Je m'intéresse (de loin) à l'Eglise. le titre de ce livre m'a semblé prometteur. Toutefois le terme « église » peut désigner les institutions religieuses aussi bien la communauté des Chrétiens - ce qui n'est pas la même chose. L'ouvrage présente une vue d'ensemble sur les deux mille ans de christianisme, en se focalisant sur les crises majeures qu'il a traversées. On pense évidemment aux persécutions dans l'Empire romain, mais aussi à la volonté d'assujettir le clergé par les révolutionnaires français et, plus tard, à la politique de Staline en Union Soviétique; on peut songer aussi à la poussée militaire ottomane vers l'Occident à partir du XVème siècle.
Ce qui est pointé aussi et qui me parait plus passionnant, ce sont les failles internes de l'Eglise: les nombreuses hérésies qui se sont opposées au Credo "orthodoxe" à partir du IVème siècle, à l'interminable décadence de l'Eglise au Moyen-Age et, évidemment, à la Réforme au XVIème siècle. Sur ce dernier sujet, on trouvera ici une analyse originale concernant la Pologne, un pays qui fut d'abord attiré par le protestantisme mais qui est finalement devenu ultra-catholique, sans la moindre guerre de religions. Un autre sujet discuté, plus philosophique, c'est le nihilisme du XIXème siècle, associé à des attaques en règle contre les églises: ce mouvement est associé à
Friedrich Nietzsche, avec son slogan (ridicule à mes yeux...) « Dieu est mort ».
Cet exposé, développé par un historien devenu diacre, me parait bien construit et bien argumenté. On peut parier sur le fait que les persécutions et encore moins les arguties philosophiques ne parviendront pas à éradiquer le christianisme... Par contre, pour l'Eglise le risque principal est une mort lente, en raison du désintérêt croissant de nos contemporains pour toute préoccupation spirituelle, surtout quand elles sont trop encadrées et codifiées (comme chez les catholiques); c'est particulièrement vrai en Europe. Mais cette problématique n'est pratiquement pas abordée dans ce livre.