Un livre qui ne paie pas de mine, un résumé au verso très évasif qui ressemble à un roman noir semi-dramatique et une couverture qui n'annonce rien de très réjouissant...
Grande fut mon erreur !
Je ne pense pas me tromper en affirmant qu'il s'agit là du meilleur roman traitant de la psychopathie clinique qui existe (et en plus c'est un livre français, cocorico !). Il regorge de faits marquants, de symptômes, de faits... qui ont dû être savamment étudiés et qui laissent présager de très longues recherches de la part de leur auteur pour arriver à un tel résultat où même le détail à son importance et est logique dans la définition du psychopathe.
Ce livre est l'exemple même de la psychopathie.
J'ai été très agréablement surprise de le découvrir, à force de lire livre sur livre se mélangeant les pinceaux avec des définitions psychologiques qui ne sont pas les bonnes, créant des personnages qui n'ont pas plus de sens que des vampires qui brillent au soleil etc.
L'histoire est simple... mais terriblement efficace pour servir d'exemple pur et vrai de la psychopathie "de tous les jours".
De plus, point non-négligeable selon moi, le style d'écriture reste léger et fluide tout en étant véritablement plaisant à lire, avec de belles descriptions, réactions, de l'humour cynique tout le long comme un tableau de maître brossé sur une toile.
On ne s'en lasse pas et on le dévore.
À découvrir absolument pour ceux qui s'intéressent à ce sujet épineux et ceux qui souhaitent corriger leurs erreurs de jugements à force de lire des thrillers ou d'autres policiers ratés qui usent de termes sans les connaître véritablement.
Fantastique !
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Depuis toujours il arrivait à soigneusement séparer son univers privé et celui de son travail. Cette habitude était d'ailleurs devenue rapidement une condition nécessaire à sa survie. Travailler n'était guère assimilable pour lui qu'à une fonction biologique des plus élémentaires, indispensable et rebutante à la fois.
Les seules interférences qu'il tolérait étaient toujours en rapport direct avec l'organisation de son service : passer un week-end avec son supérieur ou bien aller à son enterrement ne relevaient pas pour lui d'une quelconque forme de vie sociale, mais constituaient bel et bien un sacrifice à caractère professionnel, comme des heures supplémentaires non payées en quelque sorte.
_ Ce sont des mots, juste des mots et les mots ne veulent rien dire. Rappelle-toi ! Toi, tu voulais la jeter hors du bateau pour la noyer.
_ Mais ça n'a aucun rapport. On jouait !
_ C'est pareil. Un jour on souhaite la mort de quelqu'un, un jour on dit qu'il ne faut pas tuer les gens. Ça n'a pas plus de sens dans un cas que dans l'autre. On tue des gens chaque jour. Quand on ne les tue pas, on souhaite leur mort. Pour notre confort ou pour d'autres raisons. Moi, je suis allé jusqu'au bout, quand d'autres en restent aux mots. Voilà tout. Qu'est-ce que ça change que cette femme vive ou non ? Les choses n'ont pas plus ou moins de sens. Elle ne t'était rien de toute façon... Rien qu'un mauvais souvenir qu'il faut chasser.
Une fois rentré chez lui, il passa un long moment à contempler l'arme. Il fit plusieurs fois jouer le mécanisme qui dégageait l'arc en le ramenant perpendiculairement au fût. Le contact de la corde rêche était agréable. Les carreaux surtout avec leurs lames acérées et leurs empennages synthétiques étaient de beaux objets, à la fois très simples de conception mais finis avec un très grand soin. Il ne se lassait pas de les toucher en mesurant leur équilibre parfait sur le bout de ses doigts.
Il raccompagna madame Tobiac à la porte sans un mot, contrôlant un mouvement de répulsion lorsqu'elle lui imposa la présence tiédasse de sa langue dans la bouche pour un baiser que les haleines matinales rendaient peu érotique. Le pire était encore à venir. Laissant briller dans ses yeux une lueur intense, elle lâcha d'une voix étranglée par l'émotion :
"Je t'aime, toi, tu sais."
Ce Monsieur Garçonnet, toujours parfait, toujours précis l'avait inquiété dès le premier jour. Il se sentait en sa présence comme un herbivore qui ne peut faire autrement que partager son point d'eau avec un crocodile immobile mais à l'oeil trop actif.
Frédéric Cathala :
Les mille mots du citoyen Morille MarmousetDepuis le
café le Rostand dans le 6ème arrondissement de Paris,
Olivier BARROT présente le
roman de
Frédéric CATHALA intitulé "
Les mille mots du citoyen Morille Marmouset" ;
roman dont l'
action prend place durant la grande
terreur en France pendant la Révolution en 1794.