Les sciences sociales, d'un effort parallèle, appuyées elles aussi sur une connaissance de plus en plus profonde des lois qui président à la marche des sociétés humaines, s'efforcent d'assurer à chaque citoyen une justice égale pour tous ; c'est-à-dire les conditions les plus favorables au développement de ses facultés et à la réalisation de son bonheur et de celui de sa famille.
Voilà ce que nous entendons par le règne de la Science et de la Raison.
Le problème des origines des religions est, en effet, capital dans l'histoire de l'humanité. Mais pour bien comprendre quelles relations il présente avec le développement de la Science et de la Morale, il faut remonter aux plus vieilles traditions de nos races; car les religions modernes sont des formations secondaires. Les religions les plus anciennes reposaient sur une certaine intuition des puissances naturelles qui nous environnent et réagissent sans cesse sur notre destinée : puissances impitoyables, indifférentes au bien et au mal, et que les populations primitives s'efforçaient de se concilier par les prières et les sacrifices. Une perception confuse du pouvoir scientifique que l'homme devait acquérir un jour sur la
nature, avait fait naître cette opinion d'autrefois qu'il était possible de conjurer et de dominer les dieux par la seule force de la méditation et des formules magiques, réputées si puissantes en Égypte, dans l'Inde, à Babylone.
Espérons que l'humanité, affranchie de tout dogmatisme imposé, proclamera désormais comme son œuvre propre la morale du devoir et de la bonté, de la justice et de la solidarité, morale de l'avenir désormais séparée de tout symbole et de tout surnaturel !
Le règne de la Raison embrasse toutes les régions de l'activité humaine : activité intellectuelle, activité artistique, activité morale; il comprend l'idéal social tout entier. Tel est le domaine intégral qui appartient à la Raison.