Est-il un seul d'entre nous qui jamais ne s'est questionné sur la Gestation Pour Autrui ? Cette "aventure " est-elle aussi simple qu'on nous la présente dans les reportages ? Et puis... comment croire que face à une caméra, on puisse livrer ses pensées les plus intimes, parfois bien inavouables...
Dans ce roman, "
Le foyer des mères heureuses ", l'auteure,
Amulya Malladi, relate le parcours de deux familles. Celui de Priya et de son époux Madhu, jeune couple Indien établi aux États-Unis, qui se heurte à l'impossibilité de procréer, et celui d'Asha et de Pratap, qui eux, vivent en Inde, et dont la vie se résume à une lutte de tous les instants pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs deux enfants en bas âge.
Dans certaines critiques, il a été reproché à l'auteure l'absence de messages. Je dirai à ce propos que, ne serait-ce que le choix du sujet, et le fait qu'elle mette en relief les inégalités, et en opposition deux mondes qui, de toute évidence, n'ont pas les mêmes mesures, en est déjà un. Elle nous soumet un ouvrage, certes, sans prétentions, mais nous engage à nous questionner, en laissant à chacun la latitude de se forger ses propres convictions.
Le lecteur passe alternativement du monde de Priya, jeune femme nantie tenaillée par un irrépressible désir de maternité, qui "louera" un ventre qui "hébergera" l'enfant auquel elle aspire de tous ses voeux, à celui d'Asha, jeune paysanne, qui n'aura d'autres choix que celui de revivre "les joyeusetés" de la grossesse, et de porter un bébé dont elle devra se séparer, sous peine de ne pouvoir offrir une vie décente à ses deux enfants.
Le personnage d'Asha m'a beaucoup plus touchée, mais les principales protagonistes sont, somme toute, plutôt attachantes, même si Priya m'a par moments un peu agacée. Leurs questionnements respectifs dévoilent des aspects de cette situation pour le moins singulière auxquels je n'avais jamais pensés.
Pratap, l'époux d'Asha, homme dur à la tâche, attentif et aimant, ne peut susciter que de la sympathie. Pour autant, il m'est arrivé de me le figurer comme un être vénal. Un homme est-il en droit, moyennant finances, de disposer du corps de sa femme ? Mais... en viendrait-il à pareilles extrémités s'il n'y était pas contraint. S'il n'existait pas tant de disparité entre les Hommes ?
L'auteure s'attaque à un sujet qui bouscule les codes et les normes, soulève la question des valeurs morales, fustige les riches qui n'ont de cesse de mener bon train de vie au détriment des pauvres, et je terminerai en disant que, pour plusieurs raisons, cet ouvrage a le mérite d'exister. Il est bien écrit, traite d'un sujet de société, et pas des moindres, et induit le lecteur à méditer sur bon nombre de thèmes évoqués.
Ne devrions-nous pas, parfois, apprendre à nous incliner ? Et à accepter que la vie puisse ne pas nous donner tout ce à quoi nous aspirons ?
Pouvons-nous mettre sur le même pied d'égalité le "Droit à l'enfant ", et celui de s'alimenter ? Ou de respirer ?...
N'est-ce pas exercer sur la Nature une autorité tyrannique et dictatoriale, que de lui arracher, et ce, à n'importe quel prix, ce à quoi nous n'entendons
renoncer ?