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EAN : 9782213645872
592 pages
Fayard (11/01/2006)
4.57/5   7 notes
Résumé :
NOUVELLE ÉDITION ACTUALISÉE.Pourquoi le monde occidental, à partir des années 1980, est passé avec armes et bagages au néolibéralisme: une véritable enquête menée par Serge Halimi, qui débute aux Etats-Unis et se ramifie en Grande-Bretagne et en France. Étude qui touche le milieu politique et économique et leurs deux principaux relais, les intellectuels et les médias.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ne perdons pas de temps : ce livre est une Bible. LA bible pour comprendre l'idéologie néo-libérale et sa mondialisation progressive !! L'auteur a fait un travail d'historien remarquable. Et bien plus. Genèse des idées resituées dans leur contexte historique, illustrations sociologiques des faits, anecdotes, discours de personnalités politiques, approche journalistique. La somme des connaissances de l'auteur est hallucinante (je n'ai cessé d'éprouver de la honte vis à vis de mon ignorance lors de ma lecture, et ce, à chaque page).

Je ne peux que recommander cet ouvrage. Il permet véritablement d'ouvrir les yeux sur notre monde politique d'aujourd'hui. Et peut-être aussi, de désespérer profondément. Une fois refermé, de nombreuses images restent gravées dans la mémoire pour réveiller cette émotion politique par excellence : l'indignation. Comment oublier ce que le parti travailliste a fait en Nouvelle Zélande dès les années 83 et que la France a pourtant admiré ? Comment oublier les stratégies abjectes de Reagan - qui était acteur de cinéma - pour alimenter un racisme afin de conquérir un électorat de petits blancs modestes qu'il a saignés et exploités, taxés d'impôts ? L'hypocrisie des discours qui refusent de voir leur inefficacité ? L'invention des chiens de garde du capitalisme que sont l'OMS, le FMI et l'OCDE qui rêvent de détruire le SMIC au nom d'une conception économique néo-classique totalement erronée et qu'on retrouve encore du reste sous la plume de certains aujourd'hui (je pense à Philippe Simonnot) ?

Pire qu'un film d'horreur. Mais en livre.
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[Extrait de l'article "TUGPÉUA #26 Spécial essais"]

Serge Halimi n'est pas du menu fretin. Directeur du Monde diplomatique, journal (à peu près) indépendant à la grille de lecture marxiste, sympathisant avec les altermondialistes de Gênes 01, il est la bête noire des libéraux dont il dissèque les méthodes peu reluisantes dans ce petit pavé de 700 pages. Comment l'économie capitaliste dérégulée a-t-elle pu s'imposer à ce point à partir des années 80 ? L'auteur n'y va pas par quatre chemins : parce qu'elle s'est alliée aux conservateurs et réactionnaires de tout poil, tandis que la gauche pour la concurrencer a accepté de mettre de l'eau dans son vin ou de ne plus s'intéresser aux questions économiques.
Il s'agit ici avant tout de rédiger une histoire économique et sociale des décennies précédant la crise de 2008. L'auteur ne se disperse pas en tentant de justifier à tout prix le socialisme face aux multiples attaques qu'il dépeint ; en revanche, il confronte les idées libérales à la réalité et n'hésite jamais à insérer une pointe de sarcasme.
Les seuls reproches que je pourrais faire au livre sont les mêmes que pour beaucoup de critiques de gauche (y compris celles que je faisais moi-même il y a un ou deux ans) : on ne définit jamais clairement les termes « néolibéralisme » et « ultralibéralisme » ; il aurait peut-être fallu un glossaire. Sachant que les libéraux, mais aussi Gaël Giraud, considèrent que des termes comme « néolibéralisme » sont plus des mots fourre-tout que de vrais mouvements, il aurait été intéressant que Serge Halimi conteste ce point de vue. le néolibéralisme serait-il le monétarisme et l'ultralibéralisme le libertarisme ? Visiblement pas. Plus anecdotique, il y a ce moment où l'on déplore que les (fameux) militants des campus américains ne s'intéressent plus aux rapports de force au sein de la production mais uniquement à se faire les plus inclusifs possibles sur les questions de culture et de genre. Je suis loin d'être en désaccord avec tout ce qui est développé ; mais je pense que le socialisme n'est pas opposé au multiculturalisme, bien au contraire.
Du reste, quel plaisir ! On a là un ouvrage dense, long, exhaustif, exigeant mais jamais décevant, servi par un style efficace mais jamais inexistant. Des tas de personnalités politiques passent à la moulinette pour le plus grand plaisir des gauchos comme moi, dont je tairai le nom pour garder un semblant d'objectivité dans mes critiques. Pour tous les militants anticapitalistes, le grand bond en arrière constitue donc une référence dont on serait bien en mal de se passer.
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Un homme, Robert Mc Namara, a incarné la génération arrogante des "best and brightest" américains, souvent démocrates, dont l'intelligence et l'expertise devaient piloter la planète. Ministre de la Défense au moment de l'escalade militaire des États-Unis en Indochine, il avait prévu que la résistance vietnamienne serait promptement détruite par les « forteresses volantes » et, sur le terrain, par une politique de "pacification". (...) Est-il utile de préciser que Robert Mc Namara n'était pas spécialiste de l'Asie du Sud-Est ? Il l'admit... beaucoup plus tard : "Je n'avais jamais été en Indochine. Je ne connaissais ni l'histoire, ni la langue, ni la culture, ni les valeurs. Mes collègues et moi décidions du destin d'une région dont nous ignorions tout". Une science aussi exceptionnellement myope débouchant toujours sur une récompense, Robert Mc Namara devint ensuite directeur de la Banque mondiale.
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La modestie de la tâche des néoprogressistes éclaire la lecture de leurs travaux. Tantôt ils rappellent les platitudes de la doxa managériale et de son écriture automatique replète des mots "défi", "moderne", "crise", "complexe", "nouveau". Tantôt ils évoquent, plus simplement, la lecture des journaux de la veille. L'écart entre ces deux registres reste assez ténu pour que la transition de l'un à l'autre ne soit pas trop éprouvante. Les textes puisés dans la boîte à idées du social-libéralisme sont ajustés à la médiocrité des pages « Idées » des quotidiens « de référence », qui d'ailleurs en font leur pitance.
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Souvent abandonnée à des intellectuels de petit calibre désireux de prendre dans les médias la revanche de la concession que leurs pairs ne leur ont pas offerte, la vulgate à la mode ne va cesser d'associer communisme et hitlérisme, d'évoquer une complicité des "totalitarismes" contre les "droits de l'Homme" à la sauce américano-britannique. Ainsi, les liens URSS / Allemagne nazie entre 1939 et 1941 ont fait l'objet de mille articles, enquêtes, dossiers spéciaux, émissions de télévision à grand spectacle, souvent bourrés d'erreurs historiques. La complicité, réelle, documentée, entre capitalisme britannique et fascisme italien, franquisme et Troisième Reich, de 1936 à 1940, a paru en revanche moins affriolante. Quant au repêchage, au lendemain de la chute de Berlin, de hauts dignitaires nazis par des services secrets américains mitonnant la prochaine guerre froide, il n'en serait presque plus jamais question.
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Le marché s'installe, y compris dans nos cerveaux, obligés de comparer en permanence les prix et les services, comme si notre intelligence du monde devait être orientée vers un savoir-faire de consommateur. Et puis, il y a les écoles qu'on met en concurrence pour pouvoir orienter dès le plus jeune âge ses enfants vers les meilleurs lycées, qui eux-même préparent au meilleures universités. Sans oublier les hôpitaux, les villes, les régions qu'on classe pour apprendre comment échapper au destin peu prometteur de qui ne privilégie pas à chaque instant son salut individuel. Diversions, palmarès, consommation, narcissisme : chaque fois la presse est là, comme elle était déjà aux fourneaux pour casser les syndicats, chanter les « réformes », héroïser les riches.
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Que la gratuité des études supérieures disparaisse, remplacée par des frais élevés que les étudiants ne peuvent acquitter qu'en ayant recours aux banques, et ceux-ci en viendront plus volontiers à sacrifier les sujets qui ne « rapportent pas », les humanités par exemple, à se préoccuper de monnayer très vite leur diplôme afin de rembourser leur pesante créance. Ainsi, dans leur esprit même, leur formation intellectuelle, leur éducation aura été transformée en investissement sans qu'une campagne de propagande particulière eût été nécessaire. Peu à peu, l'université de qualité se fond dans le moule de la business school.
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