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Françoise Mancip-Renaudie (Traducteur)
EAN : 9782702141304
384 pages
Calmann-Lévy (18/08/2010)
2.04/5   12 notes
Résumé :

Quand Alexeï Viazintsev, dit Aliochka, part régler la succession de son oncle dans une petite ville des confins de la Russie, il ignore qu’il va se retrouver en plein milieu d’un sanglant conflit souterrain autour de l’écrivain Gromov, un plumitif oublié de l’Union soviétique.

À son arrivée en ces lieux étrangers, en effet, on lui apprend que les textes de Gromov ont certaines propriétés mystiques dès lors qu’on les lit et relit régulièrement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
"Je tiens de Danjon une histoire de mathématiciens qui vaut la peine d'être racontée. le mathématicien-mécanicien Boussinesq, grand scientifique, perdit autrefois sa femme. L'enterrement, qui avait commencé par une journée très dégagée, se termina par une pluie battante. Tout le monde fut trempé. Il se remaria et fut veuf à nouveau. le même phénomène météorologique se reproduisit lors des obsèques. Lorsque sa troisième épouse mourut également, les funérailles se déroulèrent sous un ciel qui resta au beau fixe, mais tous les universitaires qui y assistaient avaient emporté un parapluie. Emile Borel (grand manitou des probabilités à la Sorbonne) se tourna vers Polya, mathématicien étranger qui se trouvait à ce moment là en France, et il lui dit: « Ecoutez, Polya, n'est ce pas lamentable ? Nous sommes des universitaires, nous ne sommes pas superstitieux, je suis probabiliste, je sais pertinemment qu'il ne peut exister aucun rapport entre la pluie et l'enterrement de Mme Boussinesq. Et cependant j'ai apporté mon parapluie. - Pas du tout, répondit Polya, nous travaillons sur des faits scientifiques. Or c'est un fait scientifique avéré qu'il pleut souvent à l'enterrement de la femme de Boussinesq. » (p.156)"

Laurent Scharwz, un mathématicien aux prises avec le siècle



De même part-on à Books and the city avec un parapluie. Maintenant il semblerait que la sonnette d'alarme soit à agiter aussi pour les livres avec une photo de livre sur la couverture.



Après La librairie des ombres, voici le bibliothécaire.



Quatrième de couverture :

« Quand Alexeï Viazintsev, dit Aliocha, part régler la succession de son oncle dans une petite ville des confins de la Russie, il ignore qu'il va se retrouver en plein milieu d'un sanglant conflit souterrain autour de l'écrivain Gromov, un plumitif oublié de l'Union Soviétique. A son arrivée en ces lieux étrangers, en effet, on lui apprend que les textes de Gromov ont certaines propriétés mystiques dès lors qu'on les lit et relit régulièrement, et que ses lecteurs sont prêts à se battre jusqu'à la mort pour les posséder...

C'est un récit où se heurtent la caricature d'une société défunte et l'attachement à des racines culturelles souvent inventées ou arrangées. Un récit qui sonne le glas de l'Homo sovieticus et le condamne à renaître en se réinventant, en se réécrivant. Une fable sur le temps perdu, la nostalgie trompeuse et la barbarie du présent. »



Là encore une excellente idée de départ : les romans de Gromov possèdent, si on les lit dans certaines conditions, des propriétés qui agissent sur leur lecteur, d'où les nouveaux titres qu'on leur donne, le livre de la Joie, le livre de la Mémoire, le livre de la Patience, le livre de la Fureur, etc...



Et pourtant les romans de Gromov, cela fleurait bon le stalinisme :

Gromov « glosait sur le devenir de son pays, chantait les louanges du bon approvisionnement alimentaire de ses petites villes de province, ses bourgs et ses villages, écrivait sur ses mines, ses usines, l'espace infini de ses terres vierges, ses âpres récoltes et ses riches moissons. Les héros des livres gromoviens, directeurs ou présidents de kolkhozes, soldats revenus du front, veuves gardiennes de l'amour et du courage civique, pionniers et komsomols, étaient d'ordinaire rouges, volontaires, joyeux et prêts à recevoir les récompenses de leurs mérites au travail. Courage et persévérance y assuraient le triomphe du Bien : on édifiait un combinat métallurgique en des temps records, il ne fallait pas plus d'un semestre pour faire du jeune diplômé de l'université un spécialiste aguerri; la réalisation du plan quinquennal dépassait toutes les attentes et les ouvriers de la chaîne acceptaient des cadences supérieures; à l'automne le blé coulait à flots, telles des vagues d'or, dans les greniers du kolkhoze. le Mal, on le coffrait ou on le rééduquait. Les passions amoureuses, mais seulement les plus chastes, se déployaient en méandres au fil de textes où le baiser, demandé dès les premières pages, restait en suspens pour éclater sur une joue à la fin de l'ouvrage. »



Ajoutons un « ton fade de bon aloi » et des couvertures « illustrées de tracteurs, de moissonneuses ou de batteuses », et l'on comprendra que Gromov suscitait chez le lecteur un profond ennui:

« Je tentai très honnêtement d'endurer la lecture de ce fiasco. Mes prunelles dévissèrent dès la première ligne, je dévalai du haut vers le bas de la page comme si je glissais d'un toit; je vis pendant ma chute les paragraphes défiler et se mélanger comme des étages. »



La description des romans gromoviens est plutôt réussie, la découverte par Alexeï des groupes qui se disputent les livres est assez réjouissante, mais assez rapidement je me suis laissée bercer par les patronymes russes sans plus chercher à savoir qui est qui et sans m'attacher à qui que ce soit; arrivée au milieu j'ai décroché du récit de ces luttes plutôt sanglantes, j'ai poursuivi cependant et j'avoue ne pas avoir compris grand chose. Quand le livre de la Mémoire a agi sur Alexeï, j'ai aimé les (rares) passages où un passé regretté s'impose à lui. Oui, il y a de l'action, des dialogues, etc... mais non, je n'ai pas réussi à m'empêcher de lire de plus en plus en diagonale...



Hélas pour moi le bibliothécaire a agi comme un roman de Gromov, l'appellerai-je « le Livre de l'ennui »? Il y a même certain passage à 25 pages de la fin :

« Tu as lu le Livre et tu sais qu'il est ennuyeux. Moi non plus, je ne l'ai pas supporté et j'ai sauté pas mal de pages. »



Bref, un rendez-vous manqué.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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"Je ne me risquai pas à dire non. Je venais en effet de comprendre de quelle manière les problèmes de "coopération" se résolvaient dans cette organisation. Je vis le tire-pointe enrobé de cire que Soukharev avait confisqué et portait fiché à la ceinture, et il y avait aussi Igor Valerevich, ce chauve qui ne se séparait de son terrifiant coupe-choux"
Je ne pensais pas qu'être bibliothécaire, particulièrement en Russie, pouvait être si dangereux. Si cela se savait, il y aurait sans doute beaucoup moins de candidats au concours. Des grands-mères enragées, des guerres de clans (ou cohortes de lecteurs organisées en "bibliothèques"), d'affreux mafieux, tout cela au nom d'un écrivain dont les Livres auraient des effets magiques, voire mystiques, et que les "cohortes" s'arrachent de façon plus ou moins sanglante (plutôt plus que moins.) J'avoue avoir bien ri, en dépit de pas mal de longueurs. Cette fable sur "l'homo soviéticus" en voie d'extinction est un régal d'humour, assez corrosif, surtout pour les bibliothécaires ("Tout le monde le comprend, la mort d'un lecteur, quel qu'il soit est une perte irréparable. Mais quand il s'agit d'un proche, c'est encore plus intolérable")
A quand une formation au combat (en plus de la formation traditionnelle) pour les professionnels du livre et de la lecture ? "J'étais seul, rivé à mon désespoir, quand je vis tous mes camarades morts et les dizaines d'ennemis qu'ils avaient tués. La cohorte avait été saignée à blanc et moi, en vrai bibliothécaire, je la quittai le dernier."
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Vous avez dit bizarre ? Vous avez dit bazar ? le bibliothécaire de Mikhaïl Elizarov est en effet un roman étonnant, perturbant, et dans lequel il est facile de se perdre. Tout se joue dans les 50 premières pages, description de l'oeuvre de Gromov, écrivain oublié de l'époque soviétique, dont les fidèles lecteurs, après la chute de l'URSS, ont fait une sorte de maître à penser, après avoir constaté que ses écrits avaient un effet dopant incroyable. Roman fantastique et/ou ésotérique, le bibliothécaire raconte les batailles épiques entre les différents clans (on pourrait parler de sectes) qui se disputent les rares exemplaires des livres de Gromov. Ces combats sont racontés par le menu, dans des scènes à la limite du gore, et ressemblent à des affrontements dignes du Moyen-Âge, cottes de mailles et casques compris. Une bibliothèque est donc un groupe organisé avec son chef, le bibliothécaire, et ses soldats, les lecteurs. C'est un univers très étrange, presque parallèle, comme une sorte de jeu vidéo improbable que décrit Elizarov, dans la Russie nouvelle que l'auteur semble ne pas porter dans son coeur. de là à y voir une nostalgie pour l'ère soviétique, il n'y a pas loin. A réserver aux amateurs d'Heroic fantasy, et encore, sans garantie.
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L'idée du livre est excellente et constitue un clin d'oeil à ceux qui connaissent le vieux pays, l'URSS et sa fin dans les décombres de l'avenir radieux. Les livres d'un quelconque plumitif dont les livres, tirés à des millions d'exemplaires à la belle époque du marxisme-léninisme triomphant, sont passés au pilon. Des nostalgiques se sont organisés en associations, puis en sociétés plus ou moins secrètes et enfin en gangs pour recueillir, sauvegarder les divines paroles. Elles se nomment fort logiquement “bibliothèques et leur chef le “bibliothécaire, titre éponyme. Les différents clans se livrent à des combats sanglants et sans merci pour s'approprier les Saintes écritures au terme parfois de véritables expéditions. le style baroque et persifleur est un régal. Mais les zakouski deviennent vite roboratifs. Les combats, congrès, chasses à l'homme se font répétitifs et lassent le lecteur. Dommage !
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Laissé tomber "Le Bibliothécaire" d'Elizarov. Une présentation de chaque personnage sur cinquante pages, non merci, je voulais lire un roman, non un dictionnaire de noms propres.
Un style didactique que l'on retrouve dans les ouvrages de type essais. Rien de particulièrement exaltant.
Un récit paradoxalement confus, on a du mal à suivre les propos.
Un ennui général profond.

J'abandonne exceptionnellement rarement mes lectures.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Mokhova ...fut recrutée dans une maison de retraite...Assise non loin de Gorne pour surveiller se réactions, Mokhova se mit à lire à haute voix.Ce n'était pas simple, sa voix s'enrouait peu à peu, son attention se dispersait. Quand elle vint à bout de sa lecture, la nuit tombait. Dans la chambre le silence régnait...."Lizka" appela Gorne ... Les autre vieilles se levèrent ensemble, d'un coup. Le dos de Mokhova se glaça d'effroi. Visiblement, si le Livre n'avait pas encore agi sur elle, il avait eu un effet extérieur. Et sa lecture à haute voix avait probablement ralenti l'effet sur sa propre personne...L'effroi quitta Mokhova. Elle ressentit la Force. Dès cet instant Mokhova sut à quoi lui serviraient les vertus manifestes du Livre.... Sa réflexion fut interrompue par un coup terrible dans la porte. Les vieilles s'étaient transformées en un bélier vivant qui entendait recouvrer sa liberté.Le choc secoua sa porte. Les roulettes d'un lit se mirent à grincer sur le linoleum. Mokhova devina leur intention tactique quand les carreaux de verre du haut de la porte eurent volé en éclats, ménageant ainsi une ouverture où une vieille s'encadra. Le filet réticulé du lit, que rien ne destinait pourtant à servir de tremplin de cirque, joua magnifiquement le rôle de batoude et envoya la vieille à une hauteur de deux mètres. Les restes de verre se détachèrent et s'abattirent par terre, précédant la chute à plat ventre de la vieille défenestrée. Elle poussa des rugissements enragés, sans même tenter de ramper... Leur seconde charge fut plus aboutie. On vit d'abord aller et venir un balai, par la lucarne cassée, qui époussetait les éclats de verre. Le filet réticulé grinça et une autre petite vieille s'envola par la baie avant de descendre dans le couloir par la porte Mokhova ne la laissa pas se traîner plus loin, elle l’étourdit d'un coup de son gourdin... Les vieilles qui se tenaient en formation de bélier sortirent de la chambre et entourèrent Mokhova....mais ne se décidaient pas à attaquer. La grimace qu'elles faisaient avant le grand saut laissait présager qu'elles s'attendaient à recevoir un lourd coup de gourdin....La répression imposa quelques petits sacrifices...L'action du Livre allait bientôt se tarir et les vieilles, semblables à des poupées articulées dont le mécanisme s'épuisait, s'affaissaient là où elles se trouvaient.
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Les vieilles se ruèrent vers la cuisine. Une des deux cuisinières et la plongeuse s'emparèrent d'une demi-douzaine de cuillères et d'un hachoir.... On donna les armes tranchantes aux vieilles les plus solides, habituées dans leur vie paysanne à saigner les bêtes et la volaille. On attribua la masse à une personne qui avait hérité de ses origines prolétaires un corps généreux....Les détachements de la mort s'étaient dispersés dans les étages. Les infirmières avaient cru se sauver en s'enfermant à double tour dans les chambres, mais se trompaient. La personne portant la masse... enfonça la porte, laissant les petites vieilles s'introduire, jouant des coudes et rugissantes, par la brèche ainsi entrouverte. Elles traînèrent les femmes au sol, et celles d'entre elles qui n'avaient pas d’armes blanches brisaient les dentiers à la main, à la matraque, ou à la béquille ; elles dépouillaient les cannes de leur pommeau en résine, de tout artifice qui amortirait le coup, et frappaient de leur extrémité en bois au visage, à la poitrine et au ventre. Trois aides-soignantes réussirent à se hisser sur le toit et à refermer la trappe derrière elles. Elles tentèrent de redescendre par le petit escalier de secours. Préférant la mort à la désertion, les vieilles sautèrent par les fenêtres les plus proches d'elles ou périrent accrochées aux chemises des fuyardes. Entraînées par le poids de tous ces corps, les infirmières s'extirpaient de l'escalier en glapissant avant de s'écraser au sol, les os brisés.
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La cohorte était l'élément fondateur, la base sur laquelle on pouvait commencer à édifier une bibliothèque....Son public était varié, de tous âges et de toutes professions... A l'instar de la bibliothèque, la cohorte avait son directeur que l'on appelait aussi son bibliothécaire". Il recevait la propriété du Livre, c'était le dépositaire de la foi que la cohorte accordait au Livre.... A la même époque, un nouvel organe de pouvoir et de gouvernement se constituait ; il s'agissait du Conseil des bibliothèques...Le Conseil confirma le principe d'inviolabilité des cohortes. On en dressa la liste avec minutie.
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Celui qui lit le Livre ne connaît ni la fatigue ni le sommeil, il n'a pas besoin de nourriture. La mort n'a pas de prise sur lui parce qu'elle est en deçà de son exploit laborieux. Ce lecteur est le conservateur permanent de notre Mère patrie. Le garde veille son quart sur les vastes espaces de l'univers. Son labeur est éternel. Un pays conservé jalousement est indestructible. Tel était le dessein du Livre.
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Les perspectives les plus sombres s'annonçaient : déstabilisation par complot, désertion d'un lecteur, dissimulation de faits menaçant la sécurité générale, opération de destruction non sanctionnée ... tout cela valait la confiscation du Livre et la dissolution de la cohorte.
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Video de Mikhaïl Elizarov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mikhaïl Elizarov
Serge Safran - Rentrée littéraire 2014 .Serge Safran vous présente sa rentrée littéraire 2014 : Isabelle Minière "Je suis très sensible". Parution le 21 août 2014. http://www.mollat.com/livres/miniere-isabelle-suis-tres-sensible-9791090175204.html Mikhaïl Elizarov "Les ongles". Parution le 21 août 2014. http://www.mollat.com/livres/elizarov-mikhail-les-ongles-9791090175211.html Béatrice Castaner "Aÿmati". Parution le 4 septembre 2014. http://www.mollat.com/livres/castaner-beatrice-aymati-9791090175228.html Jung-Hi Oh "Le quartier chinois". Parution le 4 septembre 2014. http://www.mollat.com/livres/oh-jung-quartier-chinois-9791090175242.html Notes de Musique : deef/Beat Scene Routine/04 nostalgia of an ex-gangsta-rapper. Free Music Archive.
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