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EAN : 9782825145371
100 pages
L'Age d'Homme (20/08/2015)
4.13/5   15 notes
Résumé :
Assises devant les maisons, les femmes raccommodent les mailles déchirées des filets. Leurs doigts sont gercés ; par habitude ils ne saignent plus. Elles parlent des hommes, de la mer, elles parlent des mains affolées qui s'agitent au bout des quais, des lèvres qu'il faut pincer car au fond de la bouche cogne la nausée des grandes peurs, des tumultes du cœur quand l'attente a le souffle de la cire et de l'encens, elles parlent, elles chantent, et leurs voix co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La masse critique de Babelio me permet de découvrir des maisons d'édition et des auteurs rares en librairie et que je n'aurais certainement jamais lus . Et quelle découverte cette fois-ci ! Les Milles veuves est mon premier coup de coeur de ce début d'année.

Je n'ai jamais rien lu qui ressemble aux Mille veuves de Damien Murith.

Ce court roman est une succession de poèmes en prose qui nous racontent la vie d'hommes et de femmes vivant dans un petit port. Chaque petit chapitre est le portrait d'un homme ou d'une femme ou le tableau d'un paysage maritime. Mis bout à bout, ils forment la fresque d'un village de bord de mer des siècles passés. le quotidien de ce port est fait d'attentes pour les femmes et de départs renouvelés pour les hommes. Mathilde tremble ainsi chaque instant : de peur que Gilles ne revienne pas de son voyage en mer et de crainte qu'il reparte encore et toujours lorsqu'il est enfin revenu. La mer est l'héroïne du roman: la rumeur de ses vagues tumultueuses ou paisibles est un murmure qui parcourt toute l'oeuvre. Elle est au coeur du destin de tous les personnages : elle est le décor omniprésent et, telle une Parques, elle fait vivre ou mourir les hommes. Aux plaintes des épouses et à l'écho des vagues se mêle la voix d'une sorcière, rejetée par tous, qui maudit ces marins possédés par l'envie de voyager et ces femmes qui attendent patiemment et avec terreur leur retour.

Ce court roman est d'une puissance et d'une beauté extrêmes. le lecteur est happé et envoûté par les voix fantasmagoriques de cette mer dangereuse, de cette sorcière, de ces hommes en mal d'aventures et de ces femmes inquiètes. L' écriture m'a fait penser à celle de Colette: elle est sensuelle et incantatoire. Elle se lit à voix haute pour profiter de chaque mot. Grâce à cette écriture sensuelle, Les Milles veuves sent les odeurs douces et amères de la mer, du sel et des algues, le bruit des pages qui se tournent et les allitérations et assonances du texte nous font entendre l'écho des vagues.
Poème en prose, conte de sorcière, chant de marins, tragédie bouleversante, Les Mille veuves est tout cela.

Merci à Babelio et aux éditions L'Âge d'homme.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
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Ce titre. Oh, ce titre. Il m'a interpelée. Il a attisé ma curiosité. M'a hurlé « Pourquoi pas 10 ou 100? Mais 1000? ». J'ai trouvé que c'était vrai. Pourquoi ce chiffre? Surtout, pourquoi des veuves et non des femmes, tout simplement? Un monde énigmatique qui tente, par tous les moyens, à lever un coin du mystère. C'est un peu, une invitation à suivre, à écouter les mots et à me faire une idée de leur récits. Ces mots racontent un monde. Des hommes, des femmes, des destins. Avec un seul lien: la mer et son immensité.

La vie est réglée par les humeurs de la mer capricieuse. Cet être jaloux qui vole aux femmes leur amoureux. Ces derniers se laissent porter au creux des vagues enivrantes et bercer par le vent jusqu'au repos éternel. Mathilde aime son homme, Gilles, qui sent bon le sel marin et les algues. Un homme qui se laisse porter par l'appel de l'océan. Comme toutes les femmes, elle le voit prendre la mer, la peur au ventre et avec un arrière-goût d'un départ sans retour. Son amour insuffle la vie à son marin et ses bras lui rappellent le bonheur qui l'attend à quai. Qui l'attendra éternellement. n'entend t-il pas ses silencieuses larmes nocturnes? Ne se rend t-il pas compte de ce voile qui se pose, chaque jour, un peu plus sur son regard étincelant?

La plume poétique de l'auteur nous emmène dans un monde de femmes et d'hommes vrais. Des hommes et des femmes qui lisent l'avenir sur la mousse qui embrasse les vagues. Leur coeur bat au rythme des retours au port des bateaux. C'est un monde que l'on découvre sur la pointe des pieds, que l'on épie de loin. Cet écrit nous tient en haleine sur les destins de ces gens de la mer. C'est une lecture qui nous enlève, nous emporte, avec plaisir, dans les humeurs du monstre sans coeur qu'est l'océan. de son rôle dans le quotidien de ces femmes d'une forte faiblesse. Tout est dans la poésie des mots qui peuvent briser une âme.
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Surprise par ce livre percutant, douloureux, sombre mais à la fois immense et grandiose.
Des chapitres courts mais écriture dense et prenante.
Une déferlante bouleversante, forte, cruelle et si belle à la fois qui se meurt sur la grève en un long soupir.
Un hymne à la mer, envoûtant et douloureux.
(sélectionnée par la dernière masse critique, et vous en remercie).
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Reçu suite à la dernière Masse critique Babelio (Merci !), ce livre est une double découverte : celle d'une maison d'édition et celle d'un auteur. Petit livre court, composé de brefs chapitres, il est au rythme du ressac rapide de la mer. Roman sous forme de poésie en prose, genre littéraire que je connais mal et qui ne m'attire pas, les premières pages du livre m'ont donc décontenancée... et puis tout de suite, un souffle, une puissance, une déferlante s'abat sur vous et vous êtes emporté. J'ai vite oublié le genre et ai vogué sur les mots et la beauté de ce livre. Nous sommes à la fois marins, femmes, l'attente, la mer, l'hiver, la nature, la nuit, les éléments déchaînés... Rares sont les romans où notre esprit n'a pas de prise sur le déroulé de l'histoire comme ces hommes face à la mer. Les mille veuves parlent d'une voix, respirent du même souffle, font corps. Et puis il y a l'histoire de Mathilde et Gilles, Mathilde qui à trop vouloir protéger son homme, le conduit à sa perte. Seul hic, la voix de la sorcière... finalement était-ce utile ? Mais globalement, un très beau texte intense et iodé.
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Je vais faire une chronique sur l'ensemble du triptyque, à savoir La Lune assassinée, Les Mille veuves et le Cri du diable.

Chaque livre peuvent se lire indépendamment et dans le désordre.
Chaque livre raconte la noirceur de l'esprit.
Chaque livre a une écriture minimaliste, où chaque mot n'est pas là par hasard, où chaque phrase est lourde de sens, où chaque page est un court chapitre.
Dans chaque livre le vide est très important, que ce soit graphiquement avec des pages qui semblent être vides de mots mais pas de caractère ; tant que dans le coeur des personnages, un vide à remplir ou un coeur vidé, de sentiments, d'émotions, de sens ou de sang.
Dans chaque livre, la poésie se fait histoire et l'histoire est poétique.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je suis la boiteuse, la tordue, la désarticulée.

Ils me disent : "Vilaine !", ils me disent "Sorcière !", et leurs yeux brillent rouges comme ceux des fous.

Qu'ils me pendent ! Qu'ils me brûlent ! Mes lèvres auront toujours assez de force pour cracher.

Mon corps est une ruine; les ronces le rongent. Comme des larmes, elles pénètrent ma chair, lacèrent peau, muscles, tendons, enserrent mes os qui se fendent, qui éclatent comme la roche quand le gel étrangle, et dans mes veines vibre un sang barbelé, il cherche le coeur, le trouve, le met en pièce, la douleur m'assiège, elle brûle, elle écrase, elle arrache, elle crucifie, ma bouche aux sourires morts s'ouvre, crie : "Vos âmes sont des taudis, je vous hais ! je vous maudis ! et avec mes ongles, je gratterai la terre pour y creuser vos tombes !".
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Le froid a roulé le long du mur , il dessine sur la vitre des toiles de cristal.

Mathilde aperçoit le reflet de son visage, et les toiles de cristal sont des rides qui se collent à ses joues, qui les creusent, qui les érodent, comme fait l'eau des rivières avec la pierre, comme font les larmes avec la peau, alors son ventre se serre, se noue, et dans la chambre désolée se répand le parfum gris des fleurs fanées.
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Le ciel est lourd et bas ; les nuages comme des forçats le tienne à bout de bras.
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L’eau froide de la mer ruisselait sur mes épaules, faisait autour de mes hanches comme une crinoline d’argent, et ses mains tremblantes qui doucement venaient vers moi, d’une brasse impatiente l’ont défaite.
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Les méduses flottent par centaines ; la mer est un champ d’orties.
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