C'est le titre qui m'a attiré : l'homme lesbien. Un oxymore intéressant. J'étais curieuse du discours qu'allait avancer l'auteur, spécialiste de la civilisation et de la mythologie celtique, sur ce thème.
En fait, dans cet essai très court, Jean Markale remonte aux origines de la civilisation et de l'étymologie pour analyser le comportement amoureux de l'homme lesbien et ses pratiques sexuelles.
"L'homme lesbien n'est ni un homosexuel, ni un efféminé ou un éphèbe " (…) Sa relation à la femme exclut la domination et la jalousie; elle se fonde sur la fraternité plus que sur la complémentarité. C'est un homme tribade, c'est--dire frotteur, caresseur : il se frotte à la femme, moins soucieux de la "foutre" que de la caresser, vénérant une beauté intérieure autant qu'extérieure."
La sensualité est certainement le nerf de sa sexualité, et l'égalité, le poumon de sa relation.
Des exemples d'hommes lesbiens célèbres tels que Abélard, l'abbé De Choisy ; Wagner, Parsifal, Paul Éluard, Dali, D.H. Lawrence, J. Cowper Powys ; Jean-Jacques Rousseau ou Baudelaire viennent illustrer sa théorie tout au long de la lecture.
Bien que je n'ai pas été convaincue par certains exemples, parce qu'entre autre, je les ai parfois trouvés plus fondés sur des présomptions, au détriment d'éléments probants, ou même simplement parce que j'étais en désaccord sur certains arguments ; d'autres, en revanche, sont surprenants.
C'est le dernier livre écrit par l'auteur. Jean Markale est décédé le 23/11/2008 juste avant sa parution.
Il est très facile à lire. Instructif aussi. Car on survole les origines de certains comportements sexuels et/ou "déviations" qui se sont instaurées au fil des siècles. Certains se reconnaitront, d'autres se récrieront. Mais je pense que personne ne restera vraiment indifférent.
Commenter  J’apprécie         162
Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité, démontre avec pertinence que la cause des injustices diverses et de tous les malentendus sociaux est la division du travail. Dans la tribu nomade chacun était polyvalent, à la fois cueilleur, chasseur et éleveur. Dans le groupe sédentaire la spécialisation fait son apparition, et certains profitent de cette situation pour devenir indispensables et imposer leur volonté aux autres. (…)C’est ainsi que s’est développé ce qu’on appelle aujourd’hui le machisme.
Cette attitude de l’homme lesbien, intact dans sa virilité, mais ne la mettant en pratique que dans certaines circonstances choisies en complet accord avec sa partenaire, l’amène à construire une sexualité hors du commun. Ce n’est plus seulement : « Ouvre tes jambes, que je te baise », c’est la recherche passionnée d’un plaisir partagé et fondé sur des innovations.
Dans notre société actuelle, toujours androcratique, quoi qu’on en dise, une femme n’existe que si elle est « reconnue » par un homme, d’abord son père dont elle porte le nom, ensuite par son mari. Cela produit des adresses telles que : « Monsieur et madame Paul X » Madame s’appellerait Paul ?
la sensualité de l’homme lesbien réussit là où la sexualité du mâle échoue, c’est-à-dire à créer le sexe des âmes affranchies des lourdeurs terrestres. Car la plus grande beauté réside dans le dépassement non du sexe, des sexes. Il y a un sexe à inventer – celui des anges.
L’amour est le fondement du comportement de l’homme lesbien. Non l’amour que l’on dit faussement être platonique, non l’amour mystique : l’homme lesbien est tribade : caresseur.
POÉSIE MÉDIÉVALE – Qu’est-ce que BROCÉLIANDE ? (France Culture, 1993)
L’émission « La matinée des autres », par Jacqueline Kelen, diffusée le jour de noël 1993 sur France Culture. Invités : Jean Markale, Claudine Glot, Philippe Le Guillou, Pierre Dubois, Patrik Ewen et Jean Thos.