Le 28 mai 1834, à St-Étienne, un grand inconnu des Lettres mettait violemment fin à sa vie jeune encore, après avoir dit adieu à trois poètes de son âge tendre et de son cercle familier, F. Coignet, Antonin de Sigoyer et A. Couturier, qui publieraient incessamment ses poésies posthumes sous le titre de Feuilles au Vent^ par Aimé de Loy, et dont Mme Desbordes-Valmore annonçait à l'éditeur Charpentier l'envoi, le 16 mars 1840, en ces termes :
« Chargez-vous de vendre un beau volume d'Aimé de Loy. Bien qu'imprimé à Lyon tout récemment, il est beau. Le poète est hors ligne, mort tout jeune et fatalement. M. de Sainte-Beuve doit vous en parler et en parler lui-même
publiquement. L'éditeur Boitel, de Lyon, demande si vous voulez vous charger de quelques volumes en dépôt, et comme il ne connaît pas une âme (que la mienne très solitaire à Paris, près de fuir encore vers Lyon), il désire que vous vous chargiez des annonces et demande ce qu'elles coûteraient, afin de vous rembourser cette avance. Il est sûr, et cette publication est pour lui une œuvre de cœur ; car il était l'ami d'Aimé de Loy qui nous a tous rendus bien malheureux, en se tuant !... »
C'était donc votre mort que vous chantiez, poète,
Quand votre voix jeta, sa plus tendre clameur,
Comme le cygne antique errant sur l'eau muette
Dans les derniers frissons d'une fièvre inquiète,
Qui chante et pleure et meurt !
Et moi, qui vis vos yeux pleins d'ardente lumière
Sur mon obscur chemin passer, comme un flambeau ;
Moi, faible, destinée à mourir la première,
Me voilà donc vivante et seule à cette pierre
Qui fait votre tombeau !...