Témoignage étonnamment empathique d'un ancien chef de la police judiciaire de Lille sur une affaire criminelle particulièrement atroce : le meurtre de 2 fois 2 soeurs entre 16 et 20 ans.
C'est à l'occasion du carnaval de Portel, une petite ville limitrophe de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, que la nuit du 11 au 12 février 1997, Peggy et Amélie Merlin, Isabelle et Audrey Ruffin ont disparu.
Ce fut
Romuald Muller, de la brigade criminelle de la P.J. de Lille, qui fut chargé de l'enquête qui, selon ses propres aveux, a été psychologiquement la plus dure de sa longue carrière. Dans les conclusions de son remarquable livre, il note que cette affaire "a changé ma vie" et que pour lui, il y a eu "un avant et un après "dans ce sens que ce dossier a "forgé mon regard sur la société". (Page 167).
Relativement vite, l'enquête policière a abouti à une fratrie de délinquants violents, les frères
Jean-Louis et Jean-Michel Jourdain. Deux énergumènes qui avaient déjà fait de la taule pour viol et le dernier nommé pour meurtre.
Jean-Louis a fini par passer aux aveux, mais en donnant une version invraisemblable des faits et
Jean-Michel a toujours tout nié.
Ils ont été condamnés à la prison à perpétuité. Jugement confirmé en appel. L'aîné est mort en taule en mars 2019, le plus jeune des monstres purge sa peine à la maison centrale de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais.
Dans mon billet je me limite aux faits brutaux pour ne pas gêner les futurs lecteurs dans leur découverte de la pénible investigation de
Romuald Muller et son équipe, restituée avec énormément d'émotion et de tact.
L'ouvrage commence par un bel hommage de la journaliste Élodie Rabé aux deux familles touchées par cette tragédie dans un bref avant-propos et se termine par une impressionnante postface du magistrat célèbre,
Luc Frémiot, auteur de "
Je vous laisse juges" en 2014 et "
La vengeance d'une femme" en 2018.
Je signale en passant que c'est Élodie Rabé qui a eu l'idée de ce livre et a réussi à convaincre
Romuald Muller, qui à son tour a convaincu
Luc Fremiot à écrire, en somme, la conclusion finale.
Le livre de même pas 200 pages, sorti le 21 septembre dernier, est tellement émouvant et captivant qu'il se lit très vite. Peut-être même trop vite.
Je salue in fine la maison d'édition Michalon qui a pris la bonne initiative de lancer la collection "Polars réels" en vue de donner la parole aux "acteurs des affaires judiciaires", tels les magistrats, avocats et enquêteurs.