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EAN : 9782924327326
264 pages
M éditeur (08/08/2015)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
En 1848, c'est le « Printemps des peuples », un ensemble de révolutions contre les empires monarchiques qui secouent aussi bien Vienne, Berlin, Milan, Prague que Paris. Ces mouvements révolutionnaires expriment la volonté d'émancipation démocratique des couches populaires urbaines et rurales - les « damnés de la terre », les « forçats de la faim » -, animées par une nouvelle classe sociale en plein essor, le prolétariat. Dans la foulée de ce tumulte social incandesc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Revenir sur l'Association internationale des travailleurs (AIT), est une nécessité. Non pour faire une simple commémoration, un 150ème anniversaire, mais bien pour en analyser les dimensions encore et toujours actuelles.

Alors que le mouvement de centralisation et de mondialisation du capital est aujourd'hui très développé, alors que des organismes comme la Banque mondiale ou le FMI imposent leurs plans d'ajustement structurel à toute la planète, alors que le commerce mondial est structuré et soutenu par l'OMC, que les nouveaux traités internationaux visent à constitutionnaliser le capitalisme, les mouvements d'émancipation ne peuvent éluder les questions de socialisation élargie à l'échelon international. Socialisation, auto-organisation, structures politiques de démocratie… et non simplement coopération. Face à la coordination transnationale des entreprises, du patronat et de la bourgeoise, face à leur « internationalisme » excluant… il s'agit bien de construire un autre internationalisme émancipateur.

Dans leur introduction, Thierry Drapeau et Pierre Beaudet soulignent, entre autres, que l'AIT se fait connaître en publicisant les actions de résistance et en encourageant la formation de sociétés ouvrières nationales. Ils reviennent sur la « création » de l'AIT, des débats, la place de la Commune de Paris…

Aborder aujourd'hui les « courants » ou les orientations dans l'AIT nécessite de faire un effort de contextualisation, à plusieurs niveaux.

Compte-tenu des connaissances, des théorisations et des expériences, l'espace du saisissable, du compréhensible n'était pas le même qu'en ce début du XXIème siècle.

Qu'est-ce qui était possiblement appréhendable ? Quelles projections ou anticipations, pouvaient être, raisonnablement, construites ?

Qui nomme-t-on « ouvriers » ? Comment comprendre les constructions historiques, dans des espaces géographiques et des configurations institutionnelles différents, des mouvements ouvriers ?

De ce point de vue, les articles reprennent des analyses et des termes antérieurement utilisés sans les revisiter, ce qui me semble dommageable. Des pistes intéressantes me semblent néanmoins présentes dans l'article de Philippe Hurteau : « Marx, Bakounine, Proudhon, Blanqui : débats et interpellations » ou dans celui de Xavier Lafrance sur « Les sections françaises de l'AIT », même s'ils ne prennent en compte ni les contraintes institutionnelles « nationales », ni les effets des concentrations de travailleurs. Les « ouvriers » totalement séparés de leurs moyens de production ne sont pas « équivalents » à des ouvriers-artisans propriétaires de leurs outils de production. Et quand est-il des ouvrières absentes des textes ?

Ces remarques faites, je n'aborde que certaines analyses.

Kevin B. Anderson souligne, à travers des exemples sur l'Irlande ou la guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage, combien le Karl Marx de la « maturité » est éloigné de l'uni-linéarité. le changement social ne saurait être abordé sous l'angle réducteur de la seule « lutte des classes ».
« La théorie du Marx de la maturité tourne autour du concept de la totalité qui n'offre pas seulement une place considérable à la singularité et à la différence, mais peut égale­ment rendre ces particularités – la race, l'ethnicité et la nationalité – déterminantes pour la totalité ».

J'ai particulièrement été intéressé par le texte d'Amy E. Martin : « La fièvre feniane » : l'anticolonialisme irlandais et l'Association internationale des travailleurs. L'auteure souligne les positions de Karl Marx pour l'indépendance irlandaise, le poids de la domination coloniale dans l'organisation de la classe ouvrière britannique, « L'ouvrier anglais ordinaire déteste l'ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau d'existence moyen. Il se sent à son égard membre d'une nation dominatrice, devient de ce fait un instrument de ses aris­tocrates et capitalistes contre l'Irlande et consolide leur domination sur lui- même. Des préjugés religieux, sociaux et nationaux le dressent contre l'ouvrier irlandais. II se conduit envers lui à peu près comme les Blancs pauvres envers les Noirs dans les anciens États esclavagistes de l'Union américaine. L'Irlandais lui rend la pareille largement. Il voit en lui à la fois le complice et l'instrument aveugle de la domination anglaise en Irlande ». Contre les positions défendues, entre autres, par Bakounine, les luttes de libération nationale, le soutien aux nationalismes émancipateurs, « furent au centre du projet militant de l'AIT ».

Je souligne aussi, sur ce sujet, l'article sur les luttes démocratiques en Italie, le rôle et les relations avec Giuseppe Garibaldi.

Dans la partie, les « Héritages », je n'indique que la place des analyses d'Otto Bauer, cité par Pierre Baudet (Lire, le récent texte de Patrick Silberstein :" La nation comme association libre" sur le blog "entre les lignes entre les mots").
Gustave Massiah insiste, entre autres, sur la convergence et la pluralité des mouvements, sur l'égalité des droits. Lire son texte « L'AIT et le mouvement altermondialiste contemporain : parcours croisés », publié avec l'aimable autorisation de l'auteur et de l'éditeur sur le blog "entre les lignes entre les mots". Christophe Aguiton revient sur des problèmes d'orientation dans le mouvement altermondialiste, et insiste sur les biens communs, les nouveaux droits universels, ou la défense et la promotion des « initiatives autonomes des travailleurs et des consommateurs comme alternative au capitalisme ».
Sur l'Amérique du Sud, en complément du texte de Pierre Mouterde, je rappelle son livre écrit avec Patrick Guillaudat : « Hugo Chavez et la révolution bolivarienne. Promesses et défis d'un processus de changement social ».
Deux mouvements internationaux, au moins, auraient pu donner lieu à des articles approfondis : la Via Campesina, évoquée dans le texte de Pierre Mouterde et la Marche Mondiale des Femmes (MMF).

Je termine par un instant de sidération, le texte de Shanghai Hongsheng Jiang : de la Commune de Paris à la Commune. L'approche de la « révolution culturelle chinoise » peut donner lieu à de multiples approches et appréciations. Mais cela ne peut justifier la lecture a-critique proposée ici, des mythes de « Pour Mao, l'enjeu n'est rien de moins que le renversement par le prolétariat d'une nouvelle bourgeoisie à la tête du Parti communiste chinois (PCC) », ou de « l'avancée vers le communisme », à la défense de la frauduleuse « théorie marxiste-léniniste » couverture idéologique de tous les crimes staliniens, jusqu'aux sanglantes plaisanteries « la Commune de Shanghai se rap­proche de l'idéal communal de Marx » et « La Commune de Shanghai devient ainsi un « semi­-État », en marche vers une société communale sans État »…

Comme l'écrivent, en conclusion, Thierry Drapeau et Pierre Beaudet « Plus que jamais, les mouvements populaires n'ont pas le choix d'être internationalistes. Ce n'est pas seulement parce que le capitalisme est international. L'essence du projet exige l'abolition des inégalités entre les peuples. le socialisme, l'émancipation, est incompatible avec toutes les formes de subjugation, coloniales ou néocoloniales ou même « post­ coloniales ». Les dominés sont certes différents d'une nation à l'autre par l'histoire et les luttes qui ont configuré des sociétés distinctes. Toutes ces sociétés, devenues capitalistes, fonctionnent selon les mêmes principes, même si les classes dominantes sont habiles pour utiliser ces principes d'une façon hétérogène, reproduisant donc les différences qui deviennent des antagonismes entre les nations et même au sein des nations, entre ceux qui sont d'« ici » et ceux qui sont d'« ailleurs ». La lutte pour la transformation est alors inconcevable si elle ne se répercute pas à une échelle plus grande que celle des États-­nations historiquement constitués. L'internationalisme est une lutte consciente et décisive contre cette hiérarchisation des peuples et promeut, dans son esprit même, cette idée que les humains font fondamentalement partie d'une même « patrie », celle de l'humanité ».


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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Plus que jamais, les mouvements populaires n’ont pas le choix d’être internationalistes. Ce n’est pas seulement parce que le capitalisme est international. L’essence du projet exige l’abolition des inégalités entre les peuples. Le socialisme, l’émancipation, est incompatible avec toutes les formes de subjugation, coloniales ou néocoloniales ou même « post­ coloniales ». Les dominés sont certes différents d’une nation à l’autre par l’histoire et les luttes qui ont configuré des sociétés distinctes. Toutes ces sociétés, devenues capitalistes, fonctionnent selon les mêmes principes, même si les classes dominantes sont habiles pour utiliser ces principes d’une façon hétérogène, reproduisant donc les différences qui deviennent des antagonismes entre les nations et même au sein des nations, entre ceux qui sont d’« ici » et ceux qui sont d’« ailleurs ». La lutte pour la transformation est alors inconcevable si elle ne se répercute pas à une échelle plus grande que celle des États-­nations historiquement constitués. L’internationalisme est une lutte consciente et décisive contre cette hiérarchisation des peuples et promeut, dans son esprit même, cette idée que les humains font fondamentalement partie d’une même « patrie », celle de l’humanité
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La théorie du Marx de la maturité tourne autour du concept de la totalité qui n’offre pas seulement une place considérable à la singularité et à la différence, mais peut égale­ment rendre ces particularités – la race, l’ethnicité et la nationalité – déterminantes pour la totalité
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