Je découvre
Roland Brival avec Sato-san, maître des corsets. Il eût même pu l'intituler Sato-sensei car sa technique n'a d'égale que sa philosophie.
Mais commençons par le commencement. Sato Shiro est au départ un garçon de douze ans, né et grandi à Osaka entre un père transparent fonctionnaire aux impôts et une mère recluse dans son atelier de couture dont il est exclu. le mystère entourant l'activité maternelle excite au plus haut point sa curiosité, d'autant que nombre de femmes passent devant lui pour entrer dans le cabinet des secrets. Dont une à la prodigieuse beauté venant tout exprès de Tokyo. Shiro pense qu'il s'agit de robes ou de kimonos. Par un hasard du destin, il finit par découvrir qu'il n'en est rien. Sa mère, brodeuse et couturière d'exception, crée pour ses clientes des corsets prodigieux de beauté, de sensualité et de symbolisme. Elle est la seule au Japon. Son fils, mû par la certitude d'une vocation, décide de suivre ses traces, quand bien même ce métier est plutôt réservé aux femmes. Mais la passion n'a que faire de ce genre de propos oiseux. Apprenti de sa mère, Sato-san découvre le pouvoir des tissus et des corps. Également qu'une telle vocation demande de grands sacrifices.
C'est ainsi toute la vie de Sato-san que relate avec beaucoup d'esprit
Roland Brival, depuis les rues d'Osaka jusqu'à son atelier rue des Dames à Paris, par-delà l'atroce conflit mondial du milieu du XXème siècle. le roman exhale un souffle de sensualité et d'érotisme raffiné. Nulle vulgarité dans les descriptions mais l'exaltation du corps grâce à ces somptueux corsets composés avec art et relevant des traditions extrêmes - orientales des énergies harmonisées.
L'auteur aborde avec son personnage le zen tout autant que l'art du corset. Sato-san, grâce à diverses rencontres et expériences de vie, développe une philosophie qui touche à l'essence-même de la vie. Il est question d'initiation pour Sato-san comme pour ses clientes. Et comme pour les lecteurs du roman car, pour peu qu'on soit sensible ou attiré par l'esprit japonais, le livre ne peut qu'encourager à réfléchir sur la vie du couturier et sur ses assertions sur l'existence, l'amour, la mort...
En empruntant cet ouvrage à la médiathèque, j'avais un instant craint une histoire plus axée sur l'aspect érotique du corset. J'ai constaté très vite que le contenu était bien plus riche que cela et j'ai savouré sans modération les étapes de la vie de ce singulier Sato-san.