Les amoncellements neigeux prenaient la forme de corps blottis les uns contre les autres, et le vent qui sifflait sur un affleurement rocheux leur donnait l’illusion d’un faible appel au secours. Dans les silences soudains et ouatés qui enveloppaient parfois la montagne, quand le vent tombait et que tout se figeait dans une immobilité de cristal, un homme pouvait aisément prendre son propre pouls pour les battements du cœur d’un autre.
À la sortie de Spokane, sur un panneau d’affichage illuminé planté au milieu d’un champ de blé, il vit une image de Jésus marchant sur l’eau appuyé sur un bâton. Cette étrange concession au réalisme travailla Jones pendant un instant : un homme qui marche sur l’eau n’avait sûrement pas besoin de béquille.