Voici un texte inédit d'un auteur oublié. Juan Rodolfo Wilcock, écrivain argentin devenu figures des lettres italiennes, nous propose ici une série de portraits fictifs. Entre lucidité et férocité il met en scène des hommes et des femmes du commun qui subissent diverses métamorphoses. Qu'il s'agisse d'un géomètre, d'un archéologie, d'un théologien, d'un comptable, d'un écrivain ou d'un préposé aux PTT aucun corps de métier de semble épargné par ces transformations. Ainsi un sémiologue devient singe, un critique est farci de vers, un arpenteur s'érode ou une jeune fille se décompose, tandis qu'un cendrier humain peine à refaire sa vie.
Malgré l'incongruité des situations l'auteur se garde de tout jugement et se pose ici en simple observateur des phénomènes. Un recueil de mythes modernes qui mélange grotesque, horreur et tragi-comique avec brio.
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Tout le monde dit que Gaio Forcelio est pire qu'avant : sur ses deux lobes frontaux ont pointé les deux tentacules classiques, dits "du romancier engagé", mais plus longs, et un peu plus effilochés que chez les autres romanciers engagés ; par ailleurs le reste du corps est devenu semblable à une grosse huître sans coquille, étalée sur le fauteuil, avec tous ces petits bras qui écrivent, écrivent chacun son roman, des histoire de classes sociales qui se jettent les unes contres les autres la gueule ouverte, comme des crocodiles, et à la fin se marient ; ou bien, selon l'humeur du jour, se retirent dans un monastère. (p. 57)