François Polet dans son éditorial présente les deux caractéristiques de l'expérience bolivienne « qui lui donnent une charge symbolique et une portée ”refondatrice” qu'on ne trouve pas ailleurs : d'une part, premier président indigène de Bolivie, Evo Morales ne s'en prend pas seulement aux injustice socio-économiques ou au néocolonialisme des multinationales étrangères. Il prétend en finir avec le ”colonialisme interne” de l'État bolivien et l'exclusion structurelle, depuis l'indépendance, de la majorité indienne du pays ; d'autre part, cette refondation n'est pas envisagée comme la mission d'un homme ou d'un groupe d'élus, mais comme la responsabilité d'un ”gouvernement des mouvements sociaux” qui confèrent une dimension participative inédite, bien que non dénuée d'ambiguïtés, à sa gestion des affaires publiques. »
La diversité des sujets et des points de vue (il est regrettable que certains auteurs n'explicitent pas leur positionnement tranché) permet de débattre sur les réalités contradictoire des processus en Bolivie (processus constituant, clientèlisme, centralisme, indianisation et nationalisme, etc.)
Je souligne les articles de
Pablo Stefanoni « Indianisation du nationalisme ou refondation permanente de la Bolivie », .de
Maristella Svampa « Evo ou l'articulation du communautaire-indigène au national-populaire » et d'
Hervé Do Alto et
Franck Poupeau « Ressorts de l'opposition régionale bolivienne ».
Ces textes sont complétés d'un long entretien avec
Alvaro Garcia Linera vice-président de la Bolivie, qui conclut ce numéro par un texte « État en transition : bloc de pouvoir et point de bifurcation » qui ne manquera pas d'intéresser toutes celles et ceux qui s'interrogent sur les ruptures avec les notions de « ballotage catastrophique » ou de « point de bifurcation »
Un regret cependant, l'absence d'article sur femmes.