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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au Nigeria, Kambili, 15 ans, vit avec ses parents et son frère aîné Jaja dans l'opulence et la sécurité. Son père est un riche entrepreneur et un homme très pieux et généreux, mécène de nombreuses oeuvres de charité. Il est également propriétaire du seul journal indépendant du pays, ce qui, au Nigeria, est synonyme d'un courage politique indéniable. L'homme est donc adulé par toute sa communauté.

La vie de Kambili, Jaja et leur mère est cependant loin d'être idyllique, car ce père et mari est un véritable tyran domestique doublé d'un catholique fondamentaliste, qui enferme ses enfants dans un emploi du temps très strict, dans lequel seules l'étude et la prière trouvent place. le moindre écart de conduite ou de langage vaut aux enfants de cruelles punitions. En dépit de cela, ceux-ci, totalement sous son emprise, adorent leur père.

Après un coup d'Etat et une crise politique à laquelle leur père est mêlé, Kambili et Jaja sont envoyés chez leur tante, où ils découvrent un autre monde : la pauvreté, la simplicité, le bruit, la musique, le temps libre, les rires, la joie, l'amitié et la chaleur humaine. Elevés jusque là dans la croyance qu'une telle vie dissolue et hérétique conduisait droit en enfer, ils prennent peu à peu conscience du fait que leur père est un homme violent et fanatique. Leur retour au bercail, une fois le chaos politique calmé, sonnera l'heure de leur rébellion, pour le meilleur ou pour le pire.

« L'hibiscus pourpre » est un roman tout en contrastes.
Ceux d'un pays, tendu entre riches et pauvres, puissants et anonymes, catholicisme et religion traditionnelle, percée démocratique, corruption et dictature militaire.

Ceux d'un homme, à la fois admirable pour son courage et sa générosité, et haïssable pour ce qu'il fait subir à ses proches à l'abri des regards.

C'est là tout le sujet du livre : comment la perception que Kambili et son frère ont de l'ambivalence de leur père va évoluer tout au long des pages, de l'adoration et de la terreur à la conviction qu'ils ne veulent plus avoir affaire à pareil tyran. L'évolution est lente et difficile, parce que l'emprise psychologique était terrible et que les enfants n'avaient jamais appris à penser par eux-mêmes, mais l'espoir est permis.

Ce premier roman de l'auteure est donc un roman d'apprentissage et d'émancipation, sur fond de violences domestiques, d'intolérance religieuse et de tensions politiques. Un roman dont les personnages sont attachants et psychologiquement très convaincants, et qui dresse aussi un portrait du Nigeria, de son instabilité chronique, de sa culture et de ses traditions. Intéressant, beau et touchant.
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Kambili et Jaja sont deux jeunes adolescents. Ils vivent à Enugu, Nigéria, dans la province catholique peuplée d'Ibos.
Le père est un magnat local : Industriel , propriétaire d'un journal , il est aussi très impliqué dans la religion catholique : Grand donateur certes, il est aussi d'un rigorisme absolu avec sa famille et ne passe rien à ses enfants.
Au retour de la messe des rameaux il s'emporte contre Jaja qui n'a pas été communier.

Beau roman qui aborde plusieurs sujets graves . Non linéaire chronologiquement, il nous amène lentement vers l'incident du début du livre , en posant bien la dictature du père sur le restant de sa famille. Père prêt à tout renier, bannir, battre au nom de rites et de croyances religieux, pléonasme : Son père, sa soeur, sa femme, ses enfants.
L'auteur lui a opposé pourtant des gens impliqués dans la foi dans des grandeurs bien plus communes et même encore démesurées vues de l'occident. Pas sur que l'on trouve encore beaucoup de catholiques qui bénissent 10 minutes les carottes rappées.
C'est pour moi une des grandes forces du combat de l'auteur : Elle oppose des personnages qui sont du même bord et qui ont tout pour être heureux: l'argent, le respect, une famille aimante, de bons résultats , la foi. le chemin vers la liberté des deux jeunes n'en prend que plus de force.
Au delà de ce thème central du livre , on plonge en Afrique , avec certes une écriture occidentalisée même si les mots "ibos" pleuvent. Les fleurs ont des couleurs que l'on ne connait pas, les habits éblouissent les yeux , les routes sont surchargées de vendeurs ambulants, la vie collective est omniprésente, la cuisine fait voyager.

Enfin, sans doute lié à son expérience personnelle, l'auteur pleure sur la situation du Nigéria, obligeant ses talents à fuir et laissant les plus faibles lutter avec les despotes.

Un livre dense , un peu lent dans ses deux premier tiers, où les yeux d'une adolescente de quinze nous racontent un drame familial d'un pays livré à des bandits. C'est un livre sur le très difficile chemin vers la liberté, l'émancipation.
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Chimamanda Ngozi Adichie nous brosse le portrait d'un véritable pervers narcissique dans un pays, le Nigeria, en proie à de profonds troubles politiques et économiques. Eugène, le père de Jaja et Kambili, est un homme riche et soucieux de son peuple, qui sait se faire aimer, luttant courageusement contre la corruption, distribuant généreusement son argent, finançant église, écoles, oeuvres de charité. de toutes apparences un homme bon, religieux, soucieux de sa famille. Or sous prétexte de religion – il interprète de manière excessive et fanatique les évangiles pour justifier sa propre violence et sa soif de domination – il règne en tyran sur ses proches. L'accusant de pécher au moindre signe de fatigue, il bat sa femme, provocant des fausses couches à répétition, il inflige à ses enfants des châtiments corporels cruels, allant jusqu'à manquer de tuer sa propre fille. Il refuse de voir son père qu'il considère comme un païen et n'entretient que peu de relations avec sa soeur Ifeoma, professeur d'université, qui élève seule ses trois enfants.

Kambili a 15 ans et vit dans la peur de ce père qu'elle aime autant qu'elle le craint. Considérée comme une « bêcheuse » par ses camarades de classe, elle n'a qu'une obsession, plaire à Papa, être la première, ne lui dire que ce qu'il veut entendre, accepter les châtiments qu'il lui inflige, participer à ses interminables prières. Avec Mama et Jaja elle parle peu, même si une sourde entente s'est installée entre eux.
Eugène accepte, contre toute attente, que ses enfants soient invités chez leur tante. Kambili va découvrir une autre manière de vivre et rencontrer le père Amadi, qui lui donne une image différente de la religion, lui qui croit en la jeunesse et consacre beaucoup de son temps à s'occuper des jeunes du quartier mais ose prononcer la messe dans sa langue africaine, l'igbo ! Inconvenance pour son père. Elle tombe secrètement amoureuse de lui. Et c'est surtout le début d'une prise de conscience qui s'achèvera tragiquement…

Un très beau livre sur une famille qui va mal dans un pays tombé dans le chaos, menacé par la violence, gangrené par la corruption, oublieux de ses ancêtres. La majorité de la population vit dans la misère, soumise à des violences policières, pendant qu'une minorité confisque l'argent qui serait utile à la population. Beaucoup n'ont qu'un désir, partir, comme ce sera le cas pour la famille d'Ifeoma, les Etats-Unis représentant pour eux la terre promise…Heureusement joie de vivre, sagesse et espérance viennent atténuer le tableau d'une réalité plutôt sombre et d'un avenir très incertain.
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Décidément, j'aime beaucoup cette prometteuse auteur découverte avec le roman Americanah ou les tribulations d'une jeune nigériane chez l'Oncle Sam (plus ou moins autobiographiques). L'hibiscus pourpre est son 1e roman, écrit à l'âge de 25 ans et le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'a pas à en rougir, tant la maturité du sujet et de son traitement sont étonnants.

Imaginer le calvaire d'une famille nigériane sous le joug du fanatisme religieux du père, fervent catholique, fallait oser. Sujet grave s'il en est qui éclaire le lecteur sur le poids de la religion dans la sphère sociale et culturelle du Nigeria et de l'Afrique en général, prise entre l'étau d'un catholicisme hérité des colons, celui d'un évangélisme croissant qui séduit une population défavorisée qui y trouve matière à s'exprimer et d'un animisme ancestral (que le père de notre héroïne appelle paganisme), culte des esprits et des divinités. Sans oublier l'Islam.

Kambili, notre héroïne, est une jeune femme de 15 ans, discrète et studieuse qui appartient à la bourgeoise éclairée et bien-pensante d'Enugu. Son père, Eugène, riche homme d'affaires, est un self made man élevé chez les religieux européens et qui en a conservé 1) la foi 2) la ferveur mystique 3) la volonté de se hisser parmi les puissants. Tout lui a réussi et il entend bien diriger sa famille selon les préceptes de l'Église : la dévotion ainsi que la réussite de ses enfants, Kambili et Jaja son fils, magnifient et rendent gloire à Dieu. Cette éducation à la dure ne va pas sans violence et chaque manquement, ne serait-ce qu'infime, mérite punition et pénitence.

Un séjour de quelques jours chez Tatie Ifeoma, la soeur d'Eugène, catholique éclairée et tranquille, qui élève seule ses 3 enfants tout en assumant un emploi d'enseignante à l'université, exemple même d'une femme forte et courageuse, moderne et libérée, éduquant ses enfants dans l'amour de Dieu et la tendresse, va pourtant bousculer le monde si rigide et sinistre de Kambili et Jaja.

Roman du passage de l'enfance vers l'âge adulte, L'hibiscus pourpre couve sous des apparences simples, une violence manifeste : celle du fanatisme bien sûr et de ses conséquences désastreuses sur l'équilibre familial, la manipulation de la parole divine pour asseoir une autorité toute séculière, le rejet de l'éducation et l'aspiration d'une jeunesse bridée à se détacher des entraves sociales et culturelles. Derrière le titre enjôleur qui laisserait supposer un roman léger, sans aspérités, se cache un récit intelligent, déroutant et dur, qui pourrait aussi bien se dérouler au Nigeria qu'en France ou partout ailleurs. Une belle prise de conscience pour un roman marquant et je dirais même, plus saisissant qu'Americanah.
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Au Nigeria, la jeune Kambili admire son père Eugene et ne rêve que de son approbation. Sous son toit, Eugene est le maître, et si sa femme et ses enfants s'approchent ne serait-ce que d'un cheveu du péché, il n'hésite pas à les corriger violemment. C'est en allant chez leur tante Ifeoma que Kambili et son frère découvrent une vie douce où le rire éclate sans honte...

Bien qu'un peu long sur sa partie centrale (on comprend vite le principe, pas de quoi s'étaler sur 200 pages), c'est un très beau livre sensible et réussi que l'auteur nous offre, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord il nous plonge dans cette Afrique que le monde occidental persiste à ignorer. Nous la découvrons au Nigeria, dans son côté privilégié comme son côté bien plus modeste, en plein coup d'état militaire sanglant et anti-libertaire.
Ensuite, il nous dépeint un personnage complexe, extrêmement généreux envers les plus démunis mais tortionnaire fanatique et extrémiste catholique au sein de son propre foyer. Les relations familiales sont décrites avec justesse et subtilité, en particulier celle qu'entretient Kambili avec son père, qu'elle idolâtre, comme beaucoup d'enfants idolâtrent leurs parents, seuls exemples de repères qu'ils ont à leur disposition. On a de la peine pour cette enfant qui ne cherche que l'amour de son père et qui sait que pour l'obtenir elle doit être la meilleure en tout, sans réellement voir que ce n'est pas normal.
Enfin, il nous offre une vision de la religion catholique, de ses rites dépassés à travers les actes et pensées d'un enragé des dogmes et autres préceptes religieux. le personnage de Dieu est très présent dans le récit de par son absence, étouffé par une liste de contraintes ahurissantes et de prières à la douzaine pour pardonner tous les péchés les plus ridicules. Kambili et Jaja découvrent que l'amour de Dieu ne passe pas par le punitif, ce cheminement est puissant. Tout comme la fin, à la fois inattendue et pourtant prévisible, qui oppose un jugement de Dieu inexorable et un crime irrémissible.
C'est l'histoire d'une fleur qui s'ouvre, qui s'épanouit, qui éclot dans la vie... dans la couleur pourpre.
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Je ferai court vu le nombre de billets.

Voici un beau livre , histoire bien écrite et premier roman prometteur.

De l'auteure: j'avais lu «  Americanah  » j' ai découvert un récit ambivalent quand à la nature du père de Kambili : Eugène , homme courageux, catholique très pieux, entrepreneur fortuné dirigeant un journal d'opposition au Nigeria, prêt à tout pour lutter efficacement contre la dictature dans son pays et aider sa communauté ( Ex: bâtir des écoles ) mais surtout aveuglé par son intégrisme religieux à tout crin , tyran fanatique à la rigidité effarante jusqu'à renier son père non catholique , virulent et violent avec sa famille , il la dirige d'une main de fer .

Nous assisterons , impuissants aux lourdes punitions infligées pour corriger «  LES FAUTES » ...
Livre traversé par cet intégrisme religieux, ce fanatisme où terreur , effacement , rigidité et anxiété constituent le plus gros du quotidien de Kambili , quinze ans et son frère Jaja, sans parler de la maman. ....

Kambili , ambivalente tiraillée entre son désir de liberté et la loyauté envers son père ——grâce à une expérience autre——apprend petit à petit à penser par elle - même , évolue doucement avec plus de curiosité , réflexion personnelle et début de tendresse....
Jusque là s'autorisait- elle à exister?

Tante Ifeoma qui partira aux USA, éjectée de l'université ——aidera les enfants face à la rigidité et aux interdits du père——

Un roman très fort , touchant , puissant , énergique , , vivifiant , où le Nigeria est conté en parallèle d'une belle manière : corruption ambiante, habillement , paysages, traditions séculaires , cuisine et atteintes à la liberté . ......

La petite et La Grande Histoire : entre amour et violence, traditionalisme et modernité.
Le dialecte IBO gène un peu , d'un grande qualité littéraire malgré quelques crispations à propos de la prégnance dans ces pages de la religion toute puissante !
Peut - être le fait d'avoir lu à la suite , sans le vouloir , deux livres parlant de religion.......
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Kambili, 15 ans, est une jeune fille avec laquelle il est difficile de se lier d'amitié : elle parle peu, s'enfuit en courant une fois que la cloche de l'école a sonnée et semble être un fantôme, comme si elle n'existait pas.

Il me fut difficile de m'attacher à elle, alors que son frère, Jaja, est plus présent, bien que ce ne soit pas lui que l'on suive dans ce roman. Quant à leur Tatie Ifeoma, elle, c'est un personnage marquant, flamboyant.

L'intégrisme religieux chez les cathos dans une société africaine… Voilà comment on aurait pu nommer ce roman.

Eugène, le père de nos deux personnages, est plus catholique que le pape, plus catholique que Saint-Antoine et d'une rigidité exacerbée. Benoît XVI est moins rigide que lui, je parie ! On aurait d'ailleurs plus de chance de croiser le Benoît en tutu rose, faisant des entrechats sur la place Saint-Pierre que de voir l'Eugène sourire (ou même rire).

Le péché est son cheval de bataille. Il le traque partout, surtout chez lui. Ils ont la parabole pour la télé, mais ne la regarde jamais. Sans doute n'était-ce pas la bonne parabole (oups, un péché, j'ai fait de l'humour).

La musique ? Oui, dans la voiture, on écoute l'Ave Maria. Et puis de temps en temps, l'Ave Maria et, coup de folie ultime, l'Ave Maria (et non Lavez Maria, oups, encore un péché). Les mecs, ne vous branlez pas, sinon, vous finirez avec les deux mains dans un bol d'eau trèèèès chaude.

Bref, le père de ces enfants est un homme intransigeant. Il a la main lourde et je peux vous assurer que certains passages sont plus glaçants qu'une nouvelle d'épouvante de Stephen King ! Et son épouse qui fait comme si de rien n'était. Terrible. Sans jamais sombrer dans le pathos.

Dans le patois wallon, il existe une expression pour désigner les gens tels que lui, qui, d'un côté sont pieux et de l'autre, violents. On dit que ce sont des mangeurs de Bon Dieu et des chieur de Diable (Mougneû d'bon Dieu èt dès tchiyeu d'jiale – impossible à écrire sans google et ce n'est pas vraiment le patois de mon bled).

Anybref, vous l'aurez compris, dans ce roman, il est beaucoup question de religion catholique, Eugène étant un peu produit du colonialisme, reniant même son père païen, baisant les pieds des missionnaires et s'étant fait tout seul. Il est riche.

Il est aussi question d'émancipation, d'ouverture d'esprit et de décalage entre Kambili et ses cousins, lorsqu'elle ira chez sa tante Ifeoma (pauvre), où l'on rit, sourit, où on écoute de la musique, où les prières avant de manger ne durent que quelques instants (et pas 30 minutes). le décalage entre les deux mondes est énorme pour Kambili et son frère, qui s'adaptera plus vite qu'elle.

C'est aussi une page sur la culture nigériane, sur la cuisine, sur les moeurs et sur l'aspect politique. le Nigeria est en pleine révolution estudiantine, il est aussi question des riches qui ont la possibilité de fuir le pays, laissant là les autres, les pauvres. de savoir s'il faut se battre et risquer de perdre le peu que l'on a, ou continuer de courber l'échine et de tenter de passer entre les gouttes.

N'allez pas croire que les choix sont faciles, que du contraire. Partir est aussi un acte difficile, car on abandonne sa culture, ses amis, sa famille.

Les points faibles de ce roman, ce sont l'écriture assez froide et la lenteur du récit qui va sans se presser. C'est plus réaliste, je sais, plus naturel que les choses prennent le temps de bouger, mais il n'aurait pas fallu 100 pages de plus, sinon, c'était l'enlisement.

Les quelques coups de fouet qui claquent (au sens figuré) ne sont pas assez nombreux pour donner du rythme à l'ensemble et le récit retombe ensuite dans l'apathie.

Dommage, parce qu'avec un peu plus de rythme et n style moins froid, ce roman aurait une claque plus forte. Il l'est déjà grâce à ce qu'il nous raconte, cette plongée dans un pays dont nous ne connaissons que peu de choses (si pas "rien") et au coeur d'une famille où le père est un tyran qui lit la Bible (et vous frappe avec).

En fait, ce qui tire le récit vers le haut, c'est Tatie Ifeoma et ses enfants. Eux, ils m'ont marqué et je leur réserve une petite place dans ma mémoire.

Malgré ma mini-déception, cette lecture n'est pas un foirage, que du contraire. C'est une réussite puisque je suis sortie de mes sentiers littéraires habituels, que j'ai découvert un autre pays, une autre culture et que cela m'a donné envie de lire d'autres romans de l'autrice.

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Kambili, Jaja et leur mère vivent sous le joug du père de famille. C'est un véritable monstre sous ses airs d'homme respectable, industriel ayant pignon sur rue et fortuné. La famille vit un enfer. Les enfants ont un emploi du temps digne d'un ministre. Et encore, un ministre à des moments de loisirs et eux n'en n'ont pas. Et gare, s'ils ne sont pas les Premiers de la classe. Jaja en a fait les frais. Son père n'a pas hésité à lui coupé un doigt. Quant à la mère, elle est soumise et vit un véritable calvaire, mais ne bronche pas.

Les choses commencent à changer, lorsque les enfants ont ENFIN la possibilité d'aller chez leur tante Ifeoma, qui elle, ne vit pas sur l'or, loin de là et qui élève seule ses enfants. Ils auront également la possibilité de rencontrer leur Grand-Père paternel que leur père interdit quasiment de voir.

Ce roman aurait pu se passer dans tous les autres pays du monde. La maltraitance est toujours la même, le pouvoir d'un sur les autres.

Un bon roman, que j'ai beaucoup apprécié de par l'écriture et de l'histoire.
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L'hibiscus pourpre, c'est une plante ramenée de chez leur tante par Jaja et Kambili, c'est un symbole de liberté.

L'Hibiscus pourpre, c'est un regard sur le Nigeria dans les années 80, son instabilité politique, la corruption, la pénurie, les multiples ethnies et dialectes, les religions dominantes (le catholicisme apporté par les colons, l'islam et l'animisme). le lecteur découvre tout cela à travers le récit de Kambili, une adolescente de quinze ans, qui fait partie de la classe aisée. Mais la jeune adolescente ne connaît le monde qu'à travers les lunettes de l'éducation plus que stricte régie par son père Eugène : certes, il a du courage politique (il possède le seul journal indépendant du pays), il fait preuve d'une générosité sans bornes à l'extérieur de sa maison mais au foyer, c'est un tyran violent qui surveille tout et tout le monde au nom de la foi qu'il a reçue des pères missionnaires et avalée dans sa radicalité la plus poussée. Il va jusqu'à refuser à son père, un vieil homme resté animiste (avec toute sa sagesse), de voir ses petits-enfants, parce qu'il le considère comme « un païen ». Quand Eugène est obligé d'accepter d'envoyer ses enfants à Nsukka, chez sa soeur Ifeoma pour quelques semaines, la vie change complètement pour Kambili et Jaja. Ils découvrent une vie plus légère, plus ouverte aux autres, une tante qui n'a pas la langue en poche, des cousins qui partagent le rire comme la nourriture, pourtant moins abondante qu'à Enugu.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce premier roman de Chimamanda Ngozi Adichie (devenue depuis très célèbre grâce à Americanah), c'est sa construction, la richesse des informations sur le Nigeria et surtout son sens de la nuance, voire de l'ambivalence, non seulement à travers le personnage d'Eugène (un personnage qui nous fait nous recroqueviller sur nous-mêmes dès qu'il apparaît) mais aussi de Kambili : si elle apprend peu à peu à libérer sa voix, son sourire, ses émotions, elle continue à aimer son père, elle ne le renie pas, et pourtant il y avait de quoi. L'auteure a sans doute puisé dans sa propre histoire pour évoquer aussi l'exil, seule voie possible parfois pour certains pour échapper à la corruption et aux restrictions de plus en plus fortes. Là aussi, ce n'est pas une décision facile à prendre ni à vivre.

L'Hibiscus pourpre, c'est un très beau premier roman, plein d'émotions et de réflexion.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Après Americanah qui m'a éblouie en début d'année, je découvre Chimamanda Ngozi Adichie dans un registre bien différent.
Pour imiter « Cent romans de première urgence pour (presque) tout soigner », je dirais que si vous avez des problèmes avec votre famille, vos parents en particulier, je vous conseille ce roman, qui permettra de vous faire relativiser...

Car Kambili vit dans une famille absolument parfaite vue de l'extérieur. Son père est un riche et bon catholique qui distribue sans compter aux bonnes oeuvres. Ses enfants vont dans les meilleures écoles privées.
Mais, pour Kambili, Jaja et leur mère, cela a un prix. Un emploi du temps quotidien écrit par leur père. Une pression constante à lui plaire. Car quand il détecte un « péché », la sanction tombe. Une épouse battue. Deux enfants parfois torturés (verser de l'eau bouillante sur les pieds, j'appelle ça de la torture).

Je ne m'attendais pas du tout à ce registre. J'imaginais plutôt une histoire de vie au Nigeria, sur fond de problématiques chères à l'auteure (racisme, féminisme, rapport à l'Occident...).
Ça n'en a pas moins été passionnant, car c'est dans la psychologie des que l'auteure se révèle fabuleusement. Kambili, 14 ans, maltraitée (on peut le dire ainsi) par son père tyrannique... et, pourtant, ne peut s'empêcher d'en être fière, d'attendre son assentiment, même après qu'elle a goûté à la normalité, qu'elle s'est rendu compte qu'elle était terrorisée.
Ce roman ne fait pas dans le misérabilisme, loin de là. Pour la narratrice, tout est normal, habituel ; elle ne fait pas dans le pathos, reste dans le constat. Ça reste terrible à lire…

Bien sûr, le fait que l'histoire se déroule au Nigeria nous fait en apprendre plus sur sa culture : gastronomie, habillement... C'est aussi cela que j'apprécie en lisant des auteurs venant d'horizons variés !

Je lirai L'autre moitié du soleil de la même auteure en 2019 ; pour moi c'est une valeur sûre !
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