AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782875934246
66 pages
SAMSA Editions (13/10/2022)
2/5   1 notes
Résumé :
Que la justice punisse, c'est la raison même de son existence et ce qui donne à la punition à la fois son sens et ses limites. Que la punition serve à compenser imaginairement la souffrance des victimes n'est qu'un leurre relevant de ce qu'on peut appeler la pensée magique. Pire : empêche d'envisager autrement la réparation de cette souffrance par un autre biais que la sanction pénale. La question centrale devient alors : en quoi pourrait consister la réparation que... >Voir plus
Que lire après Réparer ou punir - Quelle justice pour les victimes ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Partant du postulat que là où la justice punit, elle ne peut réparer, Bruno Dayez présente les carences du procès pénal.

La peine prononcée ne pourra jamais réparer le dommage subi par la victime – quasiment aliénée de la procédure – pas moins qu'elle n'encouragera l'auteur à sa réhabilitation – dont elle poursuit pourtant l'objectif.

Mais alors, comment rendre le procès à ces deux acteurs ?

Réserver une audience spécifique du procès pénal pour entendre la victime et tendre à ce que la peine amène l'auteur à s'amender, c'est à peu près tout ce qu'offre à imaginer l'auteur.

Et moi d'en trouver cette lecture quelque peu décevante. de ce constat pertinent et modéré, on aurait voulu que se poursuive la réflexion pour voir surgir d'autres champs des possibles.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi, l'attitude des journalistes, consistant à demander à la victime, au sortir du prétoire, si elle est satisfaite du verdict (sous-entendant : la peine est-elle assez sévère à votre goût ?) est donc à la fois naïve et provocante. Naïve, car on conçoit bien que, dans l'absolu, aucune punition n'est adéquate pour pallier un drame. Provocante, car on excite inutilement la passion vengeresse à laquelle toute victime doit s'efforcer de ne pas céder si elle veut survivre à l'événement et recouvrer une certaine paix de l'âme. Au surplus, cette façon d'interroger, s'adressant au plus vaste auditoire, induit dans le public un réflexe délétère consistant à se substituer à la victime et s'autoriser à penser à sa place que tout condamné s'en sort toujours à trop bon compte.
Commenter  J’apprécie          20
Pour empêcher que la victime ne règle ses comptes elle-même, ce qui ferait ou risquerait de faire incontestablement désordre, l'Etat a créé la notion même d'infraction : au lieu que, dorénavant, le mal causé le soit nommément à telle ou telle personne, il devient avant tout la lésion d'une valeur, comme je l'ai déjà rappelé, et cause principalement préjudice, fût-il purement théorique, à tous les citoyens. La victime passe ainsi au second plan, voire complètement à la trappe. Elle est totalement dépossédée de sa propre histoire, comme si ce qui lui était arrivé ne la concernait plus que de façon marginale. On pourrait d'ailleurs dire qu'il en va de même du prévenu ou de l'accusé, car il est condamné pour un geste abstrait de son contexte et jugé à l'aune de peines dont le quantum a été calculé de manière tout aussi abstraite, ce qui fait de la justice pénale, pour le dire en un mot, une machine à symboles souvent très peu respectueuse de la vérité des personnes. En d'autres termes, tant la victime que le coupable, dans un système de justice tel que le nôtre, font en fait les frais d'un symbole, leur cas particulier étant d'office traité comme l'exemple d'une généralité.
Commenter  J’apprécie          00
Puisque l'ensemble du corps social n'est pas vraiment victime de toutes les infractions commises, mais ne l'est que pour le principe, abstraitement ou symboliquement, pourquoi donc a-t-on choisi de réserver à l'Etat, par le biais des autorités de poursuite, le monopole de la répression, autrement dit l'exclusivité de la violence légitime. Quel est le bien-fondé d'un système pénal qui octroie aux parquets, en tant que représentants de la société dans son ensemble, le droit de s'emparer du sort des criminels et, de la sorte, de le confisquer leurs victimes réelles ? La réponse tient dans ce dernier membre de phrase : c'est pour pouvoir retirer aux victimes toute possibilité de se faire justice à elles-mêmes que l'Etat s'est arrogé le droit de se mettre à leur place et de les déposséder de tout pouvoir d'initiative quant au destin à réserver au coupable. C'est en vertu d'une défiance fondamentale à l'égard des victimes qu'elles ont été en quelque sorte spoliées de ce qui leur est arrivé en propre. La justice est devenue une affaire publique pour une raison simple: il fallait brider la vengeance privée.
Commenter  J’apprécie          00
L'utilité d'une peine ne se mesure qu'aux résultats qu'elle engendre et il ne peut y avoir de peine juste qui ne soit avant tout utile. Cette utilité, comme je le faisais valoir, consiste ultimement à pouvoir réintégrer tout infracteur au sein de la communauté humaine, sauf à faire de la justice pénale une machine à broyer des gens considérés comme des déchets. Dès lors, sans jouer avec les mots, on pourrait avancer l'idée que le sens de la peine, nonobstant le fait qu'elle reste une souffrance liée d'office à toute privation de liberté, est de permettre au délinquant, quelle que soit la gravité des faits commis, de se réparer.
Se réparer. En arriver à reconnaître le mal commis. Assumer sa responsabilité personnelle dans ce qui est advenu sans se prétendre être uniquement le jouet des événements, la victime des circonstances, le fruit de toutes sortes de conditionnements par lesquels s'érode, puis disparaît toute notion de culpabilité.
Commenter  J’apprécie          00
Ce disant, je ne remets pas question le fait même de la punition. A défaut d'alternative, punir est nécessaire dans un certain nombre de cas. Il peut même se justifier que la peine soit sévère lorsque les faits réprimés sont graves. Ce dont il est ici question, dans I'intérêt de la société en général et des victimes en particulier, c'est de redonner du sens aux peines pour leur faire remplir ultimement leur unique vocation, non seulement à mes yeux, mais conformément à ce que l'éthique même commande : la réinsertion du condamné dans la société libre. Cet objectif ambitieux nécessite sans doute des moyens complémentaires, mais surtout que l'on admette de sortir de l'impasse dans laquelle nous emprisonne, sans mauvais jeu de mot, le système du « tout carcéral », où la prison est de toute évidence devenue une fin en soi.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : affaires et enquêtesVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
855 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}