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EAN : 9791024217758
152 pages
Dervy (04/01/2024)
4.67/5   3 notes
Résumé :
La découverte étonnante d`une franc-maçonnerie au plus profond des bois.Le charbon de bois est l`énergie indispensable qui monte en puissance du XVIe jusqu`à la fin du XIXe. Ce matériau alimente les hauts fourneaux amenant à l`apogée de la civilisation de l`acier, avant son remplacement par la houille. Ce charbon de bois est produit au détriment des forêts françaises, mises en coupes réglées. Le charbonnier, métier difficile nécessitant un savoir-faire certain est r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cet ouvrage peut se diviser en deux grandes parties.
La première est historique : le charbon de bois, désormais « has been » sous nos latitudes hormis lors des barbecues estivaux, a constitué le carburant de la première industrialisation avant de se voir supplanté par le charbon « de terre ». L'auteur décrit avec précision les techniques utilisées pour obtenir le charbon de bois. Il n'oublie pas la dimension sociologique en détaillant la vie quotidienne des communautés sylvestres puisque la fabrication charbonnière était une affaire familiale. Les charbonniers formaient des populations mouvantes se déplaçant en fonction des ressources et provenaient de régions européennes variées. Métier de galérien mais métier d'hommes libres, le charbonnier fascinait et inquiétait par son artisanat qui n'était pas sans évoquer la sorcellerie.
La deuxième partie de l'ouvrage s'intéresse aux interactions entre cette profession et la Franc-maçonnerie. Avec l'humilité d'un chercheur qui sait que ce domaine de l'histoire est délicat : il se situe à l'articulation de l'intime et du public. Daniel Boucard expose le fruit de ses recherches dans un style précis qui évite le vocabulaire trop savant. Un glossaire favorise la compréhension, initiative judicieuse car les termes employés ne font pas partie du registre quotidien.
La Franc-maçonnerie, par essence discrète, est entourée de légendes. Certaines sont noires. Les francs-maçons ont parfois contribué à alimenter l'opinion négative qui fait le délice des journalistes spécialisés dans les marronniers. Mais, en prônant l'universalisme et le respect des opinions, en questionnant inlassablement les idées reçues et les dogmes, la Franc-Maçonnerie a toujours soulevé l'animosité des extrémistes politiques et des institutions religieuses, ce qui confère à cette institution une démarche progressiste indéniable. L'objet de ce livre n'est pas de dénigrer ou d'encenser la maçonnerie mais, comme le disent, paraît-il, les « frères et les soeurs » d'apporter une pierre à l'édifice, ici, en l'occurrence, un pan de l'histoire culturelle.
L'auteur rappelle notamment qu'il est difficile de déterminer si la « Charbonnerie » s'est inspirée de la maçonnerie ou du compagnonnage. Ces deux mouvements voisins présentent des différences notables dans leurs modes de fonctionnement, leurs objectifs symboliques ou opératifs et leurs procédures de recrutement. Dans cette deuxième partie, l'auteur décrit les rituels des réunions de ces « cousins » charbonniers. Il délivre de nombreuses clés permettant de montrer les différences et les points communs entre ce mouvement et la maçonnerie depuis le XVIIIème siècle jusqu'à nos jours puisque la « Franc-maçonnerie des bois » est ranimée depuis quelques décennies. Pour expliquer ce (timide) renouveau, Daniel Boucard émet l'hypothèse selon laquelle l'écologie et l'urgence climatique redonnent à l'idée sylvestre une seconde jeunesse. La maçonnerie de bois propose une alternative à la maçonnerie de pierre, héritière des bâtisseurs de cathédrale. En paraphrasant ce bon vieux Charly, la Nature n'est-elle pas un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ? Rien d'étonnant à ce que l'humanité y passe à travers des forêts de symboles !
Cet ouvrage devrait ravir les amateurs d'histoire. Il nécessite sans doute des pré-requis sur l'histoire de la Franc-Maçonnerie, branche longtemps méconnue y compris dans les recherches universitaires. Ces dernières années, Roger Dachez et Pierre Yves-Beaurepaire, je ne cite que ceux que j'ai lus lorsque j'ai repris mes études il y a une dizaine d'année, ont contribué à éclairer ces formes particulières de sociabilité. Je remercie Babélio et aux éditions Dervy, de m'avoir permis par cette instructive masse critique de me dérouiller un peu les neurones.
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C'est en lisant Les maîtres sonneurs de George Sand que j'ai découvert l'univers des charbonniers.
Grâce à cet essai, j'ai pu mieux comprendre le métier de charbonnier.
Ces charbonniers effectuaient un métier dur, isolés dans les forêts, ils n'étaient pas visibles. Pourtant, leur importance économique était vitale pour l'industrie qui consommait alors énormément de charbon de bois.

« Si la fonte dans les hauts fourneaux avec le charbon de bois a perduré plus longtemps en France, c'est que ce produit était jugé bien meilleur, d'une excellence inégalée par rapport à la houille ».

Pour produire ce charbon à partir de bois, la transformation était longue et complexe. Il fallait ériger une meule selon un savoir-faire bien codifié. Puis, lorsqu'on y avait mis le feu, c'était une surveillance de tous les instants. le travail était exigeant et pénible. La vie familiale dans des cabanes rustiques, au milieu de la nature et loin des lieux habités, ne facilitait pas l'intégration. Et les enfants devaient, dès leur plus jeune âge, aider à la tâche.

« Les charbonniers se sentaient rejetés comme rejetés et ignorés. Ils n'avaient que très peu de liens avec les habitants du pays d'accueil et avaient conscience d'effectuer un travail de « galériens » parfois proche de l'esclavage. »

De nombreuses légendes circulent comme celle qui raconte que François 1er, égaré dans une forêt, aurait profité de l'hospitalité d'un couple de charbonnier, de là viendrait l'expression « Charbonnier est maitre chez soi ».
L'isolement des charbonniers, leurs conditions difficiles, les ont poussés à se constituer en société solidaires, le cousinage appelé « Les Bons Cousins Charbonniers ». Ces sociétés secrètes se sont mêlées aux loges franc-maçonniques, respectant ce rite du secret et des rituels.

« L'assemblée de novembre est le point culminant de l'initiation des briquets, jeunes adolescents en mesure de devenir compagnons. »
Les réunions secrètes, appelées « Vantes », se tenaient dans les forêts. Elles perdurent encore en Bretagne pour réfléchir sur le devenir des arbres et la gestion écologique des forêts.

Très bien documenté, cet essai aborde de façon claire et détaillée un métier oublié et méconnu ainsi que son organisation en sociétés secrètes.
De nombreuses illustrations accompagnent le texte.
Un glossaire explique les thermes techniques comme le nom des outils employés.

Je remercie les éditions Dervy et Masse Critique de Babelio pour cette découverte d'un métier peu connu.
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Ludique, précieux, et perfectionniste, cet ouvrage de Daniel Boucard est documenté avec des gravures d'époque, des images, telles, celles d'Épinal. Surprenant et excellent, il relève d'une conférence, voûte boisée en pleine clairière. L'image est belle car nous apprenons beaucoup. Nous retenons la saveur d'un texte respectueux envers l'idée même de la transmission.
Les chapitres sont éclairants et rassemblent l'épars d'une façon judicieuse.
« Les charbonniers étaient pour la plupart des chrétiens. »
C'est un métier digne de la glorification du travail. Empreint de rigueur, de foi et de volonté.
Dans l'orée verdoyante, la nature pour alliance, et la concorde de travailler, certes, seul, mais en fusion mentale avec son frère d'une corporation digne des Compagnons du Devoir.
On aime « Les Rituels des bons cousins charbonniers » « Organisation et rituels forestiers une franc-maçonnerie des bois ». Superbe et initiatique, dans le souffle d'une passation d'un savoir ancestral, d'une ligne de conduite à suivre coûte que coûte.
Ce documentaire lève le voile sur le métier de charbonnier, mais pas que. « Les bons cousins charbonniers » est un outil historique. Les habitus ancestraux, et la transmission d'un travail à visée symbolique. Rien n'est inné. Tout est à sa juste place. le charbonnier, méritant et indispensable, savait d'une matière noble, le bois : promouvoir un combustible : le charbon de bois. Certes, l'origine vient de l'Antiquité, jusqu'à notre présent, où les granulés de bois insérés dans nos poêles à bois contemporains, sont la copie pâle du charbon de bois.
Ce dernier, crucial et majeur, nourrissait les hauts fourneaux qui s'élevaient jusqu'à 6 et 8 mètres de haut. L'écologie n'était pas inscrite au cadran de l'heure, et les forêts disparaissaient à vue d'oeil.
Cet essai de rites et de sciences-humaines, enserre une géopolitique douce et conquise. La sociologie et l'idiosyncrasie d'une communauté d'hommes, élus à la terre-mère, à la canopée, et au sylvestre macrocosme. Tout était en ordre de marche, l'organisation au cordeau et le respect du geste parfait. L'effort gagnant et la beauté de se sentir appartenir à une confrérie du terroir, bercée de paraboles. Un rituel essentiel et qui change à jamais le charbonnier en homme idéal. L'entraide et la solidarité, les outils à double langage, entre la rectitude et la compréhension des intériorités. Une Franc-Maçonnerie des bois, triangle et sous-bois où gravitent les charbonniers en parfaits connaisseurs d'eux-mêmes. de nos jours, le rite se perpétue. Pavlovien et secret, intime et vaste à la fois.
« Si la révolution charbonnière n'a pas pu se faire, il reste à faire aujourd'hui la Révolution Verte. »
Alias : le combat écologiste.
Que dire des cabanes, comme des temples, où le secret est le même. le sacre du devoir et cette hiérarchie à l'instar d'une voie qui deviendrait universelle. La croisée des chemins, les rites qui se rejoignent. L'union qui fait la force. En pleine nature ou au plus profond de la terre, compagnon ou maçon, la devise est la même : l'amour pour l'humain et la beauté de la création intérieure.
Ce livre est le tracé de l'homme dans les bois, la conviction du travail bien fait.
La Franc-Maçonnerie et ses multiples visages. Ce livre est doré à l'or fin, à l'art du travail. Ce livre est le mur porteur d'une Franc-Maçonnerie des bois. Les rites forestiers sont les saisons de la vie. Lorsque le végétal ouvre le rideau d'un rituel infini. Cet essai bercé d'Histoire est la clef de voûte des mots qui se murmurent entre les mousses et les gestuelles d'empathie pour l'humanité. Retenir les racines, l'homme et le bois. La main et l'outil. le charme d'un livre qui brusque l'entendu. La forêt regain, inlassable qui délivre ses mystères et qui fascine pour toujours l'homme. La camaraderie loyale et soudée. Les hommes en confrérie d'idéal. L'ésotérisme jusqu'aux cimes. Un rai de lumière perce les pages de cet essai érudit et bénéfique. Lorsque l'opératif et le spéculatif s'assemblent !
Publié par les majeures Éditions Dervy.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Moment solennel, on peut alors procéder à l'allumage. On introduit par le petit conduit allant au centre une perche au bout de laquelle brûle une boule de résine enflammée.
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