La doctrine ismaélienne constitue le premier essai tenté pour amalgamer la philosophie contemporaine à une vision véritablement persane de l’univers, et d’énoncer à nouveau l’Islam en se référant à cette synthèse, grâce à une interprétation allégorique du Qor’ân, méthode que le soufisme adopta par la suite. Pour eux, l’Ahriman de Zoroastre (le démon) n’est pas le créateur pervers des choses mauvaises, mais c’est un principe qui viole l’unité éternelle et la morcelle en diversité visible. L’idée que quelque principe de différence dans la nature de l’existence ultime doit être postulé afin d’expliquer la diversité empirique a subi d’autres modifications ; jusqu’à ce que, au sein de la secte hurûfî (rejeton de l’ismaélisme) au 14e siècle, elle touchât le soufisme contemporain d’une part, et la Trinité chrétienne de l’autre.
Le « Sois », prétendaient les Hurûfis, est l’éternel verbe de Dieu qui, lui-même incréé, conduit à la création – le verbe extériorisé. « Sans le ‘’verbe’’ la reconnaissance de l’essence de la divinité aurait été impossible, étant donné que la divinité est au-delà de la perception des sens. » Le « verbe » est donc devenu chair dans le sens de Marie afin de manifester le Père. L’univers tout entier est la manifestation du « verbe » de Dieu, dans lequel Il est immanent. Chaque son dans l’univers est en Dieu ; chaque atome chante le chant de l’éternité ; tout est vie. Ceux qui veulent découvrir la réalité ultime des choses, qu’ils recherchent le « nommé » à travers le nom, qui cache et révèle à la fois son sujet. (pp. 53-54)