UN PEU DE FATIGUE
ferme la porte
protège- toi
d'autres défendent
ta joie
son souffle croît
ferme la porte
la main
d'autres défendent
l'amour
ferme la porte
c'est l'aube
d'autres l'ouvriront
demain
LA LOI DE LA JUNGLE
arbre prudent
fauves froids
la ville
nous tue
peu à peu
LE DOS DU MONDE
l'aimée rêve
les yeux fermés
mon corps
la soutient
CLIMATS
Extrait 3
un feu chante
où échoue l'équilibre
là-bas la nuit tombe
et le jour se fait
d'un coup sûr
*
dure
innocence
*
vent
de la femme
craquement du destin
nous sommes fidèles
au feu
*
/traduit de l'espagnol (Argentine) par Jacques Ancet
LE CRÉPUSCULE DE VÉNUS,
À l’instant précis
où le soleil
avide
et aveugle pour le ciel
nu
met une auréole
à ta silhouette
et rend perceptible
contre un fond d’effroi
enchanté
la ligne
fragile et ferme
qui de ton talon
ceint
l’encore gracile
mollet
et monte
décidée
aux rives de tes cuisses,
à la pulpe
bénie de tes fesses,
à ce duvet sacré,
et ensuite
fléchit ton ventre clair
de fraicheur cachée,
la gloire de tes seins,
le midi net
de ta gorge
délicieuse et terrible,
l’aube de tes tempes
et glisse
là
disparaissant de ton front,
tu traverses la rue
dans l’ardente
splendeur
de l’été
mortel
et ta beauté
oscillante
sur les talons hauts
dans sa parfaite
maturité
dépasse une limite,
commence
à se défaire,
se transforme,
brise
sa longueur,
ne se distingue pas
mais se montre
encore
-cobra heureux-
aux autres
en sortant
de la lumière, en entrant
désormais dans l’ombre,
dans l’instant.
Traduction Olivier Favier.