A l’appel du muezzin s’esquiva le calife
Qui, cher hasard, me crut sans malice d’amour
Et, seul homme au harem, me laissa, sous la griffe
Exquise de la mante au caftan de velours.
Elle, alors, m’encadrant aux décors de l’alcôve,
M’abîma d’un regard au cœur de ce couffin
Où le soudan s’attend qu’à ses genoux se love
L’esclave dévoltée dont la danse a pris fin.
Durant que j’aspirais au jasmin de Ses mains,
Les doux collets de khôl de l’œil de la sultane
Mettant un chiffre rond sur tous mes lendemains
M’enchevillaient au pied hautain de l’ottomane.
Dans l’encens adultère et le naffe et le nard
De sa natte safrane, oh ! sans que j’en souffrisse,
On me fit mozarabe, et l’insu traquenard
Me soumit au sérail de cette impératrice.
(Sultane)
Par une lune pleine il advint que gémit plus que d’accoutumée le sloughi favori qui veillait sur le seuil de nos appartements. Furieux, sorti de lui, projetant grossièrement d’horribles imprécations sur les marbres des corridors, avant la rose aurore il fit égorger le fidèle et, pour que l’acte lâche eût le sceau légitime, dicta sur-le-tapis le décret ordonnant qu’on tuât tous les chiens connus du sultanat.
J’étais l’éminence au divan et le valet au lit de cette haute Dame. L’esprit jaloux et vacillant du nouveau calife en conçut forte haine et crucial besoin de me supprimer. Je sus déjouer ses ruses et deviner ses sbires. Il en fut insomniaque.