Gérard Berréby, auteur non conformiste,
invoque le hasard, la mort, la maladie, la
brutalité et le sordide.
Il lui arrive de prendre l'impudicité à témoin.
Des mots-grenades explosent face à l'effroi
et au côté atrabile du quotidien.
Des vers-épées sabrent le passé et tranchent
le présent.
Ces textes simplement posés sur la page blanche
sont orphelins de capitales et de ponctuations.
" à la main armée
dans la brume verte
la renaissance de la matière
victime propitiatoire
de la contusion
des attentats aveugles
…
les sens chavirent
et l'histoire bascule
et se brise
avec la terreur pour seul héritage "
(section 6)
Ce monde éclaté, déchiré, nu, fragile
s'effondre tel un château de cartes.
Et cette humanité fracassée, fragmentée
induit un lyrisme de la désolation.
La vie ne serait-elle qu'un jeu ?
Les mots sont lancés à l'attaque d'un réel
qui perpétuellement se dérobe.
Seuls certains vocables parviendront à
mettre la réalité Échec et Mat.
Lecteur, il te faut trouver un Joker, le Joker
qui te permettra de sortir et de contrer
la déroute annoncée !
" … la diffraction du temps le rythme visqueux
et les certitudes assises
ancrées comme bien l'on pense
la tentation du désespoir haineux
rivaux étrangers entre eux et à eux-mêmes
tout est vrai tout est faux
la plus morte des idées mortes
l'intelligence séparée
dans le silence de la désolation nue
éteint sans porte ni fenêtre
le crime a déjà eu lieu
dans l'abdication et la dépression "
(section 8)