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EAN : 9782355363498
Carnets Nord (13/09/2019)
3.92/5   6 notes
Résumé :

« Le choc est d’une violence effroyable. La Nissan rouge sang s’encastre en obus dans la Twingo beige cendre. La perfore, la précipite, l’explose, la compresse et l’aplatit comme un laminoir d’aciérie contre le tronc noueux du saule ancestral étêté, un molosse impavide à l’écorce éraflée. La tragédie ne dure que quatre secondes. Les tôles se taisent. Tout se tait. »

Un homme voit sa vie bouleversée le jour où un chauffard tue sa femme et son f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
https://livresque78.wordpress.com/2019/09/20/les-portes-et-les-sons-quelles-font-de-jean-francois-dion/

Des romans sur le deuil, la douleur, la perte d'êtres chers il y a pléthore, mais ici Jean-François Dion nous intègre au processus de deuil de son personnage principal. Tout est dignité chez cet homme, tout est dignité dans sa douleur. le cerveau est une machine bien étrange, il se connaît, il sait ce qu'il peut endurer, il connait les limites du corps dont il est la tête, il distille les informations dans la mesure du supportable et fait abstraction temporairement de l'horreur du manque. Il faut dire que cet homme avec qui j'ai vécu près de 300 pages vit notre pire crainte à tous, il perd l'essentiel, le tout, l'unique, sa famille, et là se pose la question: Comment réagirions nous dans sa situation, face à cette horrible injustice?
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Que j'aime découvrir de nouveaux auteurs et de nouvelles maisons d'édition. Choses faites avec Jean-François Dion et son dernier roman Les portes et les sons qu'elles font édité chez Carnets Nord. Si vous voulez une lecture qui vous prend aux tripes, qui vous bouscule, vous met en colère, vous empoigne pour vous serrer le coeur, lisez-le !

Le résumé plante rapidement le décor. Il n'y a pas de mots pour décrire la puissance foudroyante d'un tel événement dans la vie d'un homme. Perdre toute sa famille en quelques secondes, dans un accident de la route, qui aurait pu être évité. Des histoires comme celle-la il y en a plein les journaux, la rubrique des faits divers en voit passer à l'appel. Les victimes ne s'en sortent pas alors que le chauffard responsable de cette atrocité se réveille le lendemain matin avec quelques égratignures.

Le processus mental d'un homme victime qui devient agresseur

L'homme, ce mari, ce père, toujours vivant mais victime lui aussi, est le « je » de ce roman. Son fils Julien et sa femme Françoise sont morts. le chauffard s'appelle Ludovic Liénard. « Je » l'appelle « L'Ange » parce qu'il a une belle gueule. Nous accompagnons le processus mental du dernier membre de cette famille anéantie en quatre secondes. Il y a l'accident et il y a l'après. Que se passe-t-il dans la tête d'un homme qui vient de tout perdre ? Que se passe-t-il quand nous sommes victime d'une injustice que la justice n'est pas rétablie ? Jean-François Dion nous offre les différentes étapes de cet après où chaque chapitre s'entremêlent. Nous avons le « je » au moment de l'accident, nous l'accompagnons dans les jours qui suivent à l'hôpital, à la morgue, chez lui à faire le tri dans les affaires de sa femme et de son fils. le « je », victime qui prépare sa vengeance. le « je » agresseur qui finit en prison. Et enfin le « je » de la rédemption en retraite dans un monastère.

L'auteur réveille la colère du lecteur

D'emblée, l'auteur place le chauffard dans la position du personnage à détester. Alcoolique, misogyne, violent, ce Ludovic est un être écoeurant et nous nous prêtons à penser « mais quand va-t-il payer de sa vie ? ». le « je » va apprendre à connaître ce jeune homme irresponsable en fouinant dans sa vie, en enquêtant sur ses habitudes. Ce « je » nous embarque avec lui dans cette enquête personnelle faisant grandir en nous ce sentiment de vengeance qui l'habite. Tout commence avec les rires de Ludovic émanant de sa chambre d'hôpital. Lui est en vie alors que Julien ne rira plus jamais. Nous sommes les yeux du personnage principal, l'écriture est telle que notre degré d'empathie atteint son paroxysme pendant toute la lecture.

Puis arrive le moment fatidique. Et là, Jean-François Dion nous saisit en pleine « rage » pour nous emmener vers un autre chemin. Chemin que nous ne pensions pas emprunter, celui de l'humanité.

Je n'en dirais pas plus mais ce roman est incroyable. L'auteur écrit la colère et la souffrance. Il l'utilise pour traduire la psychologie de son personnage. C'est un ouvrage puissant et salvateur.
Lien : https://lesmotsdesautres.com..
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C'est un texte qui m'a surpris parce qu'il peut être tour à tour d'une force incroyable et d'un ennui profond. L'ennui ce sont les pages sur la retraite de cet homme dans un monastère. N'y voyez pas trace de mon anticléricalisme primaire, mais vraiment un désintérêt total pour ces pages délayées, qui, de mon sens, n'apportent rien au texte, tant elles se répètent, même si je mesure bien l'analogie à la prison : les portes, la cellule ; l'opposition : le silence. La force du texte tient aux autres pages consacrées à la réflexion de l'homme, à sa survie après l'accident et à son séjour en prison. Ses réflexions sont profondes, elles interrogent sur la vie, l'amour, la mort, la solitude, le besoin d'aimer et d'être aimé, le désir de vengeance.

L'écriture est minutieuse, détaille chaque fait et geste. On pourrait la dire patiente tant elle prend le temps de décrire. JF Dion travaille ses mots, ses phrases -parfois ça sent un peu la sueur-, mais beaucoup de passages sont somptueux, d'une grande beauté, empreints d'émotions et de justesse sans tomber dans le larmoyant, le pathos facile. "Aucun vêtement, accessoire ou colifichet de Françoise ne reste dans la penderie, ni dans sa commode, ni dans la salle de bain. Je n'ai conservé que ce qui n'est pas purement féminin, comme ses livres, ses disques et des objets de déco qu'elle aimait ; ils finiront par se fondre dans mon monde, celui qui continue ; pas tout de suite bien sûr mais ils finiront, je n'ai gardé que ceux qui finiront." (p. 74)

J'ai rarement ressenti autant la détresse d'un personnage que dans ce roman. L'écriture de JF Dion remue et touche. Descriptive, pointilleuse, on se retrouve dans chacun des gestes, dans presque chacune des pensées de l'homme qu'elle nous présente. Malgré mes réserves, Les portes et les sons qu'elles font est un roman à découvrir.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Je me foutais de ce qui continuait de vivre ailleurs. Je ne voyais que ce qui m'avait été vivant. Et qui ne vivait plus"
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