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EAN : 9791092667172
276 pages
az'art atelier editions (30/09/2016)
2.8/5   5 notes
Résumé :

On m'a volé ma vie en me prenant la leur.
Je me suis emmuré, j'ai fui, j'ai disparu, j'ai été seul.
J'ai écouté passer le temps, qui ne fait pas tant de bruit.
Les portes s'ouvrent et se referment.
Devant moi.
Derrière moi.
Elles étouffent et gueulent des sons.
Homme d'images, de cinéma, de télévision, Jean-François Dion vit aujourd’hui dans le Lot-et-Garonne...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« On m'a volé ma vie en me prenant la leur. Je me suis emmuré, j'ai fui, j'ai disparu, j'ai été seul. J'ai écouté passer le temps, qui ne fait pas tant de bruit. Les portes s'ouvrent et se referment.  Devant moi. Derrière moi.Elles étouffent et gueulent des sons. »
Le narrateur ouvre et ferme les portes de sa mémoire pour raconter sa vie d'avant et d'après l'accident qui a coûté la vie à sa femme et son fils. La porte de sa vie d'avant se ferme, tout comme celle de l'hôpital. Tout bascule, et ce sont les portes de la prison qui se font entendre. L'homme éprouve le besoin d'une retraite dans un monastère. Là aussi, les portes se ferment le temps de son hébergement. Un jour, elle s'ouvriront.
Un livre pas facile à résumer pour ne pas trop dévoiler les évènements tragiques. Et puis, c'est le cheminement mental du narrateur qui est important avec les allers et retours dans ses souvenirs, comme des flashs. Je suis son cheminement qui l'emmène vers la vengeance puis la rédemption, de la douleur atroce, du besoin d'aller sur les lieux de l'accident jusqu'à une certaine sérénité (même pas certaine que le mot soit juste). J'ai aimé le temps du monastère où, petit-à-petit, la quiétude des lieux agissent sur lui. Un temps d'arrêt et de repos propice à la réflexion pour cet homme qui n'a pas la foi. « Je ne crois pas en Dieu, c'est la foi qui m'attire. La foi. Croire. Croire à l'invisible. Accueillir des certitudes….Et quand par illusion imprudente, restant pourtant caché, je pose mes yeux sur elle, et que le désir d'elle me prend, cette garce me hèle et me convoque, m'aguiche, m'incite, me racole. Et me fuit ». Une réflexion que je pourrais faire mienne.
Non, il ne regrette pas son geste, il devait le faire, même si cela ne lui apporte pas la sérénité, d'ailleurs, il s'en doutait.
Avez-vous remarqué le titre, les portes ne font pas de bruit, elles émettent des sons, c'est là toute la différence. Sons différents selon les lieux et instants. J'aime ce titre tout comme l'écriture lente, minutieuse, qui prend le temps de la réflexion, de la description, le temps de l'observation de l'Ange... J'entends le bruit des pas dans le monastère, les bruits des portes dans la prison. Je le vois, ombre parmi les autres. Je suis sa très lente et laborieuse reconstruction ou plutôt, le cheminement de sa vie, car, comment se reconstruire après un tel drame, la vie continue, c'est tout et le narrateur doit faire avec.
Je regrette quelques passage un peu trop pontifiants, redondants, mais je n'ai pu lâcher le livre qui une fois refermé amène des réflexions sur la vie, la mort, la perte d'êtres chers, la solitude qui en découle. le besoin de vengeance est-il inéluctable ?
Un bon texte, un nouvel auteur et une maison d'éditions à suivre.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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J'ai acquis cet ouvrage un peu par hasard. J'allais comme chaque jeudi acheter la presse chez le marchand de journaux de Monsempron-Libos où je remarquai un homme devant une petite table : un auteur présentant ses romans. Pensant à un littérateur régional et l'auteur me paraissant sympathique, j'ai choisi celui qui, en bandeau, indiquait qu'il avait récemment reçu un prix, de quelle académie, j'ai oublié …
Eh bien, il y a encore des romanciers qui savent écrire. Ce roman, bref mais dense, m'a tenue en haleine une grande journée … et m'a profondément émue. J'espère en tous cas qu'il n'est en aucune manière autobiographique.
Le narrateur – je n'ai pas trouvé son prénom mais Jean-Paul, son jumeau, le nomme Loulou – est un homme simple. Après s'être essayé dans le théâtre, il a repris avec son frère une fabrique d'abat-jour qu'ils ont développée. Ses deux parents sont morts et toute sa famille, tout son amour sont concentrés entre son épouse Françoise, et leur fils Julien, 16 ans, passionné de géographie. Et puis, un jour funeste, alors que Françoise accompagne Julien dans leur Twingo comme « tuteur » de conduite accompagnée, bien que Julien ait suivi toutes les procédures d'usage avant de tourner à gauche à un croisement, un chauffard ivre et sous psychotropes surgit à 140 à l'heure, dépasse la bétaillère qui suivait leur véhicule et se rabat sur la Twingo, écrabouillant les deux passagers.
Pour le père et mari orphelin de famille commence l'enfer : « On m'a volé ma vie en me prenant la leur. Je me suis emmené, j'ai fui, j'ai disparu, j'ai été seul. » Enfermé en lui-même, comme entre de hauts murs d'une solitude qu'il recherche dans un monastère où il écoute tous les sons, où, incroyant, il s'applique à suive tous les rites. C'est cette lente descente en lui même, où nul ne peut rien pour apaiser son chagrin, pas même sa réaction face au salopard qui s'est tiré de l'accident sans grand dommage …
J'ai apprécié le style, épuré mais non dénué d'un humour froid, la succession d'adjectifs qui précisent les images, les notations  évocatrices de sons et de la qualité du silence, l'écriture riche de réminiscences cinématographiques qui « parlent » aux lecteurs de ma génération – la bétaillère évoque naturellement « Les choses de la vie » de Claude Sautet, les références philosophiques bien choisies, les portraits des personnages secondaires tellement drôles, cruels, justes.
Car la vie ne l'est pas, elle, juste. Que peut-il arriver de pire que perdre la femme de sa vie et son enfant ?
L'homme choisit de s'enfermer pour se souvenir. Dans le silence des portes après qu'elles se sont refermées. On se dit qu'il est trop tard pour que la résilience l'atteigne, mais on l'espère très fort. Car il assume sa totale responsabilité et même sa vengeance ne l'a pas totalement apaisé. L'oubli est impossible, lui seul peut décider de la fin.

Jean-François Dion est un cinéaste, qui fut scénariste et réalisateur, directeur à Canal+, un professionnel de l'image. Depuis qu'il a pris sa retraite à Penne d'Agenais, à une portée de fusil d'ici, il a trois romans à son actif. J'espère qu'il va continuer. J'ai un immense respect pour ceux qui savent écrire des histoires, faire vivre des personnages, avec leurs problèmes et leurs bonheurs. A quand une suite ?
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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« On m'a volé ma vie en me prenant la leur. Je me suis emmuré, j'ai fui, j'ai disparu, j'ai été seul. J'ai écouté passer le temps, qui ne fait pas tant de bruit. Les portes s'ouvrent et se referment. Devant moi. Derrière moi.
Elles étouffent et gueulent des sons. »

Les portes et les sons qu'elles font. Quel drôle de titre pour un roman, me direz-vous ? Et pourtant, une fois ce livre refermé, je l'ai trouvé parfaitement approprié.


Durant les quelques mois – années – où nous suivons la vie de « Loulou » (puisqu'on ne lui connaît pas d'autre nom que ce surnom), il y est beaucoup question de portes : celles de la Twingo dans laquelle sa femme et son fils de 16 ans trouvent la mort ; celles de l'hôpital, derrière lesquelles il entend rire le chauffard qui a mis un terme à 3 vies – celle de sa famille et la sienne ; celles de la prison qui se referment derrière lui après sa vengeance ; et enfin celles du monastère où il trouve refuge pour une semaine de silence et de méditation.

Toutes ces portes, derrière lesquelles se cachent des époques différentes, nous sont racontées à tour de rôle, lentement, sans se presser. Mais au fil de cette lecture éclatée, on se sent petit à petit pris à la gorge par l'histoire. On devient le frère du narrateur, on souffre avec lui et on est satisfait quand on le voit se venger même si, comme lui, un goût d'inachevé, d'impuissance, d'inutilité nous reste dans la bouche. Car une fois que la mort a frappé, une autre mort peut-elle vraiment servir à atténuer la souffrance ?

Porté par une très belle écriture, ce roman m'a bouleversée et je n'ai pas pu le lâcher avant la fin. Interrogeant pourtant les notions assez « classiques » de la mort, de la perte d'êtres aimés et de deuil, il me semble que Jean-François Dion a su insuffler à son texte une autre dimension. Car il n'est pas seulement dans le récit pur, destiné à nous faire pleurer, mais il nous invite à réfléchir au-delà autour de ces thèmes essentiels. L'épisode du monastère m'a particulièrement touchée car il montre que l'homme tente de se reconstruire, de se retrouver et d'échapper à un tourbillon destructeur. C'est le silence après le fracas terrible des tôles qui se rencontrent, le silence après le bruit du fusil, le silence après le bruit permanent de la prison. Même si l'on sait que cette tentative de reconstruction sera longue, il fait un premier pas, et parvient ainsi à trouver un semblant de sérénité, si ce n'est d'acceptation.

« Les portes s'ouvrent et se referment. Devant moi. Derrière moi. Elles étouffent et braillent des sons, des cris, des vacarmes carcéraux, des liturgies de moines, des psaumes, des grandes orgues, des serrures, des judas, des tôles fracassées et des coeurs éclatés. de mes grands fonds, de mes cassures, surgissent ces hurlements qui m'assomment, brisent ma tête et m'assourdissent. Comme me brise et me répare cette possibilité effroyable que ce qui est arrivé aurait pu ne pas arriver. On m'a mis dehors. Je regarde une plume être légère. Et libre. Elle s'envole.»

En résumé, un très beau texte, publié dans une petite maison d'édition, à découvrir !
Lien : https://missbouquinaix.com/2..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les portes s'ouvrent et se referment. Devant moi. Derrière moi. Elles étouffent et braillent des sons, des cris, des vacarmes carcéraux, des liturgies de moines, des psaumes, des grandes orgues, des serrures, des judas, des tôles fracassées et des coeurs éclatés. de mes grands fonds, de mes cassures, surgissent ces hurlements qui m'assomment, brisent ma tête et m'assourdissent. Comme me brise et me répare cette possibilité effroyable que ce qui est arrivé aurait pu ne pas arriver. On m'a mis dehors. Je regarde une plume être légère. Et libre. Elle s'envole...
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