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Dans ce premier roman de Chimamanda Ngozi Adichie, Kambili, une jeune Nigériane de 15 ans, nous raconte son calvaire sous le joug d'un père, certes adoré d'elle comme de beaucoup pour ses bonnes oeuvres, homme courageux, pieux catholique et riche entrepreneur, mais surtout tyran fanatique et violent dans sa famille. Puis son épanouissement auprès de Tatie Ifeoma et ses enfants, libres, bienveillants et joyeux.

Si le thème des violences familiales est (malheureusement) assez classique en littérature, l'originalité vient ici de l'ambivalence du père, côté pile un homme bon prêt à risquer sa vie pour lutter contre la dictature au Nigéria ou à aider sa communauté à bâtir des écoles, et côté face un fils qui a renié son père non-catholique, un mari qui frappe sa femme et un père qui n'a aucune tolérance pour les faiblesses de ses enfants.

Le point de vue de Kambili est très intéressant, car on la voit évoluer, ouvrir et apprendre à penser par elle-même. Elle aime et admire son père, toujours, mais découvre peu à peu une autre façon de vivre, avec moins d'argent et plus de tendresse, de rires, de curiosité, de réflexion personnelle...

Le Nigéria est très bien raconté : celui des pauvres comme celui des riches, les atteintes aux libertés comme la corruption, mais aussi la cuisine, l'habillement, les traditions, les paysages ou les voitures qui manquent d'essence.

En lisant, j'ai parfois été agacée par la lenteur, voire la langueur de l'histoire. Mais écrire ce commentaire me fait réaliser qu'elle tient surtout à la personnalité grave et calme de la narratrice Kambili. Et, comme Kambili, l'histoire recèle de trésors sous ses dehors tranquilles et un peu ennuyeux.
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Publié au mois d 'octobre 2003, "L 'hiibiscus pourpre"est le premier roman de l 'écrivaine nigériane ,Chimamanda Ngozi Adichie .Ce livre va servir de rampe de lancement à la carrière littéraire de son auteure .S 'ensuivent alors d'autres romans tels que : L'autre moitié du soleil ,Autour de ton cou, Nous sommes tous de Féministes et un de ses grands succès : Américanah etc...Ses différents romans vont contribuer à la notoriété de Chimamanda devenant ainsi une des grandes femmes de Lettres africaine .C 'est une militante des Droits de la Femme .A ce propos , elle disait :" Je suis une féministe heureuse !".Elle passe sa vie entre les USA et le Nigéria .
Dans" L'hibiscus pourpre", l 'auteure nous entraîne dans la vie d 'une famille chrétienne aisée ,sur fond de tumultes politiques des années 80 .Le récit est raconté par Kambili ,une jeune fille de quinze ans qui prend conscience de sa voix face à l'instabilité qui règne dans sa famille comme dans son pays .A travers les parcours des personnages du récit , l'auteure analyse les profondes séquelles du colonialisme et la violence engendrée par celui-ci tant sur le plan national que dans l 'intimité des Négirians .
Kambili est témoin et victime de plusieurs formes
d'oppression et la première qu 'elle subit est d 'ordre familial .Son père Eugène se montre en société tel un
symbole de générosité , toujours prêt à aider les plus démunis , à assister à tous les événements catholiques , à
lutter pour la liberté d 'expression à travers son journal ,il
conteste fermement les abus du pouvoir des politiciens .
Mais dans sa maison , il dicte à sa famille ses quatre volontés .Il ne tolère aucune incartade ou déviance .Il est irascible , intolérant , rigoriste et fanatique à l'extrême .
Au cours d 'un séjour chez leur tante Ifeoma qui élève seule ses trois enfants , Jaja et Kambili découvrent un foyer calme , paisible où il fait bon d 'y vivre .Les enfants
discutent entre eux et rient .Ils désirent , eux aussi vivre
dans un tel climat .Et de là va changer leur attitude envers
le père tyrannique .Il y a une prise de conscience chez-eux
Une fois que Jaja et Kambili retourneront chez-eux comment ou de quelle façon vont évoluer les rapports entre le père despotique et sa progéniture ? Là est toute la
question .
Un bon livre pour une écrivaine débutante .



















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Une belle claque, si j'ose dire, car ce livre m'a boulerversée sans violence. C'est pourtant d'elle qu'il est question, et tout particuièrement de celle faite aux femmes et aux enfants. Chimamanda Ngozie Adichie décrit ici les mécanismes particulièrement retors de la violence qui s'installe comme une habitude au sein d'une famille, de l'amour qui subsiste malgré tout, de l'horreur et de la mort que cette violence déclenchent. Mais elle le fait avec une subtilité et une réserve qui évitent le "pathos" - comme quoi on peut décrire des événements tristes sans tomber ni dans l'excès de larmes ni dans celui de la froideur – et qui tout doucement nous plongent dans la noirceur du quotidien de Kambili. Cette jeune adolescente vivant à Enugu au Nigéria et dont la personnalité est étouffée par l'extrémisme religieux et les coups de son père. Ce père qui détruit sa famille à coups de préceptes moraux et de violences physiques. Il lui faudra traverser beaucoup d'orages et profiter d'un séjour avec son frère Jaja chez leur tante Ifeoma pour pouvoir enfin s'affranchir de l'emprise de cet être perdu. Alors pour Kambili commence un difficile chemin vers la liberté, liberté de penser, liberté d'être, liberté de rire et surtout, liberté d'aimer et ironiquement, comme un pied de nez à cette religion catholique importée "en boîte", d'aimer un prêtre. Il lui faudra comprendre qu'une autre vie est possible et que ce qu'elle et sa famille ont traversé n'est pas "normal".
A travers ce douloureux itinéraire, l'auteure nous parle de la violence ordinaire faite aux femmes, en particulier à celles à qui l'on a fait croire qu'elles ne peuvent vivre sans un homme, que leurs diplômes, aussi prestigieux soient-ils, ne sont que des ornements destinés à faire briller leur époux, qu'elles n'ont pas d'autre choix que de se conformer à ce qu'on attend d'elles. Je suis heureuse qu'une plume aussi brillante que celle de Chimamanda Ngozie Adichie se charge de dénoncer avec autant de délicatesse et de talent ce fléau qui, plus fort que la peste, a traversé les siècles et perdure encore bien plus qu'on ne le pense. Nul besoin d'être féministe pour adhérer à ce magnifique roman
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Au Nigeria, Kambili, 15 ans, vit avec ses parents et son frère aîné Jaja dans l'opulence et la sécurité. Son père est un riche entrepreneur et un homme très pieux et généreux, mécène de nombreuses oeuvres de charité. Il est également propriétaire du seul journal indépendant du pays, ce qui, au Nigeria, est synonyme d'un courage politique indéniable. L'homme est donc adulé par toute sa communauté.

La vie de Kambili, Jaja et leur mère est cependant loin d'être idyllique, car ce père et mari est un véritable tyran domestique doublé d'un catholique fondamentaliste, qui enferme ses enfants dans un emploi du temps très strict, dans lequel seules l'étude et la prière trouvent place. le moindre écart de conduite ou de langage vaut aux enfants de cruelles punitions. En dépit de cela, ceux-ci, totalement sous son emprise, adorent leur père.

Après un coup d'Etat et une crise politique à laquelle leur père est mêlé, Kambili et Jaja sont envoyés chez leur tante, où ils découvrent un autre monde : la pauvreté, la simplicité, le bruit, la musique, le temps libre, les rires, la joie, l'amitié et la chaleur humaine. Elevés jusque là dans la croyance qu'une telle vie dissolue et hérétique conduisait droit en enfer, ils prennent peu à peu conscience du fait que leur père est un homme violent et fanatique. Leur retour au bercail, une fois le chaos politique calmé, sonnera l'heure de leur rébellion, pour le meilleur ou pour le pire.

« L'hibiscus pourpre » est un roman tout en contrastes.
Ceux d'un pays, tendu entre riches et pauvres, puissants et anonymes, catholicisme et religion traditionnelle, percée démocratique, corruption et dictature militaire.

Ceux d'un homme, à la fois admirable pour son courage et sa générosité, et haïssable pour ce qu'il fait subir à ses proches à l'abri des regards.

C'est là tout le sujet du livre : comment la perception que Kambili et son frère ont de l'ambivalence de leur père va évoluer tout au long des pages, de l'adoration et de la terreur à la conviction qu'ils ne veulent plus avoir affaire à pareil tyran. L'évolution est lente et difficile, parce que l'emprise psychologique était terrible et que les enfants n'avaient jamais appris à penser par eux-mêmes, mais l'espoir est permis.

Ce premier roman de l'auteure est donc un roman d'apprentissage et d'émancipation, sur fond de violences domestiques, d'intolérance religieuse et de tensions politiques. Un roman dont les personnages sont attachants et psychologiquement très convaincants, et qui dresse aussi un portrait du Nigeria, de son instabilité chronique, de sa culture et de ses traditions. Intéressant, beau et touchant.
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Kambili et Jaja sont deux jeunes adolescents. Ils vivent à Enugu, Nigéria, dans la province catholique peuplée d'Ibos.
Le père est un magnat local : Industriel , propriétaire d'un journal , il est aussi très impliqué dans la religion catholique : Grand donateur certes, il est aussi d'un rigorisme absolu avec sa famille et ne passe rien à ses enfants.
Au retour de la messe des rameaux il s'emporte contre Jaja qui n'a pas été communier.

Beau roman qui aborde plusieurs sujets graves . Non linéaire chronologiquement, il nous amène lentement vers l'incident du début du livre , en posant bien la dictature du père sur le restant de sa famille. Père prêt à tout renier, bannir, battre au nom de rites et de croyances religieux, pléonasme : Son père, sa soeur, sa femme, ses enfants.
L'auteur lui a opposé pourtant des gens impliqués dans la foi dans des grandeurs bien plus communes et même encore démesurées vues de l'occident. Pas sur que l'on trouve encore beaucoup de catholiques qui bénissent 10 minutes les carottes rappées.
C'est pour moi une des grandes forces du combat de l'auteur : Elle oppose des personnages qui sont du même bord et qui ont tout pour être heureux: l'argent, le respect, une famille aimante, de bons résultats , la foi. le chemin vers la liberté des deux jeunes n'en prend que plus de force.
Au delà de ce thème central du livre , on plonge en Afrique , avec certes une écriture occidentalisée même si les mots "ibos" pleuvent. Les fleurs ont des couleurs que l'on ne connait pas, les habits éblouissent les yeux , les routes sont surchargées de vendeurs ambulants, la vie collective est omniprésente, la cuisine fait voyager.

Enfin, sans doute lié à son expérience personnelle, l'auteur pleure sur la situation du Nigéria, obligeant ses talents à fuir et laissant les plus faibles lutter avec les despotes.

Un livre dense , un peu lent dans ses deux premier tiers, où les yeux d'une adolescente de quinze nous racontent un drame familial d'un pays livré à des bandits. C'est un livre sur le très difficile chemin vers la liberté, l'émancipation.
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Jamais je n'ai été déçue par cette auteure nigériane. 4e livre, 4e plaisir même devant un sujet difficile, sujet délicatement traité.

Un père très croyant élevé par des missionnaires catholiques, intégriste, rigoriste.
Un homme incroyablement généreux envers les autres mais qui refuse de voir et de parler avec son père, animiste, qui ne s'est pas converti à la "vraie" religion (lui interdisant même de rencontrer ses petits-enfants).
Un homme qui défend la démocratie dans un pays qui bascule dans la dictature suite à un coup d'état et ce au péril de sa vie, mais qui bat sa femme et maltraite ses enfants.
Un homme ouvert, intéressé par les autres, mais qui ne voit pas le malheur de sa femme et de ses deux enfants.

C'est justement ce parfait équilibre qui rend le personnage attachant et horrible à la fois. On peut comprendre que la narratrice, sa fille, peut aimer son père en dépit de ce qu'elle subit.
Son père, son héros, son bourreau.

Et puis le Nigéria, sa culture, sa vie, sa nourriture, ses fleurs....
Un excellent roman à la fin inattendue.
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A Enugu dans le sud-est du Nigéria, une région majoritairement Igbo et catholique, Eugène est à la tête d'un journal engagé et possède plusieurs entreprises agroalimentaires. Catholique fondamentaliste, il impose à sa famille une religiosité et une rectitude de conduite sévère, une contrainte religieuse et physique. Cette rigueur lui a permis de se construire et réussir socialement, un modèle de construction qu'il martèle à ses enfants. Quand les évènements politiques tournent au vinaigre, les deux enfants - la jeune Kambili et son frère Jaja, 15 et 16 ans - sont accueillis par Tatie Ifeoma, la soeur d'Eugène. Veuve, professeur à l'université et mère de 3 enfants dont les 2 ainés ont le même age que leurs cousins d'Enugu, elle déborde de solutions pour subvenir aux besoins des enfants, une vie modeste mais pleine d'amour et de vie, de discussions et de rires, une ambiance dans laquelle Kambili et Jaja ont du mal à se positionner, trop pétris d'interdits et qui les déstabilise quand le grand père est hébergé, lui qui stigmatise les origines païennes de la famille.

L'hibiscus pourpre est le premier roman de Chimamanda Ngozi Adichie . Un roman qui décrit un Nigéria éduqué, empreint à la fois de religion et de rites païens, subissant les revers politiques et les coups d'état. C'est aussi un roman d'apprentissage où, passer d'une éducation sous contrainte tant morale que religieuse à l'aide de châtiments corporels à une éducation plus libre et respectueuse n'est pas facile, voire déstabilisante pour les deux adolescents. S'émanciper, s'autoriser l'échec, le rire et apprendre la légèreté ne va pas de soi et ces expériences seront un long apprentissage pour la jeune adolescente.
Avec ce premier roman sensible et intelligent, Chimamanda Ngozi Adichie fait découvrir les facettes multiples d'un Nigéria à la fois moderne et traditionnel et l'émancipation d'une jeune génération prête à remettre en question tradition et rigueur.
Une très belle découverte qui me donne envie de lire Americanah.
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Chimamanda Ngozi Adichie nous brosse le portrait d'un véritable pervers narcissique dans un pays, le Nigeria, en proie à de profonds troubles politiques et économiques. Eugène, le père de Jaja et Kambili, est un homme riche et soucieux de son peuple, qui sait se faire aimer, luttant courageusement contre la corruption, distribuant généreusement son argent, finançant église, écoles, oeuvres de charité. de toutes apparences un homme bon, religieux, soucieux de sa famille. Or sous prétexte de religion – il interprète de manière excessive et fanatique les évangiles pour justifier sa propre violence et sa soif de domination – il règne en tyran sur ses proches. L'accusant de pécher au moindre signe de fatigue, il bat sa femme, provocant des fausses couches à répétition, il inflige à ses enfants des châtiments corporels cruels, allant jusqu'à manquer de tuer sa propre fille. Il refuse de voir son père qu'il considère comme un païen et n'entretient que peu de relations avec sa soeur Ifeoma, professeur d'université, qui élève seule ses trois enfants.

Kambili a 15 ans et vit dans la peur de ce père qu'elle aime autant qu'elle le craint. Considérée comme une « bêcheuse » par ses camarades de classe, elle n'a qu'une obsession, plaire à Papa, être la première, ne lui dire que ce qu'il veut entendre, accepter les châtiments qu'il lui inflige, participer à ses interminables prières. Avec Mama et Jaja elle parle peu, même si une sourde entente s'est installée entre eux.
Eugène accepte, contre toute attente, que ses enfants soient invités chez leur tante. Kambili va découvrir une autre manière de vivre et rencontrer le père Amadi, qui lui donne une image différente de la religion, lui qui croit en la jeunesse et consacre beaucoup de son temps à s'occuper des jeunes du quartier mais ose prononcer la messe dans sa langue africaine, l'igbo ! Inconvenance pour son père. Elle tombe secrètement amoureuse de lui. Et c'est surtout le début d'une prise de conscience qui s'achèvera tragiquement…

Un très beau livre sur une famille qui va mal dans un pays tombé dans le chaos, menacé par la violence, gangrené par la corruption, oublieux de ses ancêtres. La majorité de la population vit dans la misère, soumise à des violences policières, pendant qu'une minorité confisque l'argent qui serait utile à la population. Beaucoup n'ont qu'un désir, partir, comme ce sera le cas pour la famille d'Ifeoma, les Etats-Unis représentant pour eux la terre promise…Heureusement joie de vivre, sagesse et espérance viennent atténuer le tableau d'une réalité plutôt sombre et d'un avenir très incertain.
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Décidément, j'aime beaucoup cette prometteuse auteur découverte avec le roman Americanah ou les tribulations d'une jeune nigériane chez l'Oncle Sam (plus ou moins autobiographiques). L'hibiscus pourpre est son 1e roman, écrit à l'âge de 25 ans et le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'a pas à en rougir, tant la maturité du sujet et de son traitement sont étonnants.

Imaginer le calvaire d'une famille nigériane sous le joug du fanatisme religieux du père, fervent catholique, fallait oser. Sujet grave s'il en est qui éclaire le lecteur sur le poids de la religion dans la sphère sociale et culturelle du Nigeria et de l'Afrique en général, prise entre l'étau d'un catholicisme hérité des colons, celui d'un évangélisme croissant qui séduit une population défavorisée qui y trouve matière à s'exprimer et d'un animisme ancestral (que le père de notre héroïne appelle paganisme), culte des esprits et des divinités. Sans oublier l'Islam.

Kambili, notre héroïne, est une jeune femme de 15 ans, discrète et studieuse qui appartient à la bourgeoise éclairée et bien-pensante d'Enugu. Son père, Eugène, riche homme d'affaires, est un self made man élevé chez les religieux européens et qui en a conservé 1) la foi 2) la ferveur mystique 3) la volonté de se hisser parmi les puissants. Tout lui a réussi et il entend bien diriger sa famille selon les préceptes de l'Église : la dévotion ainsi que la réussite de ses enfants, Kambili et Jaja son fils, magnifient et rendent gloire à Dieu. Cette éducation à la dure ne va pas sans violence et chaque manquement, ne serait-ce qu'infime, mérite punition et pénitence.

Un séjour de quelques jours chez Tatie Ifeoma, la soeur d'Eugène, catholique éclairée et tranquille, qui élève seule ses 3 enfants tout en assumant un emploi d'enseignante à l'université, exemple même d'une femme forte et courageuse, moderne et libérée, éduquant ses enfants dans l'amour de Dieu et la tendresse, va pourtant bousculer le monde si rigide et sinistre de Kambili et Jaja.

Roman du passage de l'enfance vers l'âge adulte, L'hibiscus pourpre couve sous des apparences simples, une violence manifeste : celle du fanatisme bien sûr et de ses conséquences désastreuses sur l'équilibre familial, la manipulation de la parole divine pour asseoir une autorité toute séculière, le rejet de l'éducation et l'aspiration d'une jeunesse bridée à se détacher des entraves sociales et culturelles. Derrière le titre enjôleur qui laisserait supposer un roman léger, sans aspérités, se cache un récit intelligent, déroutant et dur, qui pourrait aussi bien se dérouler au Nigeria qu'en France ou partout ailleurs. Une belle prise de conscience pour un roman marquant et je dirais même, plus saisissant qu'Americanah.
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Au Nigeria, la jeune Kambili admire son père Eugene et ne rêve que de son approbation. Sous son toit, Eugene est le maître, et si sa femme et ses enfants s'approchent ne serait-ce que d'un cheveu du péché, il n'hésite pas à les corriger violemment. C'est en allant chez leur tante Ifeoma que Kambili et son frère découvrent une vie douce où le rire éclate sans honte...

Bien qu'un peu long sur sa partie centrale (on comprend vite le principe, pas de quoi s'étaler sur 200 pages), c'est un très beau livre sensible et réussi que l'auteur nous offre, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord il nous plonge dans cette Afrique que le monde occidental persiste à ignorer. Nous la découvrons au Nigeria, dans son côté privilégié comme son côté bien plus modeste, en plein coup d'état militaire sanglant et anti-libertaire.
Ensuite, il nous dépeint un personnage complexe, extrêmement généreux envers les plus démunis mais tortionnaire fanatique et extrémiste catholique au sein de son propre foyer. Les relations familiales sont décrites avec justesse et subtilité, en particulier celle qu'entretient Kambili avec son père, qu'elle idolâtre, comme beaucoup d'enfants idolâtrent leurs parents, seuls exemples de repères qu'ils ont à leur disposition. On a de la peine pour cette enfant qui ne cherche que l'amour de son père et qui sait que pour l'obtenir elle doit être la meilleure en tout, sans réellement voir que ce n'est pas normal.
Enfin, il nous offre une vision de la religion catholique, de ses rites dépassés à travers les actes et pensées d'un enragé des dogmes et autres préceptes religieux. le personnage de Dieu est très présent dans le récit de par son absence, étouffé par une liste de contraintes ahurissantes et de prières à la douzaine pour pardonner tous les péchés les plus ridicules. Kambili et Jaja découvrent que l'amour de Dieu ne passe pas par le punitif, ce cheminement est puissant. Tout comme la fin, à la fois inattendue et pourtant prévisible, qui oppose un jugement de Dieu inexorable et un crime irrémissible.
C'est l'histoire d'une fleur qui s'ouvre, qui s'épanouit, qui éclot dans la vie... dans la couleur pourpre.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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