Une mort à Kitchawank et autres bonnes nouvelles

Une « cabane » dans la première nouvelle, une yourte dans la deuxième, une communauté dans des villas autour d'un lac, le tout aux Etats-Unis, mais aussi une maison dans la zone interdite de Tchernobyl, le lieu d'habitation semble avoir une importance certaine pour l'auteur. D'ailleurs, le thème de l'une des nouvelles est assez similaire à celui de la condition pavillonnaire de Sophie Divry, mais en commençant à lire, on s'attend à tout autre chose, et petit à petit, une vie se déroule, et comme dans le roman que je cite, l'euphorie n'est pas forcément au rendez-vous !

T.C. Boyle accorde une grande attention à ses personnages, à leurs dialogues, à leurs actions. La particularité de ces nouvelles est qu'elles ne sont pas « à chute » à la manière française, mais pas seulement des tranches de vie ou des atmosphères non plus. Elles font aller les personnages d'un point A à un point B, il ne s'est pas toujours passé de grand événement, mais pourtant ils ont fondamentalement changé. Et vous n'imaginez pas comme l'auteur peut rendre ça captivant et troublant…

Je n'aurais une petite restriction que sur la dernière nouvelle, qui est si différente des autres par le personnage et l'époque que je suis restée à côté… mais par rapport à la force des quatorze autres textes, ce n'est rien ! Je connaissais déjà l'écriture de l'auteur par des romans plutôt amples, comme Water music, ou dans un genre très différent, America ou Les vrais durs, je l'ai trouvé tout autant à l'aise avec les formes courtes, il installe l'histoire et les personnages en quelques phrases bien posées, et c'est vraiment un plaisir à lire, et presque un déchirement de quitter chaque univers !
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Des nouvelles très différentes, dans le ton, le lieu, le style.
Certaines attachantes...comme ce retour "dans la zone" irradiée de Tchernobyl de deux personnes âgées. Pour s'y aimer, pour y aimer la vie de nouveau...même au prix de cette même vie. Ou cet homme irrationnellement fou de jalousie et de colère envers sa femme le temps d'une journée...le temps de retrouver "L'ombre de son corps"
D'autres pleines d'humour...toujours noir. Comme les aventures rocambolesques de ce mateur de voisine démasqué (ma douleur est pire que ta douleur) - cet auteur insatisfait, quasi misanthrope qui au lieu de recevoir un prix littéraire d'un club minable du coin se retrouve quelques heures en tôle (Le prix Marlbane Manchester Musser).
La nouvelle qui donne le titre au recueil est une merveille...la nostalgie du temps qui passe. Les années défilent au bord du lac, les enfants grandissent, la solitude arrive et pourtant tout est un perpétuel recommencement, comme les saisons.
Et puis il y a les ovnis...des attaques de tigres, un voyage de Boston à NY en 1702, un géant obligé à procréer une armée de géants!

Parfois déroutant mais toujours prenant.

T.C. Boyle est un auteur que j'ai beaucoup lu à une époque, aussi étais-je ravie de tomber par hasard sur ce nouveau recueil de nouvelles lors d'une petite ballade en librairie.

Comme cela arrive fréquemment avec les nouvelles, j'en ai beaucoup aimé certaines, tandis que d'autres m'ont peu marquée. J'ai envie de parler des trois nouvelles qui m'ont le plus plu.

Dans Une bonne maison, un homme accompagné de son neveu d'une dizaine d'année se rend dans plusieurs maisons en répondant à des annonces proposant des animaux à adopter. Tous deux adoptent chatons, lapins ou chien pour qui leurs maîtres cherchent une bonne maison. Mais les animaux adoptés ne sont destinés qu'à êtres des appâts pour les pitbulls qu'élève l'homme. La cruauté froide et sans scrupules qui se dégage du personnage principal est glaçante. Et l'image qui reste en tête de cette pauvre chienne, confiée par un couple de personnes âgées n'ayant plus la force de s'en occuper, livrée à ces chiens sanguinaires est ignoble.

Dans Dans la zone, Leonid et Maryska, amis de longue date décident de retourner s'installer dans leur village situé à proximité de la ville de Pripyat. Tous deux âgés d'une soixantaine d'années, ils préfèrent malgré le danger et les interdictions vivre et mourir là où ils ont toujours vécu. Ce choix est une décision de liberté, un acte de rébellion magnifique et touchant.

Dans Sic transit, un homme s'introduit dans la maison de son voisin, un homme solitaire retrouvé mort plusieurs jours après sa mort. Il y découvre les journaux intimes de cet homme. J'ai été touchée par le personnage de ce voisin, ancien rockeur, qui dans ses journaux intimes ne dit pas tout à fait la vérité, se mentant à lui-même pour ne pas affronter des événements douloureux.

D'autres nouvelles m'ont nettement moins plu, comme par exemple la nouvelle éponyme du recueil, qui m'a laissée indifférente.

J'ai tout de même été heureuse de retrouver T.C. Boyle.
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