Le monde ne périt pas. Les destinées humaines suivent leurs cours et obéissent à leur progrès.
Lorsque Rome dort dans sa léthargie, Byzance essaye de vivre un peu ; lorsque Byzance achève de s’éteindre, les tribus du nord acceptent le christianisme et commencent la chevalerie : lorsque l’Allemagne végète dans la confusion de ces guerres féodales, les républiques italiennes étincellent.
La civilisation est une flamme errante qui ne s’efface jamais partout, et qui ne brille jamais sur toutes les zones.
La Chine et l’Inde connaissaient l’astronomie, l’architecture, la sculpture, peut-être l’imprimerie, quand nous étions des barbares couverts de peaux et semblables aux nomades de la Polynésie actuelle.
Peu à peu les hommes de l’Orient se sont apaisés, et nous avons grandi, nous hommes de l’Occident, instruits par eux, éclairés par l’anneau lumineux de la Grèce suspendit entre les deux mondes ; nous reportons maintenant du côté de l’Asie notre expérience et nos lumières.
Une fois cette communication achevée et ce magnétisme exercé, je ne sais si les Européens ne verront pas leur étoile pâlir et leur rôle s’effacer.
Après avoir joué tant de comédies et de drames, pourquoi ne rentreraient-ils pas enfin dans la coulisse ? Cela est arrivé aux Grecs, civilisateurs qui nous valent bien, et qui, après l’avènement de Rome au trône du monde, n’ont plus paru sur la scène du monde qu’à titre de comparses.
Il y a là-bas, du côté de l’Amérique, et vers les limites asiatiques de l’Europe, des personnages tout prêts à entrer sur le théâtre ; ils ont la fougue et la volonté de jeunes acteurs ; ils ont débuté brillamment, ils demandent à grands cris des succès.
Quand les Etats-Unis seront peuplés, quand la Crimée et la Sibérie regorgeront d’hommes, il se passera d’étranges choses dans ces régions.