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EAN : 9782910957124
112 pages
Voix d'encre (01/01/2002)
4/5   1 notes
Résumé :
Le caillou finit toujours par suivre sa pente. Et s’il se détache de la falaise sa mère afin de poursuivre son propre chemin, c’est encore en tombant de plus en plus bas. Pour nous-mêmes faire journalièrement l’expérience d’une pareille chute, nous mesurons combien le caillou nous est frère.
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Comment connaître un objet en soi qui ne soit pas uniquement pour soi ?
Comment parler d'un objet sans que notre description soit rattachée à la seule expérience que nous avons de lui ? Difficile à imaginer, surtout quand l'objet se trouve être une... pierre.

Le mouvement des muscles, le souffle pour gravir une montagne, le bruit du gravier sous les semelles, les pierres qui apparaissent dans l'eau claire d'un ruisseau, la texture lisse et le poids d'un galet tenu dans le creux de la main, la couleur particulière de la pierre d'une maison ou celle rugueuse et tranchante de certains bords de plage, etc. L'expérience des pierres, de la roche, des cailloux.... nous paraît tous familière mais elle est aussi assez éloignée de nous.

Jean-Louis Roux dans son beau recueil La Stupeur des Pierres, tente une expérience poétique sur notre rapport au minéral sous toutes ses formes, dans des textes en prose et vers. le livre divisé en cinq parties - Dedans, Dehors, Dessous, Devant et Derrière apparaît comme autant de dimensions explorées par un regard en mouvement, un regard porté sur la pierre comme objet et sujet d'écriture.

" La pierre n'a pas de peau. Et nul - de mémoire d'homme - n'eut l'heur de la contempler intacte ; c'est-à-dire entière et enveloppée. C'est qu'elle ne consent à se laisser voir que dans le plus furieux désordre. Fracturée, érodée, elle - de prime abord si paisible - ne connait d'autres états que l'usure et le chaos. Pour ainsi dire soustraite à sa propre masse par l'exercice du temps, elle se montre à nous dans un fort pitoyable appareil : fracassée et à nu. Elle est là, aussi bien, à coeur ouvert et à noyaux rompus. de sorte qu'il n'y a guère plus à vif que ce matériau mis à mort." *

Les poèmes du recueil sont comme des pierres qui jalonnent les pages et le chemin du lecteur. Poèmes ronds, anguleux, lisses, légers, tranchants, colorés, sombres,... Poèmes qui tiennent dans la main ou qui en imposent comme l'ombre d'un massif montagneux, tout dans l'écriture de Jean-Louis Roux interroge notre regard porté sur les pierres.

La pierre ne peut cependant être considérée qu'isolément, en tant qu'objet seul. L'auteur n'oublie pas que la pierre, que notre regard porté sur elle, est aussi constitué de repères sur son milieu naturel, son environnement. La description d'une pierre intègre aussi celle du paysage, de la forêt, du chemin ou du ruisseau qui la porte en elle.

" Noir de suite, moire de soie,
Ciel aqueux, cieux de nacre :
Belles lasses que le sommeil bellement lace.
Un monde dort sur vos paupières ; c'est très pesant.
Gisantes, couchées sur l'humus des fougères,
Vous voilà de retour dans l'ombre, dans l'onde,
Dans les limbes.
Prises dans la nasse du sommeil,
Dans l'eau noire où macèrent toutes dormitions.
Otages vous êtes de l'entre-deux,
Du battement, de l'interstice,
De cette sourde infusion où s'appointent les songes. " **

Même si le style des premières pages du recueil m'a paru un peu affecté, un peu surfait, la suite du recueil ne déçoit pas et révèle une belle écriture, sensible et tout en nuances. le dernier chapitre notamment, évoque de manière saisissante le désert au travers de métaphores et de propos subtiles: « C'est un trop-plein de réalité à l'intérieur du réel." ***

La Stupeur des Pierres est un recueil de poésie dense et généreuse (parfois exigeante), un livre où les mots emplissent l'espace d'une rêverie et qui, comme les pierres entassées au fond de l'eau claire et fraîche d'un ruisseau, étanchent la soif de poésie.


(*) poème " Lapidaires, 18 ", extrait de " Dehors ", page 27
(**) Poème " Dans la fournaise étouffée des fourrés ", extrait de " Devant ", page 92
(***) extrait de " Derrière ", page 103
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
APORIES

Toute
beauté
redouble
la douleur.

Le
bleu
du ciel
est
une
tragédie.

La
rondeur
du galet
nous
exclut
de son
cercle.

On
se noie
dans
l'eau
claire.

La
plénitude
des choses
nous est
déchirement.

Tout
ce qui
nous
touche.

Que
nous
ne savons
pas
toucher.


(extrait de " Dessous ") - pp. 53-54
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