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3,59

sur 654 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Du balcon de sa chambre d'hôtel, un homme regarde les falaises éclairées d'Etretat.
Il y a vingt ans jour pour jour, sa mère se jetait du haut de ces parois blanches, le laissant seul avec son frère Antoine et leur père, à jamais anéantis, brisés, inconsolables.
Alors, pendant toute une nuit et tandis que Claire, sa femme, et Chloé sa petite fille, dorment paisiblement, lui invoque les fantômes d'un passé tragique, un travail de mémoire qui débute le jour du suicide maternel, il a alors onze ans.
Avant cela, il n'y a rien qu'un flot d'images brumeuses, un no man's land irréel et insaisissable que le traumatisme du suicide à partiellement effacé.
Durant cette longue nuit sans sommeil, Olivier laisse affleurer les souvenirs de son enfance saccagée : son père devenu odieux ; son frère tentant l'oubli dans la fuite ; ses amis, tout aussi abandonnés et sans repère…Des êtres malmenés par la vie qui tentent de se raccrocher fébrilement les uns aux autres sans trouver la force de s'affranchir du malheur.

Récit fragmenté, morceaux de puzzle agencés par vagues successives au gré de la mémoire, le narrateur "déroule le film de sa vie" jusqu'à la découverte d'un "abri ou le vent siffle moins fort", une éclaircie incarnée dans les visages lumineux De Claire et de Chloé.
La fille et la compagne du narrateur, leur amour inconditionnel, attentif, dévoué, représentent autant de respirations, de bouffées d'air frais au sein d'une existence encerclée d'un gris âpre et poisseux.
Le gris de la banlieue et de la rue ; le gris de la perte et de la souffrance, le gris de la fragilité des choses, de leur inexorabilité ; le gris des sentiments, celui de la désolation.
Et aussi le gris du vide. Car en se jetant du haut des falaises, c'est toute une famille que la mère d'Olivier a précipité dans le néant, et c'est tout ce qui subsistait d'unité familiale qui a sombré avec elle dans les flots. Comme un grand naufrage duquel émerge un flux continu d'interrogations amères.
La mort de celle qui vous a donné la vie, de celle qui vous a bercé et choyé, est déjà une épreuve insupportable, mais comment peut-on interpréter le geste d'une mère qui met fin à ses jours ? Comment se construire, se reconstruire, trouver sa place et son identité après une telle tragédie ?
Entre ressentiment, culpabilité, incompréhension et douleur, la vie d'Olivier s'effiloche, part en lambeaux. Ses amis, ses amours, paumés, inadaptés, ne font que l'entraîner un peu plus sur les pentes abruptes du désir d'en finir. Lui-aussi.

Crénelé comme la découpe escarpée des falaises que le narrateur regarde de la baie vitrée de sa chambre d'hôtel, ourlé d'écume comme les vagues s'abîmant violemment sur les rochers, empli du tumulte du vent et du fracas des lames, le roman d'Olivier Adam s'échoue sur la grève d'un coeur meurtri, sur les rives de l'enfance brisée et de la solitude, du deuil, de la disparition d'un être cher.
L'auteur évoque le vide existentiel et explore les replis secrets de la mémoire au gré d'une écriture fluide et forte, un style à la fois contenu et cru, bouleversant de détresse à fleur de peau.
Le récit, mélange de sombre et de lumineux, s'auréole ici et là de belles fulgurances de lumière, bienvenus éclats de couleurs dans cet environnement blafard et délavé, inondé d'une tristesse contagieuse.

C'est beau, c'est poignant. Pourtant, paradoxalement, la dernière page lue, l'on se sent soulagé de quitter Olivier, ce « sombre héros de l'amer » qui nous a ballotté dans les déferlantes d'une existence tempétueuse.
Parce que nous aussi avons été saisis de vertige en regardant la mer mugir au bas des parois crayeuses d'Etretat, nous voilà délestés du poids trop lourd des mots, heureux de toucher la terre ferme après cette escapade sur les mascarets de la mémoire.

« J'ai trente-et-un ans et peu importe. Je sais le poids des morts. Et je sais le mauvais sort. Je sais la perte et le saccage, le goût du sang, les années perdues et celles qui coulent entre les doigts. Je connais la profondeur des sables, j'en ai éprouvé la résistance, la matière meuble, équivoque. Je sais que rien n'est fiable, que tout se défait, se fissure et se brise, que tout fane et que tout meurt. La vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse. »
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Enfants, nous avons généralement en nous l'image de la mère comme un roc inébranlable et inaltérable, à qui il ne peut rien arriver et avec laquelle il ne peut rien nous arriver. Pourtant, il arrive parfois que la roche soit friable comme la pierre calcaire des falaises d'Etretat. Etretat, ses falaises, lieu de départ et lieu de fin. Départ d'une histoire et fin d'une autre.

Face à la tragédie vécue par ses deux enfants, le suicide de leur mère, l'émotion vous empoigne, vous serre et vous emporte. Mais au fil des pages, la dérive se fait longue, terne, l'intérêt de la lecture s'amoindrit. Vous sombrez dans les flots rageurs et froids d'une mer (mère ?) tourmentée…
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Une critique précédemment ajoutée commence par "Amis dépressifs, évitez ce roman !" et bien je suis plutôt d'accord avec cette phrase.
Ce roman d'Olivier Adam est magnifiquement écrit mais il est vraiment triste et quelque peu dérangeant!
Le narrateur fait le point sur sa vie, nous raconte son enfance, le suicide de sa mère... des souvenirs tristes et lourd a porter!
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J'avais lu de bonnes critiques de ce roman et il était dans ma PAL depuis longtemps... Je l'ai lu très rapidement et sans plaisir je dois bien l'avouer, parce que cette lecture arrive mal, en plein troisième confinement, alors qu'en ce mois d'avril la météo est mauvaise et que l'ambiance générale est morose. Alors lire cette oeuvre c'est un peu se tirer une balle dans le pied ou accrocher à un piton une corde pour se pendre. le sujet est grave, une femme dépressive, après un séjour dans un établissement psychiatrique, se suicide en se jetant du haut d'une falaise à Etretat, laissant derrière elle un veuf et deux jeunes orphelins. Comme si cela ne suffisait pas, l'auteur rajoute d'autres morts violentes, mais aussi des comportements de destruction qui font naviguer le lecteur entre drogue et abus d'alcool... Mais il y a aussi la méconnaissance ou l'incompréhension, la déchéance, une violence extrême en actes et en paroles, une descente aux enfers de la plupart des personnages qui sont des paumés, ou deviennent des marginaux par manque d'amour ou d'affection, par indifférence ou parce qu'ils sont devenus des poids trop lourds à porter ou à trainer.
Déçue d'autant plus que ce livre dans ses toutes dernières pages évoque Lisbonne et Pessoa, mais même-là, je ressens un malaise.
Frustrée par cette lecture dont je devais attendre trop. Un rendez-vous manqué.
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A défaut de religion ou d'anti-dépresseurs, j'aime lire. Tous les sujets doivent être abordés et surtout les plus graves, mais les mots doivent être des baumes sur nos souffrances et non un puit sans fond ou aucune lueur d'espoir ne puisse s'immiscer. Quel réconfort peut on trouver dans ce néant qui nous hante et nous terrifie ? Si un livre nous malmène, il doit aussi parvenir à nous secourir or malgré le talent de cet auteur je me suis noyée tout comme ses personnages. Dommage.
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Un Olivier Adam qui comme à son habitude décrit des personnages qui tentent de survivre à un environnement hostile : La France des classes moyennes qui s'ennuient. Deux jeunes garçons dont la mère se jette des falaises d'Etretat après avoir enchainé de multiples dépressions. Leur vie auprès d'un père tyrannique qu'ils s'empresseront de quitter une fois leur majorité atteinte. La vie faite de rencontres de gens pas mieux lotis qu'eux. La déchéance et la recherche de l'amour, celui qui vous donne le courage de repartir à zéro.

C'est triste, c'est lourd, c'est vrai, c'est Olivier Adam.
Même si ce n'est pas le roman que je préfère de lui, il est tout de même intéressant à lire. Mais il ne vaut pas "les Lisières"
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Falaises...
Histoire d'un homme qui repart sur les traces du suicide maternel... Je suis restée avec une amertume dans la bouche après avoir refermé ce livre peut etre qu'il m'a manqué quelque chose... Pourtant le texte d'Olivier ADAM n'est pas déplaisant et se lit facilement.

Chercher ses origines pour savoir qui l'on n'est... C'est un point important et primordial pour le futur de chacun.
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Falaises n'est pas un livre gai. Tous les personnages sont psychologiquement éraflés, voir défoncés.
Ce qui me chiffonne dans ce livre, c'est que mis à part le narrateur et son frère qui sont marqués par le suicide de leur mère et le comportement rustre de leur père, on ne connait pas la cause des failles des autres personnages.
J'ai lu d'une traite dans l'attente de réponses au pourquoi de ces suicides, au pourquoi de cette froideur du père, au pourquoi de cette anorexie, etc... Mais non, on ne sait pas le pourquoi du comment...
Falaises sonne donc comme un hymne à la détresse et à ses rares bouées de sauvetage.
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« Ce qui s'efface de nos cerveaux s'efface aussi de nos corps, de notre sang, de notre vie, ne nous laisse aucune trace, ne creuse aucune empreinte, sinon celle d'un vide absolu, vertigineux et froid. »

Cette phrase, à la toute fin de Falaises, le roman d'Olivier Adam inspiré par sa propre vie, pourrait à lui seul le résumer tant elle exprime clairement la boucle bouclée après la longue introspection d'un homme au début de la trentaine vingt ans jour pour jour après le suicide de sa mère.

Quels souvenirs lui restent-ils de celle qui s'est jetée d'une falaise? Quelles traces conserve-il de sa vie avant et après ce geste irréparable qui brisera les vies de trois personnes? Quelles conséquences ce geste aura-t-il sur son mal de vivre, son errance, sa quête éperdue? C'est cela qu'Olivier Adam relate ici, sans fausse pudeur. Dans l'ordre et dans le désordre, à mesure que lui revient son passé. En pièces détachées, pas intactes, imbibées d'alcool. C'est cela que livre ici le romancier et cinéaste, alors qu'il regarde sa fille dormir et que lui vient cette assurance qu'il sera toujours là pour elle, lui l'enfant sans mère, l'enfant au père désintéressé ou absent, l'adolescent brisé, révolté, qui avait tout pour devenir un délinquant, mais qui un jour a croisé celle qui sera son étoile.

C'est cela, tout cela, qu'Olivier Adam nous donne avec ce livre, un peu de lui, de sa vie, de ce qui lui reste d'une mère dont l'image s'est effritée, de sa vie sans elle. Avec des énumérations à la tonne, qui peuvent parfois agacer, mais qui ont quelque chose de nécessaire. La paix ne peut venir qu'après avoir tout dit, alors qu'une petite fille dort sans savoir ce que son père porte en lui de chagrin qu'il a choisi cette nuit-là de jeter de la falaise. Une fois pour toutes.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Amis dépressifs, évitez ce roman ! C'est un livre très noir, dur, glauque, dont j'ai poursuivi la lecture jusqu'à la fin parce qu'il est bien écrit et ne laisse pas insensible. Un roman sur l'enfermement, l'incommunicabilité, la mémoire, la dépression, le suicide, la résilience. Il n'y a pratiquement pas de dialogues et pour cause : les personnages ne se parlent pas, n'arrivent pas à verbaliser leurs sentiments. Ce sont des thèmes qui m'ont touchée, mais justement parce qu'ils m'ont touchée et qu'il est si noir, malgré la note d'espoir de la fin, je n'ai pas envie d'approfondir ma connaissance du monde de cet auteur.
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