En outre, ce n'est ni pour la gloire, ni pour la bonne renommée, comme parlent les philosophes, ni en vue d'une récompense qu'il attend de Dieu ou des hommes, qu'il [le Gnostique] règle tout le cours de sa vie à l'image et à la ressemblance du Seigneur. Que si parfois, au bien que fait le gnostique, on répond par le contraire, oublieux des injures, il rejettera comme mauvaise toute pensée de rendre le mal pour le mal, au souvenir que Dieu se montre juste et bon pour les justes et pour les injustes. Le Seigneur dit à ceux qu'animent ces sentiments :
« Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait.»
Le gnostique est mort dans sa chair; il n'y a plus que lui qui vive. Ce sépulcre de lui-même, il en a fait un temple saint qu'il a consacré au Seigneur, en élevant à Dieu son âme, autrefois sujette au péché. On ne peut plus dire qu'il soit continent; il est parvenu à une sorte d'impassibilité inaccessible aux passions humaines, et il attend que Dieu le revête de la forme divine.
« Lorsque vous faites l'aumône, dit le Seigneur, que personne n'en soit instruit, et quand vous jeûnez, parfumez-vous, afin que Dieu seul le sache. »
Tous les hommes doivent ignorer le bien que l'on fait. Le miséricordieux lui-même ne doit pas savoir qu'il est miséricordieux ; autrement, il serait miséricordieux parfois et parfois il ne le serait pas. Mais quand ce sera par habitude et par manière d'être qu'il exercera la bienfaisance, il se rapprochera de la nature du bien. Cette disposition intérieure se transformera chez lui en nature et en pratique assidue. N'espérons pas toucher par un premier et sublime essor le but marqué; il faut y arriver pas à pas, en parcourant toute la voie étroite. Ces mots : Être attiré par le Père, ne signifient pas autre chose que mériter de recevoir la vertu de la grâce qui vient de Dieu, afin d'avancer par elle sans obstacle dans la route difficile de la perfection.
S'il arrive que l'élu soit en butte à la haine de quelques hommes, il connaît leur ignorance, et il a pitié de leur aveuglement. C'est donc avec raison que la connaissance elle-même, animée par la charité, instruit l'ignorance à respecter dans chaque créature l'œuvre du Tout-Puissant. (chapitre XXII)
Dieu, ne pouvant être démontré, n'est point le principe de la science. Mais le Fils est à la fois, sagesse, vérité, science, enfin tout ce qui peut avoir avec elles un rapport de parenté. De plus, il possède la démonstration, et l'explication de toutes choses. Toutes les puissances de l'esprit ayant été créées une seule chose, convergent au même centre, le Fils. Il est infini dans chaque notion de ses puissances, bien qu'il ne soit pas réellement un, comme ce qui est un mathématiquement, ni multiple comme ce qui admet plusieurs parties, mais en tant qu'enveloppant tout dans son unité, et dès lors un étant toutes choses. Car il est le cercle de tontes les puissances qui se meuvent en lui et s'unissent dans une seule et même circonférence. Telle est la raison pour laquelle le Verbe a été appelé l'Alpha et l'Oméga, parce qu'il est le seul dont la fin est le commencement, dont le commencement est la fin, sans aucun intervalle, sans aucune dimension. Voila pourquoi croire au Verbe et par le Verbe, c'est arriver à l'unité, c'est-à-dire, être uni au Verbe par des liens indissolubles. Au contraire, ne pas croire au Verbe, c'est tomber dans la duité, dans la division, dans le partage. (chapitre XXV)
Rencontre à la Librairie Guillaume Budé le 16 octobre 2019, avec Gilles Dorival, Alain le Boulluec et Sébastien Morlet.
Marguerite Harl, Origène et la fonction révélatrice du Verbe incarné : https://www.lesbelleslettres.com/livre/4007-origene-et-la-fonction-revelatrice-du-verbe-incarne
Gilles Dorival et Alain le Boulluec, L'Abeille et l'acier. Clément d'Alexandrie et Origène : https://www.lesbelleslettres.com/livre/4003-l-abeille-et-l-acier
Sébastien Morlet, Symphonia. La concorde des textes et des doctrines dans la littérature grecque jusqu'à Origène : https://www.lesbelleslettres.com/livre/4008-symphonia.
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