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EAN : 9782234086159
288 pages
Stock (10/04/2019)
4.15/5   13 notes
Résumé :
« – Madame Silberling ?
Une policière balaie la petite salle du regard. Je lui fais signe et la rejoins.
– Suivez-moi, s’il vous plaît.
Elle m’emmène dans une pièce impersonnelle, sans fenêtre, avec une table, deux chaises, un ordinateur.
Je m’assieds en face d’elle. Après les questions d’usage concernant mon état civil, elle entre dans le vif du sujet :
– Contre qui désirez-vous porter plainte ?
Je me tais un instant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Peggy Silberling aurait sans doute préféré ne jamais publier ce livre. Mais son témoignage, écrit avec le soutien d'Harold Cobert, servira à tous les parents confrontés à des adolescents difficiles.

C'est par un acte inconcevable que s'ouvre ce témoignage glaçant: Peggy se retrouve au commissariat pour porter plainte contre son fils Evan, dix-sept ans. Inconcevable pour une mère qui aime ses enfants, inconcevable parce que totalement étranger à l'«ordre des choses».
En nous offrant le récit du drame qu'elle a vécu au plus intime d'elle-même, Peggy Silberling nous permet d'approcher au plus près cette dérive, cette souffrance qui touche de nombreuses familles lorsque l'adolescent «fait sa crise». Bien entendu, toute histoire est particulière et chaque cas ne peut se comparer avec un autre. Mais ce qui frappe ici, c'est qu'objectivement ce dérapage n'a pas de raison d'être.
Peggy offre à ses enfants, Mélodie et Evan, une vie très agréable. L'arrangement avec leur père n'a pas fait de vagues, ils peuvent suivre des études dans une bonne école, disposent le temps et l'argent pour leurs loisirs, peuvent voyager. Sans oublier les perspectives professionnelles de Peggy qui pourrait les conduire tous à New York.
Difficile de dire quand le grain de sable a enrayé la machine. Est-ce le passé de Peggy qui a dû subir un père violent, un oncle violeur, une mère qui n'a rien voulu voir? Des prémices qui ont certes poussé Peggy à surprotéger ses enfants, mais peut-on donner trop d'amour? le parcours sans fautes de Mélodie et celui chaotique d'Evan prouvent que les mêmes conditions peuvent conduire à des comportements totalement opposés.
Mélodie réussit très bien en classe, se passionne pour le théâtre tandis qu'Evan n'a aucune envie de suivre en cours. Après les premiers accrocs, Peggy décide de l'inscrire dans un pensionnat où il bénéficiera d'une structure plus encadrée, d'une attention renforcée. Mais Evan prend la clé des champs, revient à Paris et se réfugie dans les bras de Laetitia qui exerce sur lui un chantage affectif des plus toxiques.
C'est du reste à cause d'elle qu'Evan se montre verbalement agressif envers sa mère puis refusera toute thérapie.
«Je me sens dépassée. Je ne sais plus comment aborder mon propre fils. Je ne sais plus comment imposer mon autorité à un ado qui fait deux têtes de plus que moi et dont la force physique dépasse désormais la mienne. Je ne sais plus comment lui faire entendre raison ni comment le persuader qu'il doit rectifier le tir, pour son avenir, pour lui
Peggy ne sait pas encore que ce n'est que le début d'une spirale infernale qui la conduira jusqu'à ce dépôt de plainte. Entre temps, elle aura eu affaire au CPOA (Centre Psychiatrique d'Orientation & d'Accueil), un service d'urgence psychiatrique, au CIAPA (Centre interhospitalier d'accueil permanent pour adolescents), à la police, aux pompiers, au juge pour enfants et constatera combien le système est absurde dans ses règlements contradictoires et dans son absence de gestion globale.
Pendant ce temps la dégringolade continue. Après les problèmes de drogue, les fugues, les vols dans son portefeuille viennent le chantage au suicide, les insultes puis les coups.
Le hasard d'une rencontre dans une librairie va être sa bouée de secours. Harold Cobert croise le regard de Peggy: «Nos yeux séducteurs échangent les mêmes paroles.» Un peu de baume sur des coeurs cabossés et une aide précieuse pour Peggy, y compris dans la rédaction de ce livre que l'on referme avec le sentiment d'un immense gâchis mais aussi la forte envie que cette prise de conscience souhaitée se concrétise. Pour Evan et pour les pouvoirs publics.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Pour lui est une lecture qui m'a profondément animé. La première partie du récit m'a réellement indigné, je ne comprenais pas cette mère si peu empathique, si autocentré, fulminant contre tout excepté elle. Cette mère marquant les différences entre ses enfants, ayant des propos jugeant, évoquant son fils avec distance, l'étiquetant et le positionnant comme seul coupable de leurs difficultés en se dédouanant de toutes responsabilités, me révoltait. Cette mère qui parce qu'elle a su trouver des acteurs de résilience et s'en sortir face à sa propre histoire douloureuse, ne concédant pas à son fils la possibilité que la sienne soit insurmontable, me crispait. Parce qu'un enfant est le fruit de son éducation, son environnement mais aussi de toutes ces petites choses inconscientes qu'on lui transmet. On n'y peut pas toujours quelque chose, on n'est donc pas forcément coupable mais une chose est sûre, la remise en question doit être de mise.

La deuxième partie m'a un peu réconciliée avec l'auteure, on y lit enfin l'amour et la bienveillance avec parfois même de la compréhension tolérante mais surtout des questionnements. La première partie du récit enferme son fils dans l'échec et la déchéance, la seconde laisse libre et est pleine de compassion et d'attentes.

L'auteure est une femme de la caste des privilégiées qui semble persuadé que « quand on veut, on peut » faisant fi de la société telle qu'elle est. Si certains s'en sortent c'est à priori et à condition que d'autres n'y arrive pas. La société actuelle est construite de sorte qu'il y ait ceux du haut et ceux du bas. Si nous pouvions tous être logés à la même enseigne, il y aurait bien moins de convoitises... Il n'y a surement pas toujours d'explications déterminantes aux ruptures et aux empêchements, il y a la vie et ces blessures face aux rencontres et les ressources que l'on puise en nous.

Je reste dérangé par le récit tel qu'il est présenté, qui titrerait presque de façon voyeuriste : Oyez ce tabou, l'enfant violent face à son pauvre parent ! Je crois que c'est bien plus complexe que cela. Evidemment la violence envers qui que ce soit est inacceptable et intolérable mais être bienveillant ne veut pas dire laxiste et démissionnaire. Il semble nécessaire dès l'enfance de toujours repositionner ses attentes, de confronter ses propres démons pour limiter la passation générationnelle, et surtout, il apparait essentiel de ne jamais figer ses enfants dans ce que l'on imagine d'eux, sous peine qu'il ne puisse plus jamais être autrement. Pesons toujours nos mots pour ne pas déchirer et abimer davantage.

L'histoire de vie de Peggy Silberling est bouleversante et le chemin parcouru est immense mais peut-on dignement penser que parce que nous y arrivons tout le monde peut s'en sortir à force de volonté ? Et finalement qu'est-ce que s'en sortir ? Se conformer ? S'affadir ? Se complaire ? Accepter ? Vivre malgré ? Être bien né ? Avoir eu de la chance ? Être heureux ?

Le récit a des qualités narratives indéniables, une alternance construite comme une intrigue qui pousse à en découvrir toujours davantage. Les passages sur l'enfance de l'auteur son abominablement sublime. L'auteure passe au vitriol son entourage délétère, elle est sans concessions dans sa description des autres mais les fêlures transparaissent et on se demande si finalement cette hargne n'est pas une façon de faire le deuil de son histoire ? D'acter une distanciation avec les meurtrissures pour mieux rebondir ? Si finalement, le discours un peu lisse de la femme sûre d'elle, n'est pas qu'une façade pour éviter l'effondrement ?

Autour de cette lecture :
Deux films récents : My beautiful Boys au désespoir ineffable et l'amour filial véritablement transcendant par Felix van Groeningen également auteur du déchirant Alabama Monroe.
Ben is back de Peter Hedges dont le traitement diffère mais tout aussi poignant.
Les deux portés par des castings talentueux.
Un autre récit: Papa est ce que je peux venir mourir à la maison? de Tony Delsham
Pour la jeunesse : L'herbe bleue d'un auteur anonyme récit ayant accompagné un grand nombres de lecteurs à l'âge fragile où l'on peut basculer aisément.
Un peu de musique : Mano Solo sa voix puissante et ses morceaux déchirants parmi lesquels : Au creux de ton bras ; A quinze ans du matin et bien d'autres.
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Une belle claque que ce témoignage !

Chapeau Madame Silberling pour ce témoignage qui je l'espère sera entendu et aidera des parents à libérer la parole, fera prendre conscience des dysfonctionnements de notre système.

Merci de parler de ce tabou, la violence d'un enfant envers ses parents.

Quel courage, quel preuve d'amour énorme nécessaire pour nous confier votre histoire personnelle.

J'avoue, j'appréhendais, je craignais du voyeurisme, mais non, tout est nécessaire, juste pour comprendre votre parcours, le combat énorme que vous avez mené.

Il en faut une certaine dose de courage, une hargne pour toujours se relever alors que la vie ne vous a épargnée en rien. Une dose d'amour incommensurable.

Peggy nous livre sa vie, son enfance difficile dans une famille dysfonctionnelle ; un père "absent" absorbé par l'alcool, violent ; une mère indifférente, absolument détachée de ce qui peut arriver à sa fille, préférant la traiter de menteuse plutôt que de lui ouvrir son coeur et ses bras.

A 18 ans, Peggy est tout simplement jetée hors de chez elle.

Elle nous raconte son histoire petit à petit alternant avec celle de son fils Evan, un ado qui dévisse sous double influence; celle de substances et celle de Laetitia.

La violence est le trait d'union des deux récits.

Habilement, Peggy Silberling nous livre de petits éléments qui se recoupent en répondant à son enfance.

Une femme qui s'est construite sur des bases et un passé compliqué, jamais rien ne lâche. Elle veut aller de l'avant, toujours malgré toutes les embûches. C'est bien écrit, on a envie de savoir ce qui les relie, comment on arrive à déposer plainte contre son fils.

Oui déposer plainte contre son fils par amour, en ultime recours dans le but de le sauver.

Un témoignage fort, puissant, qui remue.

Les thèmes abordés : le décrochage scolaire, l'addiction, la banalisation des drogues, la violence des enfants à l'encontre de leurs parents, le manque d'écoute de notre société. J'ai aussi été interpellée par le dysfonctionnement de la justice, par les appels à l'aide réguliers d'une mère qui ne sait plus que faire, du manque de réponse des institutions, aide et justice familiales aux abonnés absents. L'inertie de ces services car Peggy avait des revenus, elle ne vivait pas dans un HLM alors est-ce bien nécessaire de lui apporter de l'aide ? le manque de prise au sérieux et les appels à l'aide restant lettres mortes.

Ce qui marque, c'est le manque de moyens mis en oeuvre pour apporter une aide efficace. En tant que mineur, chaque affaire est traitée dans son individualité, il a fallu déposer plainte pour recouper les différentes affaires, pour enquêter et agir ! Une aberration ! La justice aussi trop lente pour permettre aux jeunes de se reconstruire au plus vite ...

Malgré les blessures, les fêlures de jeunesse, la combativité de Peggy est incroyable. Elle ne lâche rien, laisse tomber ses aspirations professionnelles pour sauver ses deux enfants. Quel témoignage bouleversant, indispensable.

Merci Peggy Silberling de l'avoir partagé avec nous, merci à Harold Cobert de lui apporter le soutien et l'aide qu'elle mérite et d'avoir permis l'existence de ce témoignage.

J'espère du fond du coeur qu'aujourd'hui il a permis de reconstruire une famille et de retrouver la vie heureuse que vous avez amplement méritée.

Un coup de ♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Témoignage, c'est ce dont il est question ici. Témoignage comme action de rapporter un fait : que faire lorsqu'un adolescent "dévisse" ? Comment agir en tant que parent, lorsque notre enfant pourtant aimé, pourtant chéri, pourtant protégé emprunte un chemin toujours plus dur, une pente toujours plus droite vers un gouffre qui nous semble sans fond ? Comment agir lorsque l'usage de certaines substances est banalisé, toléré voire encouragé ? C'est ce que Peggy Silberling nous livre, dans un récit courageux car sans faux-semblant, sans compromis et plein d'honnêteté et d'humilité.

Témoignage aussi comme preuve. La preuve que nos adolescents ne sont pas adultes. La preuve que notre système juridique comporte des failles. La preuve que notre système d'assistance sociale est surchargé. La preuve que lorsqu'une femme se bat comme une lionne pour s'en sortir, qu'elle gagne une situation économique stable, cela ne garantit rien, au contraire.

Témoignage comme reconnaissance enfin. "Pour lui" est un récit lourd d'aveux : sans tomber dans un misérabilisme pathétique ni dans un voyeurisme malsain, Peggy Silberling fait état de faits qui se déroulent et se répondent. Son enfance. Sa vie avec Marc, le père de son fils. L'adolescence d'Evan. le parcours de l'auteure force l'admiration ainsi que sa retranscription. le texte se structure autour des ces temps passés et présents pour tisser une toile qui entraine le lecteur et la lectrice dans le combat.

Une lionne. Voilà ce à quoi j'ai pensé. Une lionne magnifique qui n'abandonne pas la partie, endosse les batailles avec tout l'amour et la hargne qui lui agitent les entrailles. Merci infiniment pour ce dévoilement, cette mise à nu. J'espère qu'il pourra permettre de faire bouger les lignes et de rappeler qu'il est de notre devoir et de notre responsabilité de parents de ne jamais lâcher la main de nos enfants.
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" Pour lui" de Peggy Silberling (288p)
Ed.Stock

Bonjour les lecteurs ...

Ce livre est un témoignage, celui de la descente aux enfers de Peggy et de son fils.

Le parcours de Peggy est loin du long fleuve tranquille.
Question galères, elle a donné.

Une enfance au milieu de parents alcooliques, une mère démotivée et un père violent raciste et fan du III Reich !
Elle va cependant rencontrer Mac, le grand Amour et avoir un fils Evan.
Hélas, l'homme de sa vie manifeste rapidement un déséquilibre accentué par la prise de drogue.
Celui-ci finira par se suicider.
Peggy va se battre seule et surprotéger son fils, jusqu'au dérapage de celui-ci à l'adolescence et son entrée en addiction au cannabis.
Le schéma vécu avec le père se reproduit.. violence , pétage de plombs de plus en plus fréquents

L'enfer frappe alors à leur porte au point que Peggy devra porter plainte contre son fils, pour se protéger, mais également sa fille et tenter de sauver Evan.

C'est l'histoire de cette mère-lionne dont la vie n'est qu'une lutte quotidienne pour essayer de surnager et de sauver son fils.
Témoignage très émouvant de cette femme qui se retrouve seule face aux institutions et qui plus d'une fois perdra pieds sans jamais sombrer.

C'est l'histoire d'une femme meurtrie qui est racontée de façon pudique sans jamais tomber dans le pathos.

A découvrir.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
28 novembre 2015, 15 h 30
Je me retrouve en fuite. Déracinée, arrachée. Encore.
Je regarde cette rue que j’ai empruntée tant de fois avec empressement ou insouciance. Elle descend jusqu’aux Grands Boulevards, où j’ai travaillé pendant onze ans. Descendre, c’est le mot. J’ai eu beau partir me percher au sommet du IXe arrondissement, prendre de la hauteur pour m’élancer vers de nouveaux horizons, ça n’a été que la continuité de la chute. Une chute qui s’achève ici, en ce lundi parisien bêtement gris et froid, devant le commissariat.
J’ai l’air d’une Polonaise en exode avec ma grosse valise zèbre. Fuir son propre appartement, ce n’est pas raisonnable. Rien n’est raisonnable dans toute cette histoire.
Les policiers en faction devant l’entrée me dévisagent d’un œil mauvais avec mon barda à roulettes. À un peu plus de quinze jours des attentats du Bataclan, ce genre d’accessoire a de quoi éveiller la suspicion.
Harold, l’homme qui partage désormais ma vie et mes emmerdes, leur explique la situation. J’ouvre mon bagage sur le trottoir, le referme après inspection et nous entrons.
Il y a du monde. Je fais la queue à l’accueil, murmure du bout des lèvres la raison de ma présence et vais m’asseoir le temps qu’un agent de police judiciaire puisse me recevoir.
Je n’en reviens pas d’être ici. Autour de moi se croise un étrange condensé de l’humanité : ceux qui viennent retrouver un proche, ceux qui se sont fait voler leur voiture ou leur scooter, ceux arrêtés pour état d’ivresse ou parce qu’ils ont mis K.-O. quelqu’un qui les avait insultés, tant d’autres vies heurtées, et ceux qui, comme moi, ne devraient pas être là.
Mon portable sonne. C’est Mélodie, ma fille de onze ans. Elle est sortie plus tôt que prévu du collège, son prof de la dernière heure était absent.
Je raccroche. Je suis sauvée. Je me tourne vers Harold : « Je dois aller la retrouver, tu comprends ? »
Harold comprend surtout que je cherche le moindre prétexte pour me défiler et me débiner.
« Je m’en occupe. »
Il rappelle Mélodie et lui donne rendez-vous à Bastille. Il se lève, m’embrasse : « Je vais l’emmener prendre un goûter dans un café. Préviens-nous quand tu reliras ta déposition. »
Il sort.
Je suis coincée. Aucune échappatoire.
J’attends. C’est long. Je décide que, si je ne suis pas passée dans dix minutes, je pars.
« Madame Silberling ? »
Une policière balaie la petite salle du regard. Je lui fais signe et la rejoins.
« Suivez-moi, s’il vous plaît. »
Elle m’emmène dans une pièce impersonnelle, sans fenêtres, avec une table, deux chaises, un ordinateur.
Je m’assieds en face d’elle. Après les questions d’usage concernant mon état civil, elle entre dans le vif du sujet : « Contre qui désirez-vous porter plainte ? »
Je me tais un instant. Combien de fois ai-je dû raconter mon histoire ? Une centaine ? Plus ? Et pour quel résultat ? Rien. Le vide intersidéral.
Je lève les yeux et croise ceux de la policière. Elle m’observe avec l’expression bienveillante de celle qui est rompue à confesser les malheurs quotidiens de l’humanité.
Je me redresse, remets une mèche de cheveux derrière mon oreille, prends une profonde inspiration et, écartelée entre la honte et le désespoir, prononce ces mots qui m’arrachent les entrailles :
« Contre mon fils. »
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Je me sens dépassée. Je ne sais plus comment aborder mon propre fils. Je ne sais plus comment imposer mon autorité à un ado qui fait deux têtes de plus que moi et dont la force physique dépasse désormais la mienne. Je ne sais plus comment lui faire entendre raison ni comment le persuader qu’il doit rectifier le tir, pour son avenir, pour lui.
J’opte pour la fermeté. J’arrête l’argent de poche, je ne veux plus qu’il s’achète de l’herbe avec ce que je lui donne. Joseph accepte de le prendre une semaine chez lui avec Mélodie pour que je puisse souffler un peu et poursuivre mon projet à New York.  p. 51 
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Habituellement, ma mère se tait et ne s’interpose jamais lorsque mon père se défoule sur moi. Mais là, pour une raison incompréhensible, elle s’interpose : elle balance au vieux que je n’y suis pour rien et qu’il aurait mieux fait d’aller se coucher pour cuver. À ces mots, mon père devient fou : « C’est à cause de cette petite pute si je bois! C’est à cause d’elle si on s’engueule tout le temps ! Elle traîne avec de la vermine!»
Il se tourne vers moi :
«Cette fois ça suffit, tu dégages!»
Pour la première fois, je lui fais face et refuse d’être insultée. Devant mon aplomb, il me gifle. Je lui réponds en le fixant droit dans les yeux: «Même pas mal, vieil alcoolique.»
Je remonte en courant dans ma chambre et m’y enferme.
Les hurlements retentissent de plus belle dans les escaliers. Ma mère le supplie de ne pas monter tandis qu’il vitupère, me promettant que je vais prendre une raclée mémorable.
Il défonce ma porte, ceinturon à la main, et se jette sur moi. Je suis coincée entre mon lit et le mur. Aucun moyen de lui échapper. Ses coups me font un mal de chien. Je pleure, je l’implore d’arrêter. Mais la machine infernale est lancée, plus rien ne peut l’arrêter. Ma mère tente d’y mettre un terme. Sans succès.
Mon père m’attrape par les cheveux, me fait dévaler les escaliers, me jette dehors, me balance mes chaussures, mon manteau, et me somme de ne plus remettre les pieds chez lui.
Mon corps est engourdi de douleur.
Il fait froid, c’est l’hiver.
Demain, j’ai dix-huit ans. 
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Je me sens dépassée
Je ne sais plus comment aborder mon propre fils. Je ne sais plus comment imposer mon autorité à un ado qui fait deux têtes de plus que moi et dont la force physique dépasse désormais la mienne. Je ne sais plus comment lui faire entendre raison ni comment le persuader qu'il doit rectifier le tir, pour son avenir, pour lui.
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Evan, très aimable, très poli, très précieux, sert le café et se comporte en fils modèle. En bon fumeur, il enfume son monde.
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