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sur 4650 notes
Trois femmes, trois destins féminins, trois mariages non choisis, imposés. Il y a Ramla qui rêvait de faire des études et aimait un garçon ayant la même vision de la vie qu'elle et que l'on marie de force le même jour que sa cousine Hindou. Cette dernière est mariée à un cousin débauché, alcoolique et accro aux anti-douleurs qui lui fait vivre un calvaire, deviendra son bourreau. La troisième, Safira, la première épouse du mari de Ramla qui veut par tous les moyens se débarrasser de Ramla, celle qui par sa jeunesse lui ravit son époux. 

Grâce à cette construction et ces trois voix, l'auteure témoigne de la souffrance de certaines femmes camerounaises quand la tradition peule impose à celles-ci le choix de leur époux sans qu'elles aient droit à la parole. Il peut s'agir d'un homme plus âgé, d'un débauché, d'un cousin ou d'un homme ayant déjà plusieurs épouses et qu'importe leurs désirs, leurs souffrances, elles devront faire preuve de Munyal, de patience. Tout s'arrangera avec le temps, avec de la patience.... 

Ce roman est un témoignage bouleversant inspiré par la vie de son auteure qui fut elle-même contrainte au mariage forcé et qui évoque à travers ses deux premières héroïnes, Ramla et Hindou, la manière dont elles sont poussées vers une vie qu'elles n'ont pas choisie, la manière dont leurs maris les traitent, ce qu'elles doivent endurer de leur part mais également le peu d'aide qu'elles peuvent espérer de leurs familles qui se détournent de leurs sorts une fois que celles-ci sont mariées. 

Avec Safira c'est un autre point de vue, celle de la première épouse à qui l'on impose la présence d'une seconde femme, plus jeune et ce qu'elle est prête à mettre en oeuvre pour garder son pouvoir et l'attention de son mari.

J'ai attendu pour lire ce roman et j'ai finalement opté pour la version audio et la voix de Léonie Simaga a résonné dans ma maison, donnant vie à ces femmes, résonnant dans la brutalité de leurs existences, me suivant dans mes tâches et m'indignant que des femmes (et jeunes filles) à notre époque soient encore sous le joug des hommes qu'une longue tradition perpétue en usant d'arguments parfois religieux transformés pour répondre à leurs désirs.

J'ai beaucoup aimé même si les viols, les tortures, les interdictions de toutes sortes et les règles à respecter m'ont révoltés, si le silence entourant ces mariages et le désespoir de ces femmes est assourdissant, ayant parfois le sentiment de me retrouver au Moyen-âge. Il est nécessaire que de telles voix s'élèvent pour évoquer une réalité car la littérature est également un moyen de les entendre et Munyal, un jour peut-être, toutes ces femmes et ces jeunes filles pourront choisir leurs destins. Munyal.....
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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J'avais eu ce livre à prêter il y a quelques mois, et il m'avait totalement chamboulé, depuis je le conseille régulièrement et je m'en suis procuré un exemplaire pour le prêter et le relire, et deux autres que j'ai offert.

L'histoire se passe au Sahel au 21ème siècle.
Les impatientes sont représentées par ces trois femmes ou jeune fille issues de familles aisées à qui l'on répète sans arrêt : "Patience" pour que finalement elles ne puissent jamais, au grand jamais, vivre leur vie, et c'est horrible, et c'est révoltant, et c'est inadmissible !!! 
Trois histoires et trois destins liés de femmes fortes : Ramla, Safira et Hindou qui subissent des violences quotidiennes : le viol conjugale, le mariage forcé, la polygamie subie.

Djaïli Amadou Amal mérite amplement son prix Goncourt du lycéen, pour avoir dénoncé la condition féminine au Sahel.
Tu refermes ce livre, révolté.e et c'est un euphémisme, et tu voudrais que les mentalités changent, et tu te sens si impuissant.e !!!
Djaïli a le don pour nous glisser dans la peau de ces femmes… J'ai eu la boule au ventre pendant toute ma lecture. 
Au niveau du style d'écriture, ce n'est pas très lyrique, en revanche, les idées passent bien, c'est vif donc la lecture est fluide.
Ce livre poignant et engagé m'a totalement bouleversée! Je vais surveiller les futures parutions de cette autrice. Les impatientes est son premier roman.
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Au Cameroun comme ailleurs, nombreuses sont les femmes vendues dès leur plus jeune âge au plus offrant par leur famille , où le père est plus regardant aux profits engendrés par ces mariages forcés que le comportement du futur marié...
A travers Ramla, Hindou et Safira, focus est fait sur ces sociétés où la femme est la victime d'hommes assoiffés de pouvoir, se cachant derrière la religion pour excuser leurs comportements misogynes...
3 récits poignants...
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Voici mon retour de lecture sur Les impatientes de Djaïli Amadou Amal.
Trois femmes, trois histoires, trois destins liés.
Nous suivons le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l'époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d'épouser son cousin.
Trois femmes à qui le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu'il est impensable d'aller contre la volonté d'Allah est.. Patience ! Car, comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. »
Mais le ciel peut devenir un enfer.
Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?
Les Impatientes est un roman très fort, je comprend qu'il ai obtenu notamment le prix Goncourt des lycéens. C'est amplement mérité.
Nous suivons donc ici les destins croisés de Ramla, Safira et Hindou. Alors que Ramla souhaitait se marier par amour, la pauvre est mariée de force. Elle devient la co-épouse et doit subir le courroux de Safira, dépitée de devoir partagée son époux. Cela donne des passages extrêmement durs.
Hindou, la soeur de Ramla, est quand à elle mariée de force à son cousin. Un homme odieux, qui la traite mal, la trompe sous ses yeux.
Là encore les passages sont parfois difficiles à lire.
Nous nous trouvons au nord du Cameroun et ici, ce sont uniquement les hommes qui décident ! Surtout pas les femmes. Elles, elles subissent..
J'ai été très touchée par ce roman qui est poignant, révoltant, dérangeant mais évidemment nécessaire.
A lire par tous, à partir du lycée, pour savoir qu'ailleurs tout n'est pas rose pour les femmes ! Encore, et toujours..
Lire qu'entre époux, le viol n'existe pas ; soyons honnêtes, c'est à vomir ! Pourtant (même en France, soit dit en passant..) des hommes le pensent et ne se gênent pas de le faire.
Les Impatientes est un roman très triste mais nécessaire car il dénonce le destin des femmes dans un monde exclusivement patriarcal. J'ai beaucoup de mal à comprendre la polygamie et j'ai été outrée par de nombreuses scènes. Notamment par la phrase suivante : "La polygamie est normale et même indispensable pour le bon équilibre du foyer familial." Qu'est ce qu'un homme ne raconterait pas comme idiotie pour faire ce qu'il veut ! Pathétique !
Les Impatientes est un excellent roman, révoltant, dérangeant, qui ne vous laissera pas de marbre.
Merci à l'autrice de briser les tabous en abordant la polygamie, le viol conjugal, le mariage forcé.. des thèmes peu traités même de nos jours. Et pourtant, cela continue à exister !
Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de le lire, n'hésitez pas.
Ma note : un énorme cinq étoiles.
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Avec ce roman, vous allez voir ce qui se passe à l'intérieur d'un foyer musulman où prévaut la polygamie. Dans la vraie vie, c'est presqu'impossible. Un étranger ne franchira jamais l'enceinte de la « concession » où l'homme a rassemblé ses coépouses pour mieux les surveiller. Tradition et patriarcat font loi. Une jeune fille n'a d'autre espoir que de faire un mariage décent. Elle doit renoncer à l'instruction et à l'amour (quel amour ? « Une femme heureuse se reconnaît à ses voyages à la Mecque et à Dubaï »), car se marier avec l'homme qu'on aime, « c'est une idée de blanc ». Sitôt sa jeunesse évanouie, après de multiples grossesses, la première épouse doit accepter la venue d'une jolie vierge qui lui ravira les faveurs de son mari. S'engage alors une lutte sans pitié entre les rivales. Ce livre en raconte cette affreuse réalité au quotidien. Tous les moyens sont bons pour se nuire, du maraboutage jusqu'à l'invocation d'Allah, dans les cas de force majeur. Comment ces femmes supportent-elles ces tensions ? En usant de patience (« munyal »), le seul remède possible, d'après leur famille.
« Les impatientes » (il y en a…) permet de se familiariser avec cette culture. A défaut de la comprendre, on a de l'empathie pour ces femmes asservies et combatives. On s'interroge, aussi. J'en veux pour preuve la discussion que j'avais eue avec une vieille Émiratie qui avait épousé son mari très jeune, qui avait appris à l'aimer et dont la coépouse était devenue son amie. Elle m'avait fait cette réflexion pleine de malice : « est-ce que c'est pire qu'un mari qui te trompe après quelques années de mariage ? » Notre débat passionné reste un de mes meilleurs souvenirs d'échange « interculturel ».
Un livre fort intéressant donc, qui fait réfléchir et voyager. Un seul regret : l'usage incessant du mot patience (ou munyal), concept central de cette histoire mais, il en faut… de la patience… pour le lire autant de fois en si peu de pages.
Entre nous, je ne suis pas certaine que, du point de vue littéraire, ce livre ait sa place dans la short-liste du Goncourt. Mais c'est rafraîchissant. La question est plutôt de savoir pourquoi Laurent Mauvignier n'y est pas.
Bilan : 🌹🌹
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Une fois n'est pas coutume, je ne me suis pas arrêté sur ce dit « manque de style » de Djaïli Amadou Amal, que beaucoup trop de critiques montrent du doigt.
Parce que, pour moi, le vrai message de cette auteure c'est de dénoncer la violence inouïe dont sont victimes les femmes, quelque part dans une région du Cameroun.

Le livre est aussi un grand cri dénonciateur sur les droits des femmes qui sont bafoués partout ailleurs, dans toutes les sociétés où la féroce mixture du patriarcat et du religieux est malheureusement omniprésente.


Une fois n'est pas coutume, je me suis laissé envahir par mes émotions, aux premières lignes du roman-témoignage.
J'ignore où est la part de la réalité et celle de la fiction. Mais pour avoir lu d'autres livres sur ce même sujet, j'ai ressenti que l'auteure a mis beaucoup de son vécu.
Ses mots si puissants, si tranchants en témoignent. Ils m'ont bouleversé.

Des mots et des phrases qui claquent encore très violemment dans ma tête, comme le fouet de ce père irascible et sans compassion, ivre de sa puissance et brutal dans son rôle de chef de famille. Les coups de fouet de ce père qui châtie sa fille rebelle, celle qui sème la honte pour le clan. Ce père qui corrige aussi la mère de sa fille, de n'avoir pas réussi à l'élever dans le respect de la famille. Il pourrait même, d'un seul claquement de doigt, comme on envoie du bétail à l'abattoir, répudier sa femme.


Des phrases assassines qui résonnent en moi comme venues d'un autre monde, d'un autre temps, celles par la voix autoritaire d'un père qui répète inlassablement les litanies de ses aïeux :
-« A partir de maintenant, vous appartenez chacune à vos époux et lui devez une soumission totale, instaurée par Allah. »
Ou bien
-« le mariage n'est pas une question de sentiment. Au contraire, c'est d'abord, et avant tout, l'alliance de deux familles. C'est aussi une question d'honneur, de responsabilité, de religion – et j'en passe. »


Avec ces deux seules terribles phrases, nous pourrions résumer le livre.


Quelque part dans ce monde, il y a toujours ces mêmes histoires glaçantes, ces mêmes tristes gémissements, ces mêmes déchirements comme une lente marche vers l'agonie, ces mêmes sanglots comme une fuite vers la folie, ces mêmes cris qu'on étouffe, ces mêmes femmes qu'on fait taire, ces mêmes insultes que l'on vomit, ces mêmes peurs et ces pleurs de jeunes filles qui se sentent prises au piège d'un mariage forcé, d'un mariage arrangé, celui qui volera et détruira leur jeunesse.

Quelque part dans ce monde, il y a des jeunes filles vierges et innocentes qui se retrouvent en une nuit, celle de leurs noces, dans le lit d'un quadragénaire parfois dégénéré.
Certaines saigneront par les coups mais aussi par des outrages sexuels immondes.
Quelque part dans ce monde, il y a des jeunes filles meurtries de s'être faites déchirer leur hymen en toute sauvagerie et toute brutalité.


Et toutes les religions se sont mises d'accord, le viol d'une épouse n'existe pas. C'est à la femme d'être une « bonne épouse » en se soumettant à tous les désirs de son mari.


Quelque part dans ce monde, il y a aussi et encore beaucoup trop de femmes qui ne semblent pas tirer des leçons de leur vie, souvent misérable, de leur souffrance.
Et qui continuent de transmettre cet énorme héritage des traditions. Qui continuent immuablement d'enseigner à leurs filles, mot pour mot, phrase pour phrase, ce que leur a enseigné leur propre mère.
Sans émettre parfois une question, comme si tout n'était qu'une fatalité, qu'il fallait accepter les us et coutumes de son pays, qu'il ne fallait surtout pas s'attirer les foudres du Dieu si cruel et si colérique.
Ne rien dire, ne rien remettre en question.
Et pire sera leur enfer, pire sera leurs sanglots si ces femmes veulent garder leurs maigres privilèges ou conserver leur place de première épouse.

Et puis comment se rebeller ?
Alors que beaucoup d'entre elles sont illettrées et sont mises volontairement dans l'ignorance, et que d'autres femmes sont avilies et sont interdites de penser.


« Tout esclave a en ses mains le pouvoir de briser ses chaînes. », écrivait William Shakespeare.
Alors gardons espoir pour qu'un jour toutes ces femmes puissent briser leurs entraves.
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Le livre vient d'obtenir le prix Goncourt des lycéens après avoir obtenu le Prix Orange du livre en Afrique l'année dernière.
Largement inspiré par la vie de l'auteure, il nous donne un témoignage de poids sur la vie des femmes au Cameroun, mais qui pourrait se retrouver dans d'autres pays d'Afrique.

Roman choral à trois voix, il s'agit donc de trois femmes d'âge différent mais qui subissent toutes les trois le joug d'une société patriarcale et autoritaire.

Ramla, d'abord, qui doit renoncer à son amour pour un jeune de son âge afin de se conformer au choix de son père qui veut lui faire épouser un riche quinquagénaire déjà marié. Hindou, la jeune soeur de Ramla, va devoir quant à elle épouser son cousin Moubarak, qui va s'avérer être un tyran brutal alcoolique et drogué. Et enfin, Safira, la première épouse, qui va devenir la co-épouse de Ramla.
Safira va devenir ainsi la daada-saaré, la première épouse, qui a régné sur la maison sans partage pendant plus de vingt ans et qui doit masquer sa colère de voir arriver une jeune rivale, afin de "faire honneur à son mari".

Trois femmes qui doivent se conformer au précepte "munyal" c'est-à-dire la patience.. Patience il en faut en effet, pour renoncer à ses rêves, subir un mari non choisi et être cantonnée toute sa vie à des tâches domestiques.
Et que de violence subie! La violence exercée par le mari apparaît aux yeux de l'entourage comme "normale" et parfois la violence du père continue à s'exercer même après le mariage!

Djaïli Amadou Amal montre aussi très bien dans ce livre l'enfer de la polygamie et toutes les mesquineries que cela entraîne.
C'est un livre puissant qui évoque de façon dramatique la violence faite aux femmes et en cela il est universel malheureusement et c'est un tableau bouleversant de la société africaine de nos jours avec des femmes qui accèdent petit à petit à la culture, ainsi Safira va apprendre à lire et écrire et se "débrouiller" avec les dernières données technologiques dont elle peut disposer... mais il y a encore beaucoup à faire pour que les femmes africaines puissent trouver leur place dans la société.

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Djaïli Amadou Amal possède une écriture très émouvante et l'on ressent assez rapidement que chaque mot provient du plus profond de ses tripes; et pourtant l'éducation qu'elle a reçue prône la retenue des sentiments et certaines barrières entre les membres d'une famille sont infranchissables.

C'est l'oeuvre d'une femme qui est sortie plus forte des drames vécus en s'arrimant au port de l'écriture.
C'est donc le cri du coeur d'une femme de lettres et militante féministe qui utilise sa plume comme une arme et dénonce avec une sincère brutalité la violence faite aux femmes africaines.

Elle est « la voix des sans voix »

Elle raconte le destin - malheureusement trop banal dans le Sahel camerounais - de trois femmes, trois êtres, trois destins brisés, trois vies dérobées, des rêves envolés, piétinés par la force d'une tradition ancestrale qui assujetti et maltraite les femmes en leur imposant les mariages forcés et la polygamie.

L'écriture de l'auteure africaine est plutôt simple, sans fioritures et pourtant la trame narrative possède la force coup de poing d'un documentaire.
Dans une envolée assez large allant de coutumes tribales à la pratique de l'ésotérisme, la romancière cherche à démontrer l'importance de l'éducation des filles, qui leur donne les ailes dont elles auront besoin pour s'affranchir.

Porté par une fulgurante lucidité et nourri par une remarquable capacité d'analyse, dans ce récit Djaïli Amadou Amal accorde une attention extrême aux miroitements de l'âme, aux émotions contradictoires qui s'emparent des êtres dans le théâtre social et familial, quel qu'il soit.

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Un roman lu d'une traite tellement il prend aux trippes.

On suit le parcours de trois jeunes filles ou femme qui ont pour point commun le mariage forcé.
L'histoire se déroule de nos jours en Afrique.
D'abord c'est l'histoire de Ramla une jeune fille de 17 ans qui est une brillante élève de terminale scientifique et qui rêve de poursuivre ses études et de devenir pharmacienne. Elle doit épouser le garçon qu'elle aime Aminou. le père donne son accord sur lequel il revient lorsqu'un riche homme d'affaires de la ville, déjà marié jette son dévolu sur Ramla. Tout s'effondre pour Ramla. Elle a beau supplier, dire qu'elle n'est pas d'accord, elle n'a pas son mot à dire (pourtant dans le Coran c'est bien marqué que la jeune fille doit donner son accord). Les pressions de la famille sont énormes. Les femmes ne s'opposent pas. Les hommes s'en mêlent (une famille ne s'arrête pas aux parents mais à l'ensemble de la famille oncles, frères ... et même la famille des co épousées !).
Le même jour sa soeur Hindou doit épouser son cousin Moubarak qui boit, se drogue et court les femmes. La jeune fille a beau supplier elle aussi rien à y faire. On menace même de répudier sa mère.
Dans son récit on suit sa vie avec Moubarak et c'est juste un enfer de violences conjugales.
Enfin le dernier récit est consacré à Safira, la première épouse d'Alhadji Issa qui ne voit pas d'un bon oeil arriver Ramla qui a l'âge d'être sa fille. Jusqu'à présent elle était la seule femme d'Alhadji et elle l'aime. Elle va par tous les moyens tenter de se débarrasser de sa rivale sollicitant marabouts imams et soudoyant les employés de maison.

A ces trois femmes on conseille munyal : patience y compris quand Hindou se retrouve à l'hôpital après sa nuit de noce.
Les femmes ne s'entraident pas. La polygamie renforce la jalousie et les tensions. Les hommes ont tout pouvoir sur les filles y compris de les frapper violemment et qui sont une monnaie d'échange, un moyen de faire prévaloir ses intérêts.
Cela me fait beaucoup de peine de penser à toutes ces vies brisées.
J'ai été stupéfaite de découvrir les concessions, un grand domaine où vivent le mari et les co épousées.

Le récit sonne très juste car l'auteure Djaïli Amadou Amal a elle-même vécu ce drame. C'est un roman bouleversant.
Ce livre a obtenu différents prix : le Prix Goncourt des Lycéens 2020 ainsi que le Prix Orange du Livre en Afrique, en 2019 qui sont largement mérités.








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Être femme peule et musulmane aujourd'hui dans le nord du Cameroun :
Djaïli Amadou Amal est une conteuse envoutante. Elle nous raconte les destins croisés de trois femmes Ramla, Hindou et Safira qui subissent en serrant les dents la loi des hommes.
Ramla doit renoncer à son amoureux et à ses études de pharmacie car elle sera bientôt mariée contre son gré à l'époux de Safira, un vieil homme riche et très influent.
Sa demi-soeur Hindou doit épouser son propre cousin psychotique, violent, instable, drogué et alcoolique. Sombre promesse d'amour…
Safira aime sa position de première épouse et n'accepte pas de devoir partager son temps avec la jeune femme que son mari s'est choisie…
Les hommes de leur entourage, pères, oncles, maris ou frères exigent d'elles, au nom d'un prophète et d'une religion, l'acceptation de leurs lois et de leurs volontés ainsi qu'une soumission complète.
Les femmes de leur entourage, mères, grand-mères, tantes, soeurs ou amies, feignent de ne rien voir ou savoir et tentent chacune à leur façon de surnager dans ce panier de crabes. Ainsi, elles doivent renoncer à leurs libertés, leurs études, leurs fiertés et subir sans sourciller - pour la plupart dès la fin de l'adolescence - des mariages forcés et arrangés avec des membres de leur famille ou des personnages locaux influents, le plus souvent avec des hommes beaucoup plus âgés. Elles subissent pour certaines le viol conjugal et des coups et blessures. Elles doivent accepter la polygamie, ne pas montrer leur mécontentement ou leur colère, surjouer au quotidien et, de façon perverse, tisser à leur tour une toile qui leur permettra de s'adapter aux contraintes quitte à faire tomber une soeur ou une amie… Enfin, éviter la disgrâce qui les entraineront, elles et leurs familles, dans un abîme d'où elles risquent de ne plus remonter.
Tout ceci fait froid dans le dos et incite à la rébellion. La colère et le dégout sourdent dès les premières lignes du roman puis affluent rageusement par vagues régulières. Ces émotions m'ont gagné complètement et ne m'ont plus quitté jusqu'à la fin de ce (beau et triste) roman.
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