Dans ce tome 3, justement intitulé "Révélations", le combat entre l'inquisiteur handicapé Ravenor et le diabolique criminel Zygmunt Molotch qui dure depuis une éternité voit sa dramatique conclusion... Autant désormais aller à l'essentiel : "Ravenor" est la version 2.0 d'"Eisenhorn", qui se débarrasse des limitations de son aîné qui était déjà pas mal du tout (à savoir une narration à la 1ère personne qui mettait de la distance entre le lecteur et les personnages et une qualité assez inégale entres les différentes parties de chaque opus).
En anéantissant au tout dernier moment les projets des Secrétistes de la Cognitae, les membres de la team Ravenor sont persuadés d'avoir contré l'émergence du Prince Démon Slyte dans notre réalité (les pauvres ne savent qu'ils sont loin d'être au bout de leurs peines)... Mais ils n'ont pas su empêcher le désastre d'Eustis Majoris qui a conduit à la mort de ses classes dirigeantes et à la destruction de ses autorités : c'est désormais tout le sous-secteur Angelus qui est en crise ! A la poursuite des génies du mal Zygmunt Molotch et Orfeo Culzean, ils ignorent les ordres de leurs supérieurs avant d'être rattrapés par la patrouille conduite par le bras droit du Haut Inquisiteur Rorken et de devoir passer la main une autre équipe de traqueurs. L'auteur de se fait alors plaisir en nous montrant tout un groupe de personnages, qu'il va ensuite faire mourir un à un... (plus un petit caméo de l'inquisitrice Lilith qui plus tard croisera la route des Fantômes de Gaunt avant d'accomplir sa destinée au sein du peuple eldar...). Ravenor apprend la mort de son ennemi de toujours, juste avant d'apprendre qu'il y a réchappé une fois de plus grâce à des complicités haut placées... Avant de soupçonner un ou plusieurs membres de son équipe alors qu'il s'élance à la poursuite de sa Némésis de toujours... Ah ce bon vieux suspens hitchcockien !
Peut-il croire Maud Plyton dont on a trafiqué la mémoire ?
Peut-il croire l'interrogateur Gall Ballack qui cache ses véritables allégeances ?
Peut-il croire Patience Kys qui au bord de la crise de nerf multiplie les épisodes hallucinatoires ?
Peut-il croire Harlon Nayl qui lui cache sa relation intime avec le sosie et l'héritière et de son défunt amour ?
Peut-il croire l'intouchable Wystan Frauka qui couvre les secrets de Zaël Efferneti ? Peut-il croire le jeune adolescent qui simule le coma et qui est peut-être possédé par les Sombres Puissances ?
Peut-il croire l'interrogateur Carl Thonius qui entre Dr Jeckyll et Mister Hyde est atteint du syndrome d'Orlac ?
Peut-il croire Patrick Belknap qui couvre les secrets de Kara Swole ? Peut-il croire l'espionne acrobate qui a caché sa terrible maladie, sa miraculeuse guérison et la vérité sur les circonstances de la défaite du didachoï ?
Cette mise en place est excellente : on sent que Ravenor épuisé et à bout de course est assez proche de Sherlock Holmes, on sent que Zygmunt Molotch blasé mais plus dangereux que jamais n'est pas très loin de James Moriarty (ou du Murdoch de "MacGuyver" ? ^^), et on sent donc qu'on se dirige d'une manière ou d'une autre vers les Chutes de Reichenbach...
Désormais renégat, Ravenor abandonnent les voies rationnelles pour recourir aux voies irrationnelles... Sur Utochre tout le monde se donne bien du mal pour atteindre la Maison Pythonisse, hutte de Baba Yaga mécanique coincée entre une banquise de 600 mètres d'épaisseur et un abysse d'une insondable profondeur, pour y découvrir les plus grands mais aussi les plus mystérieux voyants de l'Imperium... et une porte magique au-delà de laquelle leur archi-ennemi leur propose une alliance impie ou une mort horrible face aux créatures cauchemardesques du Grand Dévoreur ! (Kézako ? Imaginez un mélange entre "Jurassic Park" et "Aliens" ! ^^)
Et ensuite ? Après le massacre de la station sous-marine, la team Ravenor est dispersée à travers le temps et l'espace... « 28 jours plus tard », certains affrontent une mutinerie au sein d'un vaisseau hanté, d'autres donnent l'assaut de la base secrète d'Orfeo Culzean qui a su mystifier tout son monde, d'autres encore tentent désespérément de revenir dans leur espace-temps d'origine ou plus simplement de survivre... Entre trahisons et tragédies, retournements de situation et retournements d'alliance, c'est Dr Who contre Cthulhu ! Oh oui, rien de moins que cela !!!
De l'affrontement entre le Docteur et le Maître était née une indicible horreur menaçant l'humanité toute entière... Au cours d'une tempête de fin du monde, au cœur de la grande baston finale, de leur alliance seulement pourra naître un espoir d'y mettre fin... Les astres sont propices certes, mais pour les forces du Bien ou les forces du Mal ?
Triste et amère fin pour tout le monde (Lovecraft style ?). Dan Abnett, je te hais de maltraiter ainsi tes personnages, toi qui n'hésite pas à leur offrir un magnifique baroud d'honneur avant de les faire crever salement... le titre perd une étoile rien que pour ça, mais whaou quand même et chapeau l'artiste de marrie aussi bien, comme son compatriote Simon R. Green, le roman-feuilleton à l'ancienne et la blockbuster moderne. Que nous réserves-tu donc avec le "Cycle de Bequin" qui fait suite à la trilogie "Eisenhorn" et à la trilogie "Ravenor" ? Oh que j'ai hâte de découvrir cela !
Challenge Pavés 2015-2016 3/3
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