Un abîme sépare encore l’Immensité évoquée en tout par les maîtres de l’Empire égyptien et la pauvreté de ce qu’en ont déduit les égyptologues depuis deux siècles. L’égyptologie savante est passée à côté du cœur de ce que les Anciens ont vu, vécu et formulé. Ce n’est pas que les travaux des égyptologues soient inutiles —bien au contraire, ils sont précieux— ou que leur discours habituel soit faux ; c’est simplement que, depuis deux siècles, tout cela est demeuré désespérément à la surface. La plupart des commentaires tendent encore aujourd’hui à montrer que les Anciens étaient de naïfs superstitieux qui avaient très peur de la mort et idolâtraient une multiplicité de dieux[1]. Elle a voulu comprendre l’Égypte à partir de la mentalité moderne, fondée sur le rationalisme grec, et c’est pour cela qu’elle a raté le plus beau. Elle reflète parfaitement notre monde tourné vers les « choses » et ignorant la Vie.
L’Égypte ancienne recèle la clé capable de délivrer l’homme moderne des ses tourments. La cause profonde des malheurs qui nous affligent, tant individuellement que collectivement, n’est pas d’ordre économique, financier, politique ou social ; elle est d’abord et avant tout de nature spirituelle. Toutes nos difficultés à bien vivre sur terre sont des symptômes de l’oubli de l’essentiel, cet essentiel que l’ancienne Égypte avait installé au cœur de sa vie. Ce que nous sommes est impensable, inconcevable, sans bornes et intemporel. Une société fondée sur autre chose que cette vérité ultime, peu importe sa puissance économique et militaire, ne peut vivre dans la paix et l’harmonie.