Traducteur)
EAN : 9782258204966
576 pages
Presses de la Cité (11/01/2024)
3.9/5   20 notes
Résumé :
Même les fantômes ont un cœur...
1836. Dans un petit village de Prusse, Hanne, enfant de la nature, sent son destin de femme peser sur elle comme un fardeau. Entre corvées, sermons et injonctions, comment ne pas dépérir dans cette communauté rigoriste où tout lui rappelle sans cesse sa différence ?
Mais par un jour de neige et de brume émerge une silhouette. Thea sera un coup de foudre, une révélation. Deux âmes sœurs qui se trouvent, un amour qui se s... >Voir plus
Que lire après IncandescentesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
En 1836, dans un petit village de Prusse, vivre sa foi est devenue difficile pour les vieux-luthériens , des protestants rigoristes, leur église est fermée et ils doivent se réunir en secret dans la forêt pour célébrer leur culte.

C'est là que vit Hanne, une jeune fille qui se sent exclue du cercle des autres jeunes filles de son âge et elle supporte mal la rigidité et l'obligation des tâches incombant aux femmes .
Elle et son frère jumeau , Matthias se sentent mal-aimés de leurs parents et Hanne s'enfuit souvent dans la forêt, elle entend les arbres chanter et les considèrent comme ses seuls amis.

Un jour de brouillard, elle fait la connaissance de Thea , une jeune fille de son âge dont la famille vient d'arriver au village.
D'emblée, entre les deux filles c'est l'étincelle et une profonde amitié nait et s'enracine . Ce sont vraiment deux âmes soeurs qui se comprennent et s'aiment.

Coup de tonnerre au village, l'autorisation est enfin donnée à la communauté protestante de pouvoir s'exiler et fonder son église . Pour eux , ce sera l'Australie.

IL faut tout quitter, les préparatifs sont fébriles , l'arrachement à leur pays d'origine est dur mais l'espoir d'une vie plus accomplie dans leur foi est fort leur permettant de supporter, pensent-ils le long voyage de 6 mois en bateau .

Tempêtes, avaries, promiscuité, pénurie d'eau et maladies rendent leur traversée éprouvante et les morts clairsèment les familles .

Celles de Hanne et Thea ne sont pas épargnées alors que l'amour entre les deux amies se renforcent.

Fin de la première partie .

Et là, au début de la partie suivante, le choc , avec un récit qui devient beaucoup plus onirique , surnaturel puisqu'il est raconté par un fantôme , une âme errante.

Lors de l'arrivée des vieux -luthériens en Australie , des terres leur sont octroyées, ce sont celles du peuple primitif Peramangk qui sont plutôt accueillants , aidant même les nouveaux arrivants à survivre à l'hiver en leur montrant les sources de nourriture .

Il se greffe dans le récit une accusation de sorcellerie contre la mère de Thea, Anna Maria qui est sage-femme et guérisseuse .
Ce soupçon , accentué par la jalousie poursuit cette femme et retentit aussi sur sa fille avec des conséquences qui vont être dramatiques .

Si j'ai été assez intéressée par le coté historique véridique entre l'expulsion de ces gens liée à leur pratique religieuse et la dépossession des terres des autochtones , oh combien habituelle sans que cela soit un problème , ce n'est pas vraiment le sujet principal de ce roman plus axé sur cet amour entre Hanne et Thea au delà du réel , je n'ai pas une attirance pour le surnaturel et les fantômes , cela ne m'émeut pas , je dois l'avouer ...

J'avais beaucoup plus apprécié @À la grâce des hommes lu en 2014.

Je remercie Masse Critique et les Éditions Presses de la cité
Commenter  J’apprécie          407
Ce roman historique, qui se déroule en partie dans l'Australie du Sud au XIXe siècle, est aussi une magnifique histoire d'amour queer qui va basculer dans le surnaturel sans pour autant sombrer dans l'illuminisme.
Étrange mélange de genres en effet, qui n'exclut pas un certain mysticisme et qui ménage une large place au lyrisme. Car l'écriture de Hannah Kent bouillonne de métaphores et livre de grandes incursions poétiques, en particulier dans les relations de l'homme à la nature.

Johanne Nussbaum vit avec son frère jumeau Matthias et ses parents dans une vieille communauté luthérienne de Prusse. La vie quotidienne à la maison est conditionnée par le travail et la religion. Hanne est différente des autres jeunes filles. Elle se sent connectée à la nature et préfère vivre dehors. On découvre au fur et à mesure qu'elle a un don de synesthésie. Elle entend vibrer la nature sous forme de musique, écoute le chant des noyers et des banksias, ressent des mélodies de lumière, de froid et de boue sur sa peau.
" le son de cette campagne est une note soutenue qui n'en finit jamais. C'est un bourdonnement qui recèle en une même harmonie toutes les autres musiques de ce lieu. Tout autre son est tissé autour."

Pour les jeunes filles du XIXe S, il n'y a d'autre option que la préparation au mariage et sa mère souhaite qu'elle se consacre à des activités féminines, comme la confection du trousseau. Lorsque Thea Eichenwald, qui a le même âge, déménage au village avec ses parents, Hanne trouve en elle une amie qui l'accepte telle qu'elle est.
Très vite, la relation entre les deux jeunes filles se transforme en un amour profond qui va beaucoup les troubler, d'autant plus qu'elles ne trouvent pas de mots pour le qualifier , tant une telle relation est inimaginable dans cette communauté luthérienne.

Hannah Kent a déclaré à une journaliste australienne : "Je ne pense pas qu'on puisse écrire une relation queer dans un contexte historique sans mentionner la religion. Cela représentait une part énorme de la vie des gens, non seulement en termes de système de croyance, mais aussi en termes de manière dont leurs communautés étaient organisées au quotidien."
La religion, la foi occupent une place substantielle. Tous les personnages sont en effet animés par un profond sentiment religieux, basé sur la théologie luthérienne et qui donne cohésion à la communauté.

En 1838, les luthériens reçoivent l'autorisation de quitter l'Allemagne et d'émigrer en Australie-Méridionale où ils seront libres de pratiquer leur culte comme ils l'entendent. Pour décrire leur long voyage à bord du Kristi, l'auteure s'est basée sur le véritable périple du Zebra qui a amené une communauté d'immigrants en Australie. Elle dépeint des conditions éprouvantes de promiscuité, de maladies et de famine.

Et c'est là que la narration bascule dans le fantastique, de manière totalement inattendue.
Je vous laisse le plaisir de découvrir le twist avec le changement de point de vue narratif, twist périlleux et qui aurait pu être un ratage complet mais qui, de mon point de vue, fonctionne. Sans doute grâce à l'écriture infiniment poétique de l'auteure.

Lors du débarquement en Australie, Hannah Kent va jongler avec la réalité historique de l'installation des colons et l'histoire d'amour bien particulière entre Hanne et Thea, le tout dans une célébration quasi chamanique de la nature.
" Nous sommes restées ainsi des années. La lune s'est nappée de cire, s'est mise à décliner, et nos cheveux se sont mêlés au sol de la forêt. Sur nos paumes ouvertes a poussé une peau de mousse."

Pour signifier la relation fusionnelle de Hanne avec le vivant, d'abord les arbres, puis les animaux, l'auteure emploie la première personne du pluriel alors qu'elle utilisera le je lorsque Hanne s'exprime en son nom propre. Il s'agit donc de l'addition de deux identités qui se fondent dans des métaphores exceptionnelles.

Hannah Kent n'oublie pas d'évoquer l'aspect colonialiste de cette migration des luthériens. Elle est particulièrement sensible aux dommages qu'ils causent aux terres des Peramangk. Alors que les aborigènes se sont empressés d'apporter leurs connaissances et leurs conseils pour se procurer de la nourriture, les colons vont très vite les rejeter lorsque la communauté va s'organiser et défricher les terres pour les cultiver.
"Mais tout au fond de mon coeur de bois, de mes veines de racines et de feuilles, je sentais plus fort encore, qu'en rasant cette terre nous la mutilions, et ce triomphe que nous retirions à le faire me semblait mauvais, impie."

Avec ce twist en milieu de parcours qui nous fait basculer dans un registre différent, l'auteure a pris le risque de perdre les lecteurs allergiques au surnaturel. Pour ma part, je pense que faire cohabiter une tessiture réaliste et une tessiture fantastique nécessite une grande maîtrise, et sans doute une écriture particulièrement poétique.
Le défi est relevé avec brio.



Commenter  J’apprécie          200
Nous sommes au XIXe siècle, dans un village de Prusse habité par des vieux-luthériens, des protestants ultrareligieux.
L'héroïne, Johanne dite Hanne, a 14 ans. Elle est perçue comme différente par l'ensemble des villageois. Très grande et assez gauche, elle est aussi plutôt solitaire, préférant la compagnie des animaux ou de son jumeau, Matthias. Très proche de la nature, elle possède un don particulier : elle perçoit les voix de tous les végétaux, les minéraux, les cours d'eau et les vents. Elle se sent donc très éloignée des corvées ménagères dévolues aux femmes dans sa communauté très (trop) religieuse même pour l'époque.
Un jour, une famille (le père, la mère et leur fille) s'installe dans une maison délabrée située dans la forêt aux portes du village. Très vite, les cancans parcourent les rues : la mère n'est pas allemande mais wende (c'est-à-dire slave) et surtout c'est une sorcière ! Hanne, elle, s'intéresse surtout à la fille de la famille, Dorothea dite Thea. C'est la première personne qui prend le temps de l'écouter, qui ne se moque pas d'elle lorsqu'elle dit entendre la voix des arbres. Très vite, les deux filles deviennent inséparables et leur amitié glisse lentement vers l'amour.
Les vieux-luthériens étant persécutés en Prusse à cause de leur bigoterie, ils obtiennent le droit d'émigrer en Australie pour y fonder une colonie, un peu à la manière des protestants anglais qui partirent pour le continent américain sur le Mayflower trois siècles avant. C'est au cours de la traversée qu'interviennent les événements qui vont changer la direction du récit en le transformant en roman fantastique.

"Incandescentes" m'a laissé perplexe. L'écriture de Hannah Kent est belle, et sa poésie a été subliment retranscrite par la traductrice Sarah Tardy. Mais bon dieu, que c'est lent ! C 'est tellement lent que je voyais les pages tourner et je me demandais où l'auteure voulait en venir tant il me semblait que le récit avait du mal à avancer.
Ensuite, on peut voir le roman comme l'histoire d'amour entre Hanne et Thea, mais moi j'ai surtout noté, dans la seconde partie, celle faisant intervenir le fantastique, l'énorme égoïsme de Hanne : tout doit tourner autour d'elle, même en son absence.

En bref, toute la partie historique (la vie villageoise au XIXe siècle, la traversée en bateau et les conditions de vie à bord, la colonisation des terres aborigènes...) m'a intéressé. Par contre, moi qui suis plutôt un lecteur de littératures de genre, l'irruption et le traitement par l'auteure de l'élément fantastique m'a plutôt laissé de marbre : je trouve qu'elle n'en a pas fait grand chose sur près de trois cents pages. Mais je comprends les lecteurs et les lectrices qui ont été subjugués par l'écriture de Hannah Kent.
Pour finir, je voudrais remercier Babelio de m'avoir tiré au sort lors de sa Masse Critique de janvier et Les Presses de la Cité de m'avoir envoyé cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          70
Nous sommes dans le courant du 19ème siècle dans ce qui était alors la Prusse, un royaume désormais démantelé du nord-est européen.
Dans un tout petit village vivent quelques familles protestantes archi-pieuses et résistant tant bien que mal à un protestantisme moins exigeant. Entre la Bible, la morale, et les corvées familiales, il n'y a guère de distractions. L'avenir des filles est dans le mariage, la maternité et surtout la piété, l'obéissance et la sagesse. Hanne est adolescente à cette époque, elle a du mal à trouver sa place dans cette société étriquée et rigoriste ; elle peine à intégrer le destin que sa famille lui promet.
Sauf qu'un jour, arrive dans le village Thea et sa famille arrive au sein de cette communauté. Et c'est le coup de foudre…Deux âmes soeurs !
A cette époque, les luthériens sont persécutés par les calvinistes, et à la faveur d'une décision du Roi de Prusse, les luthériens sont autorisés à émigrer. Ce sera l'Australie où les luthériens décident de tout quitter pour aller y fonder une colonie où ils pourront vivre leur foi comme ils l'entendent.
Le roman se passe à la fois en Prusse, en mer puis en Australie. Mais l'originalité réside dans le fait que la narration se fait à deux voix ; celle d'Hanne dans un premier temps, puis celle de son fantôme dans un second temps. On passe de l'une à l'autre sans effort d'adaptation, presque naturellement.
Hannah Kent aborde sous deux angles la passion, les amours interdites, l'emprise biblique, la laborieuse conquête du nouveau monde et de la liberté.
On quitte difficilement les personnages décrits avec acuité, tant l'écriture de ce roman est lumineuse.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          70
Entre deux ouvrages sérieux sur les destins de la seconde guerre mondiale, il convenait de lire quelque chose de divertissant qui fasse voyager, rêver, sortir des territoires connus etc... Bref j'ai lu la critique du livre d'Hannah Kent; des prussiens luthériens rigoristes qui fuient l'Europe pour l'Australie, je pensais cocher mes objectifs de lecture. Cette magnifique histoire d'amour entre ces deux jeunes filles m'a arraché que des larmes. Je me suis attachée à ces personnages fictifs de luthériens qui quittent leur Prusse polonaise pour immigrer en s'endettant vers les riches vallées autour d'Adélaïde, en Australie pour recréer leurs foyers abandonnés au titre de persécutions religieuses de luthériens rigoristes. Entre deux déshydratations larmoyantes, j'ai flotté dans ce monde onirique des âmes mortes qui guident les pas des vivants dans cette nature singulière australienne. La description des aborigènes et l'incompréhension avec les premiers colons. C'est vrai que dans les vignobles de Bassora Valley on retrouve un peu de cette rigueur allemande dans le paysage et l'architecture des bâtisses. Également dans le cépage de vin blanc du sud australien.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
SudOuestPresse
09 avril 2024
On a lu le best-seller d’Hannah Kent, « Incandescentes » ou comment l’exil libérateur peut devenir prison.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je lui ai parlé de Magdalena, que nous soupçonnions de recourir à l'homéopathie, des problèmes digestifs dont se plaignait Eleonore Volkmann, et de Mutter Scheck, qui se disait bonne herboriste mais dont les compétences laissaient planer un doute puisqu'elle avait déjà enterré trois maris. ("Tout dépend si elle traitait ses maris ou elle", m'avait un jour glissé Matthias.)
Commenter  J’apprécie          70
Chaque matin, alors qu’il faisait encore nuit, les oiseaux emplissaient l’air de leurs chants si bien que le soleil, en se levant, faisait resplendir une lumière symphonique. Les oiseaux étaient partout : incarnations d’anges tapageurs au corps noir, messagers à tête jaune piaillant la joie. Chefs de chœur rayés de gris. Kookaburras rondelets devenant subitement, étonnamment, les prosélytes de l’aube. Même les arbres semblaient pousser de manière à accueillir le soleil dans le monde. En Prusse, la
Commenter  J’apprécie          41
canopée était épaisse et dense. Le sol des forêts couvert d’ombres. Mais, ici, les forêts étaient des lieux de lumière. Les feuilles tachetées par les rayons du soleil, minces et brillantes, passaient du rose au gris, au vert. Je les écrasais dans le creux de ma main pour sentir leur odeur guérisseuse. De remèdes. Sous ces jours chauds, sans souffle d’air, tombaient les branches des arbres, craquant comme des os, et se révélaient les sons des abeilles. Je sentais parfois l’odeur du miel réchauffer l’air. Les animaux n’étaient que fourrures musclées et yeux brillants comme de l’eau, ou couches d’écailles et furtifs coups de langue. Et tout, arbres, opossums, kangourous, fourmis encerclant un tronc telles des perles luisantes, toutes ces choses immobiles pouvaient en un clin d’œil se muer en un éclair filant.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai trouvé une station baleinière qui empestait la mort et le chaos, peuplée d'hommes blancs sans dents, au visage graissé par la méchanceté que leur insufflait leur avidité pour les peaux de phoques.
Commenter  J’apprécie          30
Pendant que la congrégation progressait lentement vers les étendues luxuriantes, bleu-vert, de la chaîne du Mont-Lofty, suivant les traces que les chevaux de trait avaient laissées dans les plaines, je me couchais à l’arrière de la charrette à bras de mon père, la tête ballottée contre la paroi de bois, et regardais le ciel. Il me semblait impossible qu’un tel bleu puisse exister. Ce ciel sans nuages était plus haut, plus grand que n’importe où.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Hannah Kent (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hannah Kent
Hannah Kent at Unley Libraries
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (92) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature LGBT Young Adult

Comment s'appelle le premier roman de Benjamin Alire Saenz !?

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
L'insaisissable logique de ma vie
Autoboyographie
Sous le même ciel

10 questions
41 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeune adulte , lgbt , lgbtq+Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..