Un homme chauve portant un pull vert près du corps entrouvre son rideau, regarde vers le bas, l’avenue. Feuilles d’arbres sous le lampadaire, faces blondes ou noires selon l’orientation vers la lumière ou vers le sol. Oscillation des branches. Reflet des piétons qui traversent, quatre paires de jambes et valises qui suivent, passent successivement dans l’espace des fenêtres.
Peut-être que la journée, il se peint le corps en gris, se met debout sur une boîte dans la rue près d’un endroit connu et cligne les yeux quand on lui donne une pièce. Le soir, il échoue dans son canapé, ses muscles se relâchent, son corps s’enlise. Assis là, il s’entraîne à ne pas bouger, à ne pas regarder la télévision allumée pour pouvoir ensuite ignorer un enfant qui court autour de lui.
Anne Collongues : "Les personnages sont un mélange d'imaginaire et de vécu"