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3,95

sur 904 notes
Haletant, légèrement barré, violemment engagé, drôle et émouvant, irrévérencieux... les qualificatifs ne manquent pas pour ce classique du roman écologique! Je ne connais pas assez l'histoire d'Edward Abbey - dont j'avais beaucoup aimé l'essai Désert solitaire, cadre de ce roman - pour savoir à quel point il s'est lui-même plongé dans l'activisme concret mais je vois ce récit un peu comme un fantasme de combat militant contre tout ce que l'industrialisation et la modernité fait subir à des espaces naturels tels que le vaste désert du Colorado. Fantasme dans le sens où la violence, bien que retenue - jusqu'à un certain point du récit en tout cas - affleure comme quelque chose qui démange et qui est difficile à contrôler.
Car comment lutter contre ces monstrueuses machines destructrices que sont ces firmes qui décident de bâtir ponts, barrages et autoroutes au détriment d'une nature à protéger? Et comment ne pas faire le parallèle avec ce qui se passe aujourd'hui dans le Tarn entre les opposants à la construction de l'A69, projet obsolète et contre-intuitif, et les pouvoirs locaux?
Bref, quatre personnages aussi atypiques les uns que les autres - un mormon polygame, un vétéran du Vietnam méchamment traumatisé et adepte de tout ce qui fait péter (armes, explosifs et j'en passe), un chirurgien aisé et son infirmière à tout faire au caractère bien trempé - se rencontrent au gré d'une escapade de plusieurs jours sur les rapides de la réserve naturelle. (Ils ont un côté Agence tous risques, pour celles et ceux de ma génération!!) Très vite et à coups de bière, le quatuor se met d'accord sur la nécessité de faire sauter ce barrage de Glen Canyon qui détruit faune, flore et tranquillité touristique. Tous les moyens sont bons, sauf la violence physique. Au grand dam de Hayduke, notre vétéran et héros principal de l'histoire malgré son côté hirsute d'ours mal léché sur lequel on n'aurait pas parié aux premiers abords.
Le roman est une suite de sabotages et de courses-poursuites racontées avec juste la dose d'humour nécessaire pour faire passer le tout avec une certaine réjouissance, dans un décor somptueux de grès rouges, de roches d'àpics vertigineux et de gorges profondes dans lesquelles cascadent des affluents du fleuve Colorado.
sur la quatrième de couverture, le magazine Lire dit "hilarant". Hilarant, non, je ne pense pas. Drôlement désespérant, oui, surtout à l'aune des actualités un peu partout dans le monde. En tout cas une lecture qui reste réjouissante et donne envie de se bouger!
Gros bémol quand même sur les propos dénigrants récurrents et gratuits sur les Amérindiens de la région...
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Et voici la bien marrante et pourtant triste histoire de quatre pionniers de « l'éco terrorisme » dans les années 70. On en rit parce que leur traversée de quelques États des USA est semée de passages rocambolesques. Mais la rage profonde qui anime les protagonistes est créée par des entreprises, des individus qui n'ont cure de défigurer la nature pour quelques dollars de plus. Ce roman est une ode à tous les paysages sauvages, des déserts encore préservés des tortures infligées par les humains. Un livre aigre doux qu'il faut savourer.

Que peut-il y avoir de commun entre George, vétéran du Vietnam, un vieux et riche chirurgien, sa belle et jeune secrétaire déjantée, et un mormon polygame. Ces quatre américains se rencontrent pour une randonnée et au coin du feu, ils évoquent leur dégoût commun de la destruction systématique des espaces naturels sauvages de l'Ouest au profit des industriels. Ils élaborent, enfiévrés par la bière et le cannabis, une stratégie d'attaque des grands ouvrages publics tels que ponts, barrages,… qui défigurent les paysages.

Ce road trip criminel à travers l'Ouest américain démontre que dès les années 70, dans la contre-culture littéraire américaine, une conscience écologique se fait entendre. Ce qu'il y a 50 ans pouvait passer pour une pensée à l'encontre des idéaux capitalistes et individualistes, est désormais une attitude normale. Celle qui doit nous permettre de sauvegarder notre patrimoine naturel trop largement balafré par un productivisme pour le coup « inconscient ». J'attends le retour du gang.

❓Connaissez-vous un bon roman sur la lutte écologique ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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Suite aux excellentes critiques des autres babéliotes, je me suis lancée dans ce roman complètement déjanté !

C'est un vibrant plaidoyer contre la destruction de la nature, et le combat du pot de terre contre le pot de fer.

L'absurdité du capitalisme dans ce qu'il a de plus terrible, une centrale qui alimente une centrale pour alimenter en électricité une autre centrale. le saccage des ressources, et pour lutter contre cela ? Quatre énergumènes qui sabotent de nuit, les machines de chantier, les ponts, les panneaux publicitaires, les trains, et j'en oublie...

Ils sont touchants dans leur désespoir, et on se doute que ça va mal finir...ou pas...
Et c'est totalement flippant, car en cinquante ans depuis l'écriture de ce roman, on sait que c'est devenu pire !
J'ai beaucoup ri, mais j'ai aussi rejoint leur désespoir, et je vais accorder encore un peu plus de tendresse aux activistes.

Waouh ! Quel bouquin !
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Roman étonnant et détonant, road-movie de délice à travers l'Ouest américain, principalement l'Utah, dans lequel on suit quatre joyeux drilles, compagnons du meilleur et du pire, le docteur A.K. Sarvis, mécène de l'équipe, Seldom Seen Smith, jack mormon doté de trois épouses, George W. Hayduke, ancien du Vietnam âgé de 25 ans et, leur princesse, Bonnie Abbzug, juive, libre et libertine, secrétaire et conductrice du docteur qu'elle aime, plus certainement qu'elle n'aimera Hayduke.

Leur objectif est de préserver l'Ouest des méfaits de la civilisation du profit et de la pollution en détruisant routes, ponts, chemins de fer, engins de chantier qui sont eux-mêmes les destructeurs de cette nature que les quatre voudraient garder intacte.

Donc, de grands moments avec eux, aventures épiques aux rebondissements quelquefois rocambolesques, réflexions métaphysiques, bière à volonté, explosions, humour et grands sentiments humains.

Leur objectif fou de détruire un barrage pour redonner son lit originel au Colorado n'est pas atteint, mais les réflexions sur les modalités de cette action sont très savoureuses.

L'auteur rend ces quatre personnages très attachants, on les suit sans décrocher à travers leurs péripéties, leurs exaltations et leur sanctification de la nature.

Un grand roman, une longue épopée lyrique, fabuleuse dans laquelle on se glisse avec délectation pour se laisser emporter dans le tumulte des rochers, rivières, oiseaux, serpents et autres animaux de l'Ouest.

De véritables moments de plaisir avec le gang de la clé à molette.
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Ce roman est sûrement l'un des plus renommés de l'auteur mais aussi un des symboles littéraires de la maison Gallmeister. Un énorme pavé littéraire qui m'a ravi du début à la fin, parsemé d'illustrations mettant parfaitement en lumière les propos d'Edward Abbey.

Ce livre est donc un peu différent des autres du fait de l'originalité des illustrations ancrées dans le récit -signées Crumb-, et qui sont devenues indispensables à la lecture de ce roman ! Ici laissons place à un peu d'humour au travers d'un road movie inoubliable où quatre personnes rebelles vont tenter d'affronter l'évolution industrielle.

Ainsi ce roman représente tout autant une critique virulente de la société qu'un parfait moment littéraire avec du rire et parfois quelques larmes. La force majeure de cette oeuvre se trouve dans les protagonistes : des personnalités atypiques et uniques qui vous accompagneront tout le long du chemin !

Pour moi ce livre est vraiment génial car il démontre que même avec le rire on peut faire passer d'importants messages. Si le rire est le propre de l'homme, dès lors il faut l'utiliser pour donner sa propre morale. Edward Abbey nous met ainsi en exergue le lien indéfectible entre l'homme et la nature ainsi que notre combat inévitable pour la défendre vis-à-vis de nos propres actions.

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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NUKE THE DAM

Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit dans le roman d'Edward Abbey, "Le Gang de la clef à molette (Ne meurs pas ô mon désert)".
Glen Canyon, l'immonde, avec ses monstrueuses turbines, ses 216 mètres de haut et 475 mètres de large qui barre et empêche le tracé tranquille du vieux Colorado.

C'est émouvant de voir Edward Abbey discourir, presque résigné, debout à l'arrière d'un camion en 1983 avec un panneau sur lequel on peut lire "Let it flow" lors de l'action menée par les activistes de Earth First déployant une banderole géante du haut du barrage.

Je ne peux m'empêcher de voir derrière les quatre branquignolles un Edward Abbey profondément blessé dans sa chair. Un homme si désespéré par l'arrogance de l'Homme face à la nature. Parce que ce bouquin pour Edward Abbey, c'est un sacerdoce. Il nous campe ces quatre trublions qui sont en mission et c'est l'auteur lui-même qui se rêve derrière ce quatuor.

Argh, ces horribles éco-terroristes!!! Et bien non, je ne suis pas d'accord et je les soutiens même dans leurs doutes, leurs maladresses, leurs contradictions.

Il est peut-être utile de rappeler qu'avant d'être ce grand écrivain, Edward Abbey était Ranger et se plaisait à guider les quelques touristes (avant le développement du tourisme de masse) dans ce territoire qu'il aimait tant et qui a fini inondé sous les eaux du lac Powell.

J'ai trouvé un article d'Usbek & Rica qui titrait "Faut-il (re)lire "Le Gang de la clef à molette" aujourd'hui?
Oui bien-sûr. Parce que c'est un foutu bon bouquin. J'ai trouvé cette lecture jubilatoire. Je reconnais que vers le milieu, ça piétine un peu mais ça repart à fond les ballons ensuite jusqu'à un final grandiose.

L'humour est la politesse du désespoir.
Voilà comment je pourrais le mieux définir ce que viens de lire.
Abbey, c'est un peu, beaucoup un écolo avant l'heure, réac sans doute un peu aussi, un soupçon misanthrope, militant assumé et anarchiste revendiqué, c'est un peu tout ce que j'aime. Ça doit être inscrit dans les gènes.

A rappeler :
Le niveau du lac Powell a atteint son niveau le plus bas en 2023 et malgré une légère remontée récemment, la tendance à la baisse va se poursuivre. Alors, faut-il encore soutenir la démesure d'un système capitaliste à bout de souffle qui défend encore un ultra libéralisme à tout craint et une hyper consommation débridée ou bien privilégier une forme de sobriété et laisser sa place à la nature telle qu'elle le mérite?

Je lis qu'aujourd'hui Las Vegas, pardon, je préfère dire Sin City, est devenue aujourd'hui un modèle en terme de gestion et d'économie de l'eau. C'est sûrement vrai sauf qu'ils n'ont tout simplement plus le choix. C'est ça ou bien crever. Las Vegas est une hérésie.

Un dernier mot peut-être. Je ne suis jamais allé physiquement dans l'ouest des États-Unis. Je n'ai jamais visité ces parcs majestueux, cette nature splendide mais avec Edward Abbey, c'est comme si j'y étais.
Il paraît qu'il parle magnifiquement de son pays dans "Désert solitaire".
Tant mieux monsieur Abbey, je n'en ai pas fini avec vous!

See you soon!


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*WANTED*
Cherche anarchiste-écolo complètement barré, sachant manier le décapsuleur aussi bien que la chevrotine.
Mauvaise foi et misanthropie bienvenues.
Si tu correspond au profil, prend ta clé anglaise et monte dans la Lincoln, on t'emmène taquiner le rideau de palplanches…

Ah ! qu'ils sont vilains les joyeux lurons du gang : Seldom, le Jack mormon polygame, Hayduke le vétéran alcoolique et névrosé, Abbzug la hippie sexy, et Doc le toubib incendiaire; tous plus cinglés les uns que les autres, tous transis d'amour pour la splendide rivière Colorado menacée par la construction du barrage de Glen Canyon.
Armés de clefs à molette, de coupe-boulons et d'un gros stock de bières, ces éco-terroristes, révoltés de voir les industriels saccager les grands espaces de l'Ouest, préparent la résistance…
Entre courses poursuites dans les canyons, dynamitage de ponts et sabotage d'engins de chantier, le programme s'annonce particulièrement savoureux.
Pourtant, on est loin du simple brûlot anar dans cette nature grandiose et sauvage si bien décrite par la plume aiguisée d'Edward Abbey.
D'abord parce que le discours de fond n'a rien de gentillet; sous le vernis truculent Abbey fait ce constat : la densification de la population et la course au profit a défiguré les terres américaines et c'est irréversible. (Le titre de la première édition française, « Ne meurs pas, ô mon désert », comme un cri désespéré, prend tout son sens.)
Ensuite parce qu'elle est terriblement poétique l'écriture de cet auteur multifaces, provocateur et radical comme un vilain gamin mais aussi lyrique comme un amoureux épris, le seul à savoir décrire, avec autant de force et de grâce, un gars qui pisse sur le bord d'une route…
Ajoutez à cela une bonne dose d'humour, un discours subversif bien senti, des dialogues plein d'ironie, piquants à souhait, et vous voilà embarqué dans l'aventure, en tenue camouflage, le coutelas entre les dents, bidon de nitro sous le bras, prêts à tout faire peter dans le désert.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman pétaradant et très jubilatoire de l'inclassable Edward Abbey, et cette merveilleuse équipe de dingos, dont on aimerait tellement faire partie le temps d'un déboulonnage en règle.
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Quatre Don Quichotte dans les déserts de l'ouest américain. Ils ne se battent pas contre des moulins à vent, mais contre l'implacable recherche de profit, qui, se justifiant par le progrès, broie tout sur son passage.
Roman drôle et picaresque, tendre et violent, mêlant aventures du far west et descriptions de guides de voyage, d'une écriture parfois lumineuse, parfois triviale, .. .
Un livre qui ne peut pas laisser indifférent !
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Wahou. 'scusez la poussière, mais je reviens de l'Ouest des States, des Canyonlands plus exactement. Quel périple ! Amoureux des grands espaces, de l'humour, de l'aventure et des personnages borderline, précipitez-vous sur les aventures du Gang de la Clef à Molette, ou l'association de quatre doux-dingues qui décident de sauver les espaces encore sauvages, et aussi somptueux que désertiques, de l'Utah et de l'Arizona, luttant contre les sites d'extraction de charbon et les chantiers d'autoroute à coups de dynamite et de sirop d'érable. L'auteur, à choisir, préférait sûrement les cailloux et les rochers aux humains. Je caricature mais l'idée c'est ça. Un vent de liberté et d'aventure souffle sur ce roman. Mais j'y retourne : il y a une suite !
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J'en suis moi-même surprise mais je ressors très déçue de ma lecture du Gang de la clef à molettes.
Pourtant je me réjouissais vraiment à l'idée de le lire sur les bons conseils de plusieurs personnes de mon entourage.
Pourtant, j'étais persuadée que ce livre « culte » allait me plaire….!
Le sujet était alléchant : 4 personnages, habitant tous l'ouest américain mais venant d'horizons divers, décident de s'associer pour lutter contre l'industrialisation et la pollution de leur région. Destructions de panneaux publicitaires, de ponts, de voies ferrées, de machines et outils sont au programme et nos 4 héros ne manquent ni d'imagination ni d'humour.
C'est donc à une sorte d'épopée écolo-terroriste à laquelle nous convie l'auteur «avant l'heure », puisque les faits se déroulent dans le milieu des années 70.
Mais si le sujet et les personnages m'ont beaucoup plu et souvent fait rire, je n'en dirais pas autant du style. Pfffff….que de longueurs et le livre m'est souvent tombé des mains. Entre les longues descriptions techniques des machines ou installations que s'apprêtent à faire exploser nos apprentis terroristes et les toutes aussi longues descriptions des végétations, lieux ou routes, je me suis souvent ennuyée. Et la lecture fut pour moi pénible du fait de ces nombreuses coupures dans le rythme.
Voilà c'est bien dommage
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