LES ENFANTS DE JOCASTE
- 2-
Un œuf transparent
roule sur ma main
un coquelet presqu'à terme
y meurt doucement
dans un hoquet de sang bleu
qui a chassé qui ?
qui a poussé qui ?
la chute a été sans écho
au bas de la carrière
la mère à qui tout est volé
l'enfant et le père
qui était qui
qui a perdu qui ?
en bas de la falaise
une coquille sonne
p.206
LES ENFANTS DE JOCASTE
- 6 -
Le givre coiffe les anges
sur le talus sordide
que griffe le tramway Mongy
cette claire lune là-haut
est sans écho en bas
dans l'aube glacée
pourquoi mes jambes en arrière de moi
et ce sanglot embrassant mes genoux
tandis que roule leur circulation
la lune et moi sommes en haut
bec-à-bec deux pigeons tranquilles.
p.208-209
LES ENFANTS DE JOCASTE
- 1-
Trois solitudes
il pleut une averse
de silence
ou de pavés
un enfant capture deux enfants
le soleil est léger
qui attend qui ?
p.205
LES ENFANTS DE JOCASTE
- 5 -
J'ouvre ma main
sur un lit vide
il en tombe un trou
un nuage vert
une enfant effrayée
par un oiseau sans bec
amis, qui m'aidera
à mettre à la mer
pour le combat des monstres
ils descendent des tours
ils assaillent mes enfants.
p.208
LES ENFANTS DE JOCASTE
- 7 -
Ne cherchez plus après la lune
et sa face souffrante
quatre brancardiers l'ont emportée
à la bétonnière
pour la lanterne, compagnon du doute
offrez-vous la poignée de main
des aveugles.
p.209
SOIRÉE DE LANCEMENT DE LA REVUE CATASTROPHES #3
Avec Philippe Annocque, Guillaume Condello, Frédéric Forte, Julia Lepère, Cécile Riou & Pierre Vinclair
Catastrophes est une revue d'écritures sérielles, animée par Laurent Albarracin, Guillaume Condello et Pierre Vinclair. Bimestrielle en ligne (30 numéros sont parus), elle paraît tous les 18 mois en format papier, sous la forme d'une anthologie comprenant certaines des propositions poétiques les plus stimulantes de l'époque. Les quatre ensembles qui composent Catastrophes 3, « Dit impossible », « Rites rêvés », « Traduit en langue fauve » et « Mondes suspendus », présentent tous une dimension des rapports du poème, dans son essentielle étrangeté, à un monde qui ne fut pas toujours là et qui disparaîtra peut-être : assumer l'impossible, rêver d'une parole rituelle, articuler dans la langue commune une parole fauve, penser dans le vertige de la disparition, sont autant de promesses, fragiles, de faire de l'écriture le lieu d'une création radicale, à même d'exorciser la fatalité du néant.
À lire – Revue Catastrophes 3, coll. « S!NG », éd. le corridor bleu, 2021.
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