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EAN : 9782714479631
288 pages
Belfond (08/11/2018)
3/5   6 notes
Résumé :
D'origine modeste et issu d'une famille républicaine, Albert Corner a combattu lors de la première guerre d'indépendance de Cuba. À son retour au pays, il n'a plus qu'une idée en tête : s'enrichir, quitte à verser dans la criminalité. Des années plus tard, il jouit d'un statut d'homme d'affaires reconnu. Mais, en 1909, la révolte est aux portes de la ville : le syndicalisme ouvrier affronte violemment le gouvernement espagnol au sujet de la mobilisation pour la guer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On fait la connaissance du héros principal Albert Corner alors qu'il se bat pour l'Espagne à Cuba, combat dont il réchappe à force de volonté, de rage. Il connaît les affres de la traversée, en fond de cale, partageant la litière des chevaux. En fait le bien-être des chevaux compte davantage que celui des hommes qu'on envoie à la boucherie, car ils sont plus utiles. Cette guerre violente se soldera par la perte de Cuba pour l'Espagne.

De retour, Albert n'a qu'un seul but ; échapper à la pauvreté de sa famille, s'enrichissant grâce à la spéculation et à des méthodes peu orthodoxes, mais quand il a été normal de tuer au nom de l'Espagne, cela devient facile… Il va construire sa famille, s'impliquant en politique, pour la Catalogne.

On assiste à l'évolution de cette famille, alors que les émeutes de 1909 se déclenchent car les catalans refusent d'aller se battre contre le Maroc (la guerre de Melilla), un premier contingent ayant été envoyé purement et simplement à l'abattoir faisant trois cents morts.

Trois partis influents s'opposent à cette époque, car le peuple veut l'indépendance de la Catalogne, de manière modérée pour les uns : Solidarité catalane, les anarchistes purs et durs et le parti conservateur qui veut rester avec l'Espagne. C'est le départ d'un convoi de soldats réquisitionnés (on peut y échapper si on paye, alors le sentiment d'injustice des ouvriers pauvres ne peut qu'exploser) qui va déclencher les émeutes que l'on retiendra dans l'histoire sous le nom de « Semaine tragique » du 26 juillet au 2 août 1909

Tout commence par une grève générale, visant à paralyser le pays, mais ce sera un bain de sang : on érige des barricades, on arrache les pavés, on met le feu aux églises, car on rejette la toute puissante église catholique qui a la mainmise sur tout, jusqu'à l'école. Les anarchistes essaient de mettre en place une école laïque mais il n'y a qu'un pas entre projet et utopie. Barcelone est en feu.



« Au-dehors, Barcelone flambait et elle écrivait en lettres de feu un des chapitres les plus tragiques de son histoire. Mais à l'intérieur de la famille d'Avel-li aussi se dressait un bûcher d'incompréhension, de douleur et de violence, aussi dévastateur que les flammes qui avaient détruit des églises dont la plupart avaient résisté au passage du temps et des violences des siècles. »



J'ai beaucoup aimé cette famille et ses dysfonctionnements, chacun optant pour un camp, pour des raisons différentes : Albert ne veut pas que son empire financier lui échappe, Enric croit à une société meilleure plus égalitaire, le fils aîné, Avel-li, désire une Catalogne libre, républicaine sans utiliser la violence.

Tout oppose ces deux frères, car Avel-li se comporte en aîné responsable, suit les traces de son père donc reconnu par ce père, alors qu'Enric le deuxième fils est un être d'une grande sensibilité, il a été couvé par sa grand-mère, et déclenche la colère paternelle de manière quasi permanente.

Il porte le nom de son grand-oncle mort à la guerre, ce qui ne facilitera pas les choses… l'un est marié, installé dans sa vie alors que l'autre se cherche sur tous les plans, politique, sexuel, donc le drame sera inévitable…



« L'oncle de mon père, c'est-à-dire, le frère de ma grand-mère Mercé, est mort éventré par un cheval pendant la révolte de 1835. Mon frère Enric porte son prénom, à la demande de grand-mère Mariona quand il est né.«



J'aurais aimé avoir de la sympathie pour Enric, mais c'est difficile car son sentiment de ne pas être aimé et d'être sans cesse comparé avec son frère aîné, qui est pourtant légitime, le pousse à se poser en victime et lui sert de justification sans cesse…

Les femmes de la famille sont intéressantes aussi : Elisenda, l'épouse d'Albert est soumise, tient sa maison le mieux possible, c'est l'épouse modèle prototype de l'époque, les filles d'Albert, par contre, ne sont pas résignées et obéissante comme leur mère, elles se rebellent, Merceneta en particulier, affirment davantage leurs idées. On retient aussi la place importante de l'art dans cette ville, où passer Gaudi, décrié par la population de l'époque car on ne comprend pas son travail…

J'ai suivi comme tout le monde les évènements récents avec le référendum pour l'indépendance, mais je ne comprenais pas bien les positions de chacun. Il s'agit d'un phénomène ancien, et ce roman m'a permis d'apprendre beaucoup de choses, tant sur la période historique que sur la société de l'époque: Lerroux, Cambo, Maura et Ferrer étaient d'illustres inconnus pour moi et donc envie de creuser encore…

Cependant, j'adresserai un reproche à l'auteure : avoir trop décortiqué, embrouillant le lecteur par trop de détails à mon goût, je me suis perdue parfois dans les noms des protagonistes (leurs noms à rallonge sont durs à mémoriser !) et j'ai parfois survolé la description des combats, des violences de rues, des radicalisations, car trop de détails tue parfois…

Ainsi, Pilar Rahola cite fréquemment des extraits de l'époque du journal « La Veu de Catalunya » ou les comptes-rendus d'interventions lors des réunions politiques, pour appuyer son récit, et cela finit par devenir soporifique…

Je remercie vivement NetGalley et les éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteure.

#PilarRahola #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Que Savons-nous de l'histoire de la Catalogne ? du point de vue du lecteur français, non spécialiste de l'histoire ibérique, peu de choses, en vérité. Pilar Rahola, romancière catalane, vient opportunément nous éclairer à l'occasion de la parution en France de son roman Rose de cendres.
Ce roman ne traite pas, à proprement parler, de l'histoire événementielle de la Catalogne. Néanmoins, il évoque des questions essentielles quant à la nature du séparatisme, catalan, aux composantes de l'histoire sociale de cette région.
Albert Corner est un homme d'origine modeste. de retour de la guerre d'indépendance menée à Cuba, il se fixe pour objectif dès son retour de s'enrichir, à tout prix et par tous les moyens , y compris la criminalité .Pourtant, durant ce conflit, il prend conscience qu'il est catalan, et à ce titre , victime , tous comme les Cubains, de la domination espagnole , en manifestant de l'admiration pour cette poignée de soldats cubains qui résistent dans une plantation, l'Indiana , située dans la province de Guantanamo… « Albert comprit que, plus généralement, il se trouvait dans le mauvais camp de l'histoire .Il était catalan , il avait ressenti une vibration en lui. Comme une prise de conscience du lien invisible qui unissait les Catalans et les Cubains, pareillement sous le joug des Espagnols. »

Pourtant, ce sont deux de ses enfants qui vont imprimer un cours nouveau à l'essor de cette famille Corner. Enric, l'un de ses fils, opte pour la carrière d'enseignant, il s'implique aussi dans les mouvements libertaires, s'engage dans l'Escola Moderna de Franc esc Ferrer i Giardia. Il s'abonne à la revue Tierra y Libertad, découvre Kropotkine, penseur anarchiste.
Tous ces choix, ces appartenances idéologiques et politiques vont orienter la vie d'Enric, toute dédiée à l'émancipation, humaine, à la révolution, au soutien de la lutte pour l'égalité des sexes.
Sa soeur, Mercerata, contrarie également à sa manière, les projets paternels : « Catalanisme, pacifisme, féminisme. Mercereta avait subitement cessé d'être une jeune fille avançant sans but dans la vie pour devenir une femme qui évoluait sur un terrain solide (…) Ce monde féminin qui réclamait sa place dans la société, la tête haute et la voix ferme, mais sans la brusquerie des radicaux, l'attirait fortement. »

Pilar Rahola nous dévoile ainsi dans ce roman une partie de l'histoire sociale de la Catalogne, à travers deux versions de l'émancipation individuelle. Elle nous délivre, aussi, quelques clés culturelles, sur la présence forte de l'idéologie anarchiste dans cette région, ce qui éclaire l'histoire de toute l'Espagne contemporaine. La Catalogne est-elle une nation à part entière ? Doit-elle recouvrer son indépendance perdue en 1714 ? Sans trancher définitivement ces questions toujours au coeur d'une certaine actualité, Pilar Rahola nous fait découvrir ces antécédents, ces constantes culturelles de l'histoire des peuples, sans lesquelles toute compréhension est vaine. Ce n'est pas le moindre des mérites de ce beau roman.

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Rose de cendres est un roman historique de Pilar Rahola consacré à un épisode particulièrement violent de l'histoire de la Catalogne : la « Semaine tragique » du 26 juillet au 2 août 1909. Lors de ces journées de révolte populaire, la grève générale est déclarée et des barricades sont érigées dans les rues de Barcelone et dans de nombreuses villes alentours. Les émeutiers protestent contre l'envoi de troupes au Maroc alors que la guerre de Mélilla oppose la monarchie espagnole aux rebelles indépendantistes du Rif. Les familles modestes en particulier vivent comme une injustice le départ forcé de jeunes conscrits catalans alors que la guerre est perçue comme un moyen de préserver les intérêts de la haute bourgeoisie.

Les évènements sont relatés du point de vue d'une famille barcelonaise : les Corner. Ayant combattu comme simple soldat de l'armée espagnole lors de la première guerre d'indépendance de Cuba, le patriarche, Albert, a cru mourir plusieurs fois dans l'enfer des combats, avant de faire fortune à son retour en Espagne. Si la préservation de sa position sociale chèrement acquise est la principale préoccupation d'Albert, ses enfants, encore jeunes adultes, sont plus idéalistes : l'aîné milite au sein de Solidarité catalane, un mouvement réclamant plus d'autonomie par rapport à Madrid ; le benjamin s'engage dans le mouvement anarchiste, séduit par les théories du pédagogue Francesc Ferrer i Guàrdia, tandis que la cadette se rapproche peu à peu du mouvement féministe.

Publié en catalan en 2017, l'ouvrage a fait l'objet d'une traduction française fin 2018. Si le contexte historique est très riche et développé avec moult détails, cette qualité devient très vite un défaut à mesure que l'auteure intègre des pans entiers d'archives dans son récit, sans que cela soit toujours indispensable à l'intrigue. On frôle le name-dropping, qu'il s'agisse d'éléments architecturaux (les constructions en cours de Gaudí sont notamment évoquées), des figures historiques majeures de la période (la fille d'Albert Merceneta est amie avec l'artiste Lluïsa Vidal, son frère Enric avec Ferrer, etc.) ou encore des textes politiques évoquant la situation de la Catalogne (telles que les Bases de Manresa). On a parfois l'impression que les personnages sont un prétexte pour évoquer le contexte historique, et l'action ne débute véritablement que dans la deuxième partie du roman. Les premiers chapitres dédiés au personnage d'Albert et à son expérience traumatique lors de la guerre de Cuba auraient été passionnants si le style avait été moins appuyé et moins répétitif.

Au final, la lecture est assez laborieuse, l'intrigue romanesque étant trop souvent reléguée à l'arrière-plan. Pilar Rahola a effectué un travail de recherche impressionnant et certains de ses personnages sont attachants, mais on termine le roman avec l'impression d'une occasion manquée.

J'ai aimé…
• le récit des combats lors de la semaine tragique : un épisode clé dans la mémoire collective des catalans, et en particulier des barcelonais ;
• Les personnages d'Aveli, d'Enric, de Merceneta, moins caricaturaux que leurs parents.

J'ai moins aimé…
• l'intégration des archives dans le récit, trop appuyée et pas toujours indispensable. Des passages entiers de journaux ou de documents officiels sont parfois cités pendant de longs paragraphes et on a l'impression que l'auteure étale ses recherches sur le contexte historique au lieu de ne retenir que les éléments vraiment utiles à l'intrigue ;
• le recours très fréquent aux monologues intérieurs et aux résumés narratifs, surtout dans les premiers chapitres, au détriment de l'action ;
• les style parfois trop lourd et répétitif, notamment en ce qui concerne les descriptions du personnage d'Albert.

Merci à NetGalley et aux éditions Belfond de m'avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 8 novembre 2018.
Lien : http://histfict.fr/?p=1656
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Grâce à Netgalley et aux éditions Belfond, j'ai eu l'opportunité de découvrir Rose de cendres de Pilar Rahola.
Attirée par le résumé et la mention d'un prix, je me suis lancée dans la lecture de ce roman historique, saga familiale dans laquelle le mouvement indépendantiste catalan est incarné par plusieurs personnages d'une même famille (hommes et femmes), dans le Barcelone des années 1900.
Roman très documenté, qui revient en détails sur des événements qui ont marqué l'histoire de l'Espagne, tant sociale que politique, Rose de cendres est une mine d'informations pour qui veut se documenter sur la fameuse "semaine tragique" de 1909 et ses racines.
Pour le lecteur néophyte l'expérience est moins heureuse. Malgré des personnages originaux, assez fouillés, la saga familiale se dissout dans l'abondance des faits historiques.
Une lecture que je recommande à toute personne intéressée par le mouvement d'indépendance de la Catalogne et son histoire.
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Le sujet me semblait intéressant et comme j'aime les romans qui possèdent une base historique je me suis dit que cela avait des chances de me plaire quand j'ai lu la quatrième de couverture sur NetGalley.
La maison d'éditions a accepté ma demande et je me suis donc plongée dans cette histoire.
Je vais faire court, je me suis terriblement ennuyée en lisant ce roman.
Bien sur le sujet reste plaisant, l'approche de la semaine tragique de Barcelone est bien amenée, les personnages sont parfaitement intégrés à l'histoire et tellement différents qu'il est difficile de les juger sur leurs actes et leurs parcours. Tous ont de bonnes raisons d'agir comme ils le font.
Du coup tout cela aurait dû donner un roman passionnant et pourtant je suis restée sur ma faim.
Je me suis ennuyée car j'ai trouvé que tout cela manquait cruellement de rythme. C'est mou et peu palpitant.
C'est bien écrit, ce n'est pas le problème, mais ça n'a pas de cadence ni d'allant.
C'est long, sans rythme et du coup ça devient très ennuyeux.
Ce n'est bien sûr que mon humble avis. Ce roman trouvera son public sans problème j'en suis sure.


Lien : https://delcyfaro.blogspot.c..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
… Le passé pouvait être un grand prestidigitateur, un escamoteur qui trompait les sens et les plongeait dans la nostalgie. Or, lui (Albert) n’avait pas le temps de vivre dans le passé, surtout à présent que l’orage grondait.
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