******LES MILICES*******
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibier
Des fois que des loubards viendraient dans le quartier
Vivez votre penchant soyez de la police
A l'abri des volets de vos pavillons tristes
Meublez vos insomnies jusqu'au jour incertain
Car la rue est peuplée de sombres anarchistes
De noirs de portuguais et de nord -africains
Vous , vous êtes français , français à part entière
Même anciens combattants et parfois résistants
Et cet ancien chemin de torture et de sang
Certains le referaient s'il était à refaire
Vous avez mérité avant le dernier souffle
De vivre dans le calme et la tranquilité
D'endosser vos gilets , de chausser vos pantoufles
Et de fermer les yeux sur la réalité
Mais la réalité deferle à votre porte
Vous ne comprenez rien à sa vague rumeur
Et vous confondez tout , parfois vous avez peur
D'un signe avant-coureur que le vent vous apporte
Vous percevez des peurs et des cris de souffrance
Des chants de liberté , l'écho d'un attentat
Vous pensez la guerre assez loin de la France
Et vous faites confiance à votre chef d'état
Etudiants et voyous c'est bien la même engeance
C'est écrit noir sur blanc dans votre quotidien
Faites dresser des murs et dressez votre chien
Pensez dès maintenant à votre auto-défense
Et quand des jeunes gens défilent en cortège
Toujours on vous les peint veules et fainéants
Alors vous les reniez vous tombez dans ce piège
En oubliant qu'ils sont enfants de vos enfants
Ils savent mieux que nous , de quoi le monde crève
Que le temps des robots vient à pas de géants
Qu'on sacrifie l'Esprit au profit de l'argent
Comme on tue la nature, la joie et le rêve
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibier
Des fois que des loubards viendraient dans le quartier
Suivez votre penchant , soyez de la police ...
Ne chantez pas la Mort , c'est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid , aussitôt qu'il est dit
Les gens du " show-business " vous prédiront le bide
C'est un sujet tabou ..... pour poète maudit
La Mort..... la Mort ....
Je la chante et , dès lors , miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l'amour
La mort qui nous attend , l'amour que l'on appelle
Et si lui ne vient pas , elle viendra toujours
La Mort..... la Mort .....
............
Elle est euthanasie , la suprême infirmière
Elle survient , à temps , pour arrêter ce jeu
Près du soldat blessé dans la boue des rizières
Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort ..... la Mort .....
Le Temps , c'est le tic-tac monstrueux de la montre
La Mort , c'est l'infini dans son éternité
Mais qu'advient-il de ceux qui vont à sa rencontre ?
Comme on gagne sa vie , nous faut-il mériter
La Mort .... la Mort ....
La Mort ?
Virginia
Avec tes quinze ans vulnérables
Tes cheveux blonds, ton front si pur
Et ton regard mouillé d'azur
Tu n'es qu'une envoyée du diable
Virginia !
A la seine
Voyant tes remous, tes ressacs
Tout au long du quai rectiligne
Un moment, je t'avais cru digne
De m'écouter vider mon sac...
Comme à Ostende
On voyait les chevaux d' la mer
Qui fonçaient, la têt' la première
Et qui fracassaient leur crinière
Devant le casino désert...
La barmaid avait dix-huit ans
Et moi qui suis vieux comm' l'hiver
AU lieu de me noyer dans un verre
Je m'suis baladé dans l' printemps
De ses yeux taillés en amande
Leo Ferré - L'école de la poésie